Chapitre 43

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A écouter avec Better than Yourself de Lukas Graham

Londres, 11h14 - lundi 12 décembre

Louis's PDV

Je me réveille douloureusement, tout mon être est courbaturé, je me sens oppressé continuellement. La vie n'a plus de sens, je suis redevenu celui que j'ai toujours été, si ce n'est pire. Je suis une putain d'épave, j'ai l'impression de ne plus exister. Je fais mon possible pour ne pas replonger plus bas que Terre, j'essaie de sortir de temps en temps, mais le monde me déprime. Le monde est gris. Le monde est sale. Les gens sont pathétique, je suis moi même pathétique. Et je me rend compte que je leur ressemble, je suis comme eux, je suis comme la Terre entière. J'ai longtemps cherché à faire partie de ce monde en ressemblant à tout ces gens, sans savoir que je leur ressemblait déjà. J'étais heureux physiquement, malheureux intérieurement. Exactement comme eux. Je n'étais qu'un visage dans la foule, un visage parmi tant d'autre défilant dans Londres sans volonté. J'avais atteins la parfaite standardisation, j'étais devenu un objet de consommation et je ne servais qu'à mieux faire tourner la machine.

Je ne prend même plus la peine de sourire faussement pour leur ressembler. Je ne veux plus être comme eux. J'ai goûté à la différence en aimant un homme, car Harry est la différence à lui tout seul. Il ne fait rien dans la normalité, absolument rien, ce qui m'avait troublé. Et ça me manque terriblement maintenant, de ne plus pouvoir observer à quel point il aime être différent. Je pensais aussi que sans nouvelle de lui, je l'aurai oublié plus facilement, mais c'est le contraire. Je me dis que s'il ne me porte pas d'attention, c'est qu'il est sûrement en train de m'oublier, si ce n'est pas déjà le cas. Et j'ai tellement envie qu'il me harcèle de message, juste pour me prouver qu'il est toujours là. Au fond, j'ai peur qu'il ne m'ait jamais aimé, et que son seul et unique amour fut pour Joyce. J'ai peur de réaliser que je n'ai vraiment été qu'un pion pour lui et rien d'autre. J'ai peur de voir la réalité en face, j'ai peur de chaque possibilités et à cause de ça je continue d'espérer. D'espérer que tout ça ne soit qu'une foutue blague, que je n'ai jamais été utilisé et que lorsque j'ouvrirais les yeux pour de bons, je serais blotti dans les bras d'Harry.

J'ouvre la porte de ma chambre en puisant dans mes dernières ressources d'énergie. Mais le silence auquel je m'attendais à faire face s'évapore en me laissant entendre quelques bruits étrangers provenant de la cuisine. Je m'y approche lentement, pas que je veuille surprendre qui vient foutre le nez dans ma vie merdique, mais parce que techniquement je ne peux pas aller plus vite. J'aperçois Lottie, les bras plongés dans l'eau fumante en train de laver ma putain de vaisselle sale. Et ça m'écœure de voir que ce qu'elle est en train de faire, c'est de remplacer ma mère, tel un gamin qui a voulu son indépendance trop tôt sans savoir se débrouiller. Je m'écœure moi-même de ne pas pouvoir être capable de me débrouiller seul. Je me déteste d'être tellement minable, j'ai l'impression d'être un poids pour tout ceux qui me côtoie et je suis certain que c'est pour cette raison qu'est partit Harry.

-Hey, je dis doucement en m'approchant d'elle pour l'embrasser sur la tempe.

Elle se tourne vers moi et me sourit d'un air plein de pitié. Et je me dégoute encore plus de lui faire éprouver ça.

-Ne me regarde pas comme ça s'il te plait, je bafoue en m'asseyant sur l'une des chaises de la cuisine.

-Comment ? Comment est-ce que je te regarde ? me demande t-elle comme si elle savait déjà la réponse.

-Comme si je n'étais qu'un raté.

Je pousse un soupire, parce qu'au fond je sais que c'est ce que je suis et qu'à la moindre frustration je m'affaiblis et je lâche prise un peu plus. Je suis lâche parce que je refuse d'affronter la difficulté et que je préfère me laisser mourir dans un coin. Je préfère fuir plutôt qu'aller de l'avant. Et je me dégoûte, je me dégoûte, je me dégoûte. Je n'ose même plus me regarder dans le miroir parce que j'ai peur de ce que je peux voir. Je me rend compte qu'Harry est différent parce que lui, contrairement à Eleanor, je n'ai même pas pu l'oublier. Lottie s'essuie les mains dans un torchon propre - certainement la seule chose de propre dans cette foutue maison- puis se tourne vers moi avec un regard que je connais bien. Trop pour être exact. C'est le même que ma mère lorsqu'elle avait quelque chose d'important à m'annoncer. Elle tire la chaise à côté de moi et s'y assoit.

The Infinity  Game ∞ | Larry StylinsonWhere stories live. Discover now