« chapitre quarante et un »

1.6K 92 19
                                    

Le chasseur est dans une très mauvaise posture. Son dos lui fait un mal de chien, il pisse le sang à l'arrière du crâne et a l'intégralité de son corps tout engourdit. Expirant lourdement, il essaye de se mettre debout tout en s'aidant de cet arbre qui vient clairement de lui sauver la vie. Il relève le regard et voit la raideur de cette pente qui l'a fait chuter. Cherchant absolument un moyen de se sortir de ce pétrin, il place son arbalète en bandoulière pour qu'elle ne le gêne pas. S'agrippant aux racines qui sortent légèrement de la terre, il réussit à se hisser et à grimper quelques mètres. Mais, s'agrippant à une autre racine, celle-ci étant trop fine, elle s'arrache et le chasseur tombe.

/

Carol a fait ce qu'elle a pu. La plaie de Riley a cessé de saigner, Rick l'a emmené dans sa chambre où Beth veille sur elle, comme une mère veille sur son enfant. Vérifiant son pouls toutes les heures, elle remarque au bout de la troisième heure que son pouls est de plus en plus lent, quasiment imperceptible. C'est le moment d'appeler Carol et Maggie.

Les deux femmes entrent dans la chambre accompagnées de Beth qui vient d'aller les chercher. Maggie reprend le pouls de Riley qui est clairement faible, elle a du mal à le sentir. Elle tente de la réveiller, mais la brune ne réagit pas. Maggie relève le t-shirt de Riley jusqu'à son cou, posant directement son oreille contre sa poitrine. Elle entreprend aussitôt un message cardiaque.

«-Allez, Riley, nous lâche pas. »

Maggie enchaîne avec du bouche à bouche puis Riley se met à hurler. Agrippant Maggie, elle entraîne la femme dans sa chute alors qu'elle retombe sur le matelas. Carol aide Maggie à se relever. Beth fixe la poitrine de la femme qui se soulève à bon rythme.

« -Tu l'as sauvé Maggie, se réjouit Beth en sautant au cou de sa soeur, resserrant son étreinte.
-Elle va s'en sortir, t'en fais pas mon ange. »

Beth desserre son étreinte, et les deux soeurs s'installent sur le lit avant de s'allonger aux côtés de Riley alors que Carol quitte la chambre.

/

Plus tard, le soleil se couche peu à peu, les deux soeurs ont passé l'après-midi avec Riley qui s'est reposée tout du long. Elles redescendent alors qu'elles entendent des haussements de voix lointains, émanant du groupe qui est au rez-de-chaussée.

«-Mais qu'est-ce qui se passe ? Interroge Maggie dans un hurlement lorsqu'elle arrive en bas accompagnée de sa soeur.
-Daryl a disparu. On ne sait pas depuis combien de temps. Le dernier à l'avoir vu est Nicolas, les informe Tyreese.
-Arrêtez d'insinuer que c'est de ma faute. Certes, on s'est un peu pris le chou mais ce n'est en aucun cas de ma faute s'il a déguerpi ! Je lui ai juste dit la vérité !
-Bref on s'en fou de ça, on fait quoi ? Questionne Abraham.
-Il se fait tard, si il ne rentre pas dans la nuit, on ira le chercher demain à la première heure. Daryl est quelqu'un fort, s'il doit passer la nuit dehors, il sera comment si prendre.
-Il fait encore jour Rick, on pourrait aller....
-J'ai dit non, hausse-t-il le ton.  »

Dans un sursaut, Beth baisse la tête, intimidée. Elle tourne vivement les talons sous le regard reprobateur de Maggie envers le leader et remonte les escaliers pour rejoindre Riley, c'est bien plus calme là-bas.

« -Oh, Riley, s'étonne-t-elle, t'es déjà réveillée.
-Ouai, répond la brune la voix encore enrouée, mais j'ai pas pu me relever.
-C'est normal... Ça va ? Tu as faim ?
-J'ai un peu faim je l'avoue. Mais, qu'est ce qui s'est passée ?
-Oh... Emily t'a tiré dessus... Tu ne te souviens pas ?
-Si j'la choppe, s'emporte-t-elle aussitôt, j'la tue cette pu...
-C'est déjà fait.
-Comment ça ?
-Disons que, dans un excès de rage incontrôlée, le coup est partit tout seul, en pleine tête.
-De toi ?
-Oui, de moi.
-Bien jouée, poupée, rétorque la brune, touchée que son amie l'ait vengé.
-C'est exactement ce que tu m'as dis au moment où je l'ai fait, précise la blonde dans un petit sourire. »

Elle est bien-sûr peinée d'avoir tué un être humain, mais à son sens, cette dernière l'a amplement mérité. Depuis qu'elle a débarqué, elle n'a causé que des ennuis, principalement à Riley qui plus est. C'est comme s'attaquer à Maggie pour la blonde, on ne touche et ne blesse pas sa famille. Elle a perdu déjà beaucoup trop monde et ne veut plus ressentir cette douleur oppressante. Alors elle ne regrette en rien son geste.

«-Les autres ont rien dit ? Et Daryl ?
-Non, personne n'a rien dit. Elle l'avait amplement mérité. Ils ont pris son corps et l'ont emmené je n'sais où. Daryl, lui... Ajoute-t-elle bien plus gênée, en fait... On ne sait pas où il est... Il est partit et...
-Partit ?? Questionne Riley en se redressant, grimaçant de douleur.
-Oui, mais il va rentrer dans peu de temps. J'en suis persuadée. Tu le connais, il revient toujours, tente-t-elle de la rassurer.
-Mhmh... Répond t-elle loin d'être convaincue, tu m'aides s'il te plaît ? Demande Riley en tendant son bras droit à Beth.
-Tu devrais te reposer.
-Tu sais que je resterai pas là.
-Et j'ai pas envie d'user ma salive pour rien. J'aurai essayé. »

Les deux jeunes femmes rigolent et Beth aide Riley à se lever. Elle passe son bras au-dessus des épaules de son amie et elles rejoignent les autres qui se sont réunis autour de la grande table pour manger. À la vue de sa soeur, Rayan se lève pour la soulever et la prendre dans ses bras. Il l'installe à ses côtés ainsi que ceux de Beth, et reprend sa place près Noah.

«-Comment tu vas Riley ? Demande Rick.
-Ça va. Ça me lance quand j'bouge mais j'ai connu pire, répond-t-elle dans un long soupire, sinon, Daryl, il est où ?
-Disons que ton mec en carton est un lâche, ne peut s'empêcher d'intervenir Nicolas, relevant la tête vers Riley qui le toise froidement du regard, tu m'as très bien compris, pas la peine de faire cette tête là. Il a dit qu'il devait déjà se faire à ton absence, monsieur te voyait déjà morte, finit-il par cracher. »

Riley se crispe à sa réplique. C'est clairement une attaque personnelle. Ne pensant pas le moins du monde à son état, elle recule sa chaise, tentant vainement de se mettre debout. Elle fait un premier et unique pas avant de s'étaler de tout son long sur le sol. Elle jure dans sa moustache, pensant aux enfants autour d'elle et donne quelques coups contre le parquet. Nicolas s'est littéralement précipité jusqu'à elle, devançant Rayan au dernier moment pour s'abaisser près d'elle, lui tendant la main.

«-Si tu tiens à ta main, grogne-t-elle, n'ose même pas me la tendre. »

Nicolas se redresse instantanément, baissant honteusement la tête sur ses chaussures. Il ne s'attendait à une telle réaction. Rayan s'abaisse à son tour pour porter Riley qui lui murmure de la remonter dans sa chambre. Il remonte les escaliers en silence, laissant un silence de plomb surplomber le groupe.

« -Tu veux que je te monte une assiette ? Tu n'as quasiment rien mangé, lui propose-t-il après l'avoir allongé sur le lit.
-Non merci, refuse-t-elle, cette enflure m'a coupé l'peu d'appétit qu'j'avais.
-Demain matin promets moi de bien déjeuner alors ? Négocie-t-il alors qu'elle acquiesce, maintenant, repose toi. »

Riley reste un instant ainsi, recroquevillée sur elle-même, pensant à Daryl qui est seul face aux rôdeurs, voire pire, durant toute une nuit. Elle ne peut s'empêcher de penser au pire, si il était blessé, et si il était mort ? Rien qu'en pensant à cette horreur, elle frissonne. Elle se cale confortablement sous son épaisse couette, fermant les yeux, priant pour trouver rapidement le sommeil.

Il se passe environ trois bonne heures et Riley n'a fait que de se tourner et de se retourner dans son lit, sans jamais parvenir à fermer l'oeil. Elle se redresse lentement, Beth dort comme un ange à ses côtés. Elle se met difficilement debout, mais les antidouleurs que lui a amené Rayan avant d'aller se coucher font bien leur effet. Elle enfile un épais gilet qui traîne sur le bureau de la chambre avant de redescendre au rez-de-chaussée, frôlant les murs auxquels elle se retient par moment. Allumant sa lampe torche, elle descend, s'installant dans l'un des moelleux fauteuils, près d'un pot de fleur vide qui lui servirait de cendrier. Elle allume sa cigarette, fumant tout en pensant au chasseur disparu.

Et aussi stupéfiant que cela puisse paraître, elle est persuadée d'avoir entendu de faibles coups contre la porte d'entrée, la faisant sursauter et frissonner de terreur. Elle fixe lourdement la porte d'entrée, s'en approchant à pas feutrés.

Qui avait-il derrière cette porte ?

«Un nouveau monde»  Where stories live. Discover now