Chapitre 37

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A écouter avec Heal de Tom Odell

Londres, 10h05 - mardi 1er novembre

Harry's PDV

Je me sens encore dans les vapes, mais je suis conscient, et j'entends les sanglots et les paroles rassurantes de ma mère. J'ai l'impression d'avoir dormi une éternité, et en même temps je ne me suis jamais senti aussi fatigué que maintenant. Je suis gelé malgré la température ambiante de la pièce et les étreintes étouffantes de ma mère, mais avant  que je ne puisse lui dire quoi que ce soit pour la rassurer, une violente douleur me compresse le thorax et me broie l'abdomen. Je pousse un grognement de douleur qui fait sursauter ma mère, et dans la seconde qui suit, elle a déjà alerté tout l'hôpital de mon état. Ma respiration s'accélère et mes poumons demandent toujours plus d'oxygène, mais chaque inspiration ou expiration deviennent de plus en plus insoutenables. J'ai l'impression de lutter contre moi-même, je serre les poings, je serre les dents, et je prie en hurlant que les deux infirmiers qui s'occupent de moi mettent fin à ce calvaire. Ma mère attrape ma main et la serre contre sa poitrine en me souriant tristement d'un regard rempli de larmes, pendant que je sent une aiguille s'enfoncer lentement dans ma peau. Je ne la quitte pas des yeux, les secondes paraissent étrangement longues, et j'admire sa beauté. J'ai de la chance d'avoir une mère comme elle, qui fait passer les besoins des autres avant les siens, et qui souhaite toujours rassurer les gens qu'elle aime même si elle est complètement terrorisée. Une mèche brune s'échappe de son chignon mal fait et je souris en laissant le soulagement envahir mon corps. Morphine. Je la tire vers moi et la serre une fois de plus dans mes bras pour lui faire comprendre que c'est fini. Que tout va bien se passer. Je l'aime, et je ne pourrais jamais lui prouver à quel point je l'aime tellement cela relève de l'impossible.

-Je t'aime maman...

Elle pousse un petit gémissement en se reculant de mon étreinte et me regarde en souriant légèrement, mais d'un regard qui annonce un "faut que je te parle". Et cette phrase là avec ma mère, ce n'est jamais bon signe. Alors je me pousse difficilement pour lui laisser une place auprès de moi, pour qu'elle puisse me parler, me dire ce qu'elle a à me dire.

-J'ai appelé Louis, dit-elle en baissant la tête.

-Maman, je t'avais dit de ne pas le faire.

Elle relève son regard vers moi et se pince les lèvres. Elle n'écoute jamais ce que je lui dis, mais quand c'est l'inverse, quand c'est moi qui ne l'écoute pas, alors là elle le fait bien savoir.

-Mais il a été si gentil, et il est le seul ami que nous voyons dans ta vie depuis que Zayn-

Je la coupe en secouant la tête. Pas cette histoire une fois de plus, s'il vous plaît. Je ferme les yeux un instant, essayant d'enfouir de nouveau ces souvenirs que j'ai eu tant de mal à faire disparaître. Enfin, c'est comme la douleur, elle ne disparaît jamais vraiment. Elle est là, dans votre vie, elle vous suit et vous finissez par faire semblant de ne plus la voir jusqu'au jour où elle vous devance et revient faire surface tel une grenade en explosant tout sur son passage. Une nouvelle fois. Et c'est ainsi que le cycle continu. Alors j'essaie de faire semblant de ne plus voir ce souvenir, j'essaie de le cacher à nouveau, jusqu'au jour où il reviendra pour me faire souffrir.

-Je suis tombé amoureux, je murmure en regardant ma mère.

-C'est merveilleux Harry.

Elle me sourit, les larmes aux yeux, et pendant un court moment je me demande si elle sait que je parle de Louis. Parce que oui je suis clairement tombé amoureux de lui. De ses yeux bleus, de son rire, de sa mèche qu'il replace toujours avec ses petites mains. Je suis tombé amoureux de lui sans même m'en rendre compte, comme si c'était une évidence.

The Infinity  Game ∞ | Larry StylinsonWhere stories live. Discover now