Chapitre 33

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À écouter avec Broken de Bobby Andonov

Londres, 12h57 -mardi 25 octobre

Harry's PDV

Le reste de mon repas trône sur le plateau en face de moi et je n'ose même plus le regarder par peur de vomir. Je n'ai pu avaler que quelques morceaux de pomme, un peu d'eau et une tonne de médocs. Je ne peux rien avaler de plus, mon ventre se tord à la vue de la nourriture et l'odeur des médicaments et des traitements a remplacé tout ce que mon nez pouvait sentir. Je n'ai pas vu Louis de la mâtiné et je pense que c'est mieux comme ça. Il me manque, je veux le voir, le serrer dans mes bras et l'embrasser mais s'il est loin de moi c'est mieux. Je suis en train de lui succomber, et je ne veux pas que lui me succombe. Je ne veux pas devenir un repère dans sa vie comme il est en train de le devenir pour moi. Je l'amène dans mes ténèbres sans le vouloir vraiment, je l'attire plus profondément dans le noir, et je ne peux même pas empêcher ça d'une autre façon. Ce qui était arrivé avec Zayn la dernière fois fut ma faute mais j'ai réussi à lui épargner d'autres coups.

Les questions ne se posent pas quand Louis est au près de moi. Je ne pense qu'à lui, qu'à ses lèvres sur les miennes et son corps sur le mien. Le monde autour n'existe plus vraiment. Et la seule chose qui compte c'est de me soumettre à mes sentiments. Mais lorsqu'il est loin de moi, comme maintenant, c'est comme si mon cerveau se remettait à fonctionner correctement et que mes angoisses refaisaient surface. Toute la peur que j'essaie de canaliser depuis trois ans revient d'un seul coup et mon seul moyen de l'oublier c'était ce jeu. Ce jeu et ces règles que j'ai littéralement foutu en l'air pour lui. Pour Louis. Pour ses deux prunelles bleues et son léger sourire. Il me fait perdre la tête. Putain. Qu'est-ce que je deviens ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Trois ans. Putain. Trois putains d'années et j'ai tout foutu en l'air. Juste pour lui.

La porte s'ouvre dans un bruit sourd, ne manquant pas de me faire sursauter et Zayn s'introduit dans ma chambre d'hôpital comme s'il arrivait dans sa propre chambre ou sa propre maison. Je ne suis pas surpris de le voir ici. Et je préfère le voir là plutôt qu'occupé de défigurer mon châtain. Il ne prend pas la peine de me saluer et s'assied sur le cuir rose affreux de la chaise d'hôpital qui était resté vide à côté de mon lit.

-Je te pensais en prison à cette heure-ci, je dis lassement en le regardant s'asseoir. Qu'est-ce que tu fais là ?

Il soupire et daigne enfin me regarder. Je le haïs. Et quand je le regarde j'ai du mal à me dire qu'un jour j'ai pu le serrer dans mes bras, que j'ai pu me confier à lui et avoir besoin de son soutien. Toute cette histoire nous a retourné le cerveau, à tous les deux. Il a changé. Et j'ai sûrement changé aussi. Nous sommes allés beaucoup trop loin mais je sais qu'il est trop tard pour nous en rendre compte.

-Tu t'es évanoui, il me dit d'un ton dépourvu de toute émotion.

Je lui demande de répéter, dans l'incompréhension de ce qu'il me raconte. Pourquoi est-ce qu'il me dis ça, d'un coup, sans même avoir lancé un sujet de conversation avant ?

-Je t'ai à peine frappé pendant notre engueulade. Tu n'as rien, je ne t'ai touché qu'au visage. Tu t'es évanoui.

Je ne vois pas où il veut en venir. Quel rapport cela a que je me sois évanoui ou non ? Il m'a tout de même frappé, et si ça n'aurait pas été moi, ça aurait été Louis. Je secoue la tête pour lui montrer que ce qu'il raconte n'a rien d'intéressant et que je ne comprends toujours pas pourquoi il me sort un truc pareil. Son regard balaye un instant la pièce étroite avant de venir se reposer sur moi.

-J'ai vu un médecin, il a cru que j'étais un proche à toi et il m'a dit que tu n'étais pas ici à cause de la bagarre. Tu as un souffle au cœur.

The Infinity  Game ∞ | Larry StylinsonWhere stories live. Discover now