Chapitre 47

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A écouter avec Golden de ZAYN

Londres, 10h16 - vendredi 23 décembre

Harry's PDV

Je ne veux pas sortir du lit. Je ne veux pas affronter cette journée. Je ne veux pas faire semblant. Mais je ne veux pas faire disparaître la bonne humeur de Louis. Je voudrais juste rester dans ce lit toute la journée. Ou je voudrais juste que cette journée n'ait jamais existé. Je voudrais juste prendre un joker, juste histoire de disparaître le temps d'une journée. Une seule journée. Celle-ci. Je ne veux pas sortir du lit. Je veux oublier que ça fait onze ans qu'il est partit. Je veux oublier qu'il nous a abandonné sans penser une seule seconde à l'enfer qu'on pourrait vivre, ma mère, ma sœur et moi. Je veux oublier cette journée. Juste celle-la.

Mais c'est comme si ce jour venait chaque année réveiller tout mes souvenirs ainsi que les démons qui sommeillent en moi. C'est comme si, aujourd'hui particulièrement, il fallait que je souffre plus que tout les autres jours de l'année.

-Bonjour Harry... me chuchote doucement Louis en venant poser par derrière sa tête contre mon épaule.

Il dépose un baiser contre celle-ci avant d'enrouler ses bras autour de ma taille. Je ferme les yeux plus fortement, pour empêcher quelques larmes de s'échapper ou juste peut-être pour m'échapper, moi, de cette journée entière. Je ne veux pas lui faire ça. Je ne veux pas gâcher sa journée, je ne veux pas gâcher sa joie. Son sourire illumine la Terre entière, je ne peux pas le faire disparaître. Je ne peux pas lui enlever la seule vraie trace de bonheur qui parcours si rarement son visage. Je ne peux pas lui faire ça.

Il faut que je me batte, que je me relève. Après onze ans, il faut que je tourne la page. Alors je me retourne vers Louis et son sourire parvient quelque peu à me sortir de mon gouffre.

-Ça va pas ? souffle t-il.

Il se redresse légèrement sur ses coudes. Je me suis trahi tout seul. J'aurai dû rester retourné, faire semblant de dormir. J'aurais fui cette journée parce que je n'ose pas affronter la douleur. Je suis un lâche, mais la souffrance me bouffe.

-Tu ne travaille pas aujourd'hui ? j'arrive finalement à demander d'une voix qui se trahie elle aussi par quelques tremblements.

-Je suis en congé, dit-il en secouant la tête. Pour les fêtes.

J'enfonce ma tête dans l'oreiller. Je ne veux pas affronter cette journée mais je ne veux pas l'affronter lui non plus. Je ne veux pas lever ma tête et lire la pitié dans son regard. Je ne veux pas qu'il soit triste pour moi. Mais sa main se pose sur ma nuque, et je sais qu'il a besoin que je lui parle. Que je lui explique ce qui ne va pas.

-Harry.

Je relève difficilement ma tête vers lui, mais je vois ses yeux s'embuer et je m'en veux aussitôt. Voilà. En quelques minutes à peine je viens d'effacer toute la joie qu'il contenait en lui. Je viens de tout foutre en l'air. Je viens de détruire le seul rayon de soleil qui illuminait cette maison.

-Harry regarde-moi.

Je ne peux pas. J'ai peur de voir mon reflet. J'ai peur de culpabiliser plus que maintenant. Je sais à quel point il aime l'hiver, la neige et noël, et je suis en train de tout gâcher. Parce que mon père m'a bousillé. Il a bousillé tout ce qui avait de la valeur à mes yeux. Il m'a tout prit en s'en allant. Parfois je me demande même s'il ne m'a pas prit moi. Je n'ai plus de reflet, je suis vide, et cela depuis onze années. Je vis avec cette scène qui me hante l'esprit. Je vis avec un regard voilé de tristesse. Et ce voile m'empêche d'y voir au-delà. Tout au fond, derrière la noirceur, j'ai l'impression de voir Louis. Il est là. Il m'attend. Mais il est inatteignable.

The Infinity  Game ∞ | Larry StylinsonWhere stories live. Discover now