The Infinity Game ∞ | Larry Stylinson

Chapitre 30

A écouter avec Time de Steve Grand

Harlow, 21h35 - dimanche 23 octobre

J'y crois pas ! Pourquoi est-ce que je suis tant obsédé par cette foutue porte blanche et sans intérêt ? C'est sûrement parce que les mots "n'essaie pas d'ouvrir cette porte" sortaient de la bouche d'Harry, et que malgré ma bonne conscience, il faut croire que j'ai une curiosité un peu sur-développée.

Que peut-il bien y cacher ? C'est peut-être une salle à la "cinquante nuances de Grey", il a peut-être une face de lui que je ne connais pas. Au fond je ne le connais que depuis un mois. Et rien qu'en y pensant, je refais les calculs dans ma tête juste pour être sûr. J'ai l'impression de le connaître depuis une éternité et non depuis seulement une quarantaine de jours. J'ai l'impression que le temps est passé au ralentit, et que j'ai passé chaque secondes de ce temps à ses côtés. C'est étrange, ce sentiment d'avoir constamment sa présence auprès de la mienne, même lorsqu'il est loin de moi, et je me rend compte qu'en fait, je ne connais presque rien de lui. Il est attirant, très attachant et protecteur. Ses parents ont plutôt l'air charmant. Je sais où il habite pour m'y trouver en ce moment même. Je sais aussi qu'il déteste Zayn pour une raison qui m'est encore inconnue, mais personnellement je le déteste aussi, alors je ne pense pas devoir m'inquiéter pour ça.

Je me sens soudainement blessé, et malgré l'immensité de sa chambre, je me sens oppressé et je manque d'air, je suffoque. Ma petite conscience ne cesse de me répéter qu'en réalité je ne connais pas Harry, je ne connais rien de lui, et pour tenter de me rassurer, je me pose silencieusement des questions. Comme par exemple, quelle est sa couleur préférée ? Je ne sais pas. Qu'est-ce qu'il fait dans la vie ? Je ne sais pas non plus. Quelle est sa date d'anniversaire ? Aucune idée. Je sais juste qu'il a vingt et un an. Est-ce qu'il aime les animaux ? C'est possible. C'est peut-être même probable qu'il ai quelqu'un dans sa vie. Et cette pensée me brise le cœur entièrement, alors je me laisse le droit de m'écrouler au sol. Je crois que mon petit esprit fragile s'était attaché à Harry, qu'il avait commencé à succomber à son charme, à ses beaux yeux verts et à sa façon de sourire. Mais il n'y a pas que mon esprit ; tout en moi est irrémédiablement attiré par lui.

Il m'a embrassé. Nous nous sommes embrassés trois fois exactement. Et j'ai aimé ce sentiment de désirer et d'être désirer trois fois dans ma vie. C'est une chance que ce sentiment m'est été donné de ressentir trois fois dans mon existence, et maintenant que je repense à tout ça, je me rend compte que je ne veux pas que ça s'arrête. Je ne veux pas renoncer à ce sentiment. Je ne veux pas renoncer à Harry. Est-ce que je l'aime alors ? Non. Le mot est bien trop faible. Il ne représente absolument rien de ce que je ressens. Est-ce que je paraît vraiment très niais ? Oui. Oh plus que niais oui. Mais qu'est-ce que je peux y faire ? C'est un peu comme ces tremblements qui m'envahissent depuis plus de vingt minutes : c'est incontrôlable. Et alors est-ce qu'aimer Harry fait de moi un homosexuel ? Non, je ne pense pas être gay, ni même hétéro. Au fond je ne suis rien, c'est juste lui que j'aime. Je ne vois pas pourquoi on s'acharne à qualifier les gens par des termes qui n'ont de sens que si on leur en accorde. Nous sommes classés, rangés et répertoriés par des adjectifs, entassés comme dans des boites en métal. Je ne suis rien de tout ça. Je ne suis pas un adjectif ou un objet classé dans une famille de noms. Personne n'est réellement hétéro ou homo, on rencontre juste cette personne, fille ou garçon, qui nous fait se sentir différent. Être hétéro n'est pas non plus une règle, c'est une idéologie. Pour moi, Harry n'est pas un choix, mais un besoin.

Sans le vouloir, une larme s'échappe et roule doucement sur ma joue. Alors, honteux de me voir pleurer alors que je ne suis même pas chez moi, je me recroqueville sur moi même et enfouie ma tête dans mes bras. Ressaisie-toi Louis, vite.