« chapitre quarante-six »

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Le groupe mange tranquillement autour de la table du salon. En plus des trouvailles de Riley, Daryl est revenu d'une chasse fructueuse et a ramené assez de viande pour l'intégralité du groupe. C'est un véritable festin ce soir.

«-Riley, viens avec nous, déclare Rayan en voyant sa soeur se battre contre sa conserve dans un coin.
-Mhmh, répond-t-elle en secouant la tête de gauche à droite.
-Viens manger un vrai repas ! Insiste-t-il en haussant le ton. »

Riley se contente de le regarder méchamment alors qu'il soupire, furieux de son comportement. Il s'est levé du mauvais pied celui-là, marmonne Riley en voyant son visage qui vire au rouge pivoine. Elle lève les yeux au ciel et pose brutalement sa converse à même le sol avant de se diriger à l'étage.

Elle prend son sac à dos qu'elle ne lâche plus. C'est un peu son sac de survie, celui qu'elle embarquerait en cas d'attaque ou, comme à ce moment précis, pour fuir ses camarades. Il est remplit de sa couverture chaude, de quelques vivres, d'une petite trousse de premiers secours et d'un petit révolver. Elle enfile son sac, passant devant le groupe qui mange toujours. Elle embarque néanmoins le talkie qui lui a été attribué et trace sa route dans la forêt bordant le village.

Elle commence à en avoir marre de l'attitude de son frère. Il semble rangé du côté de Dixon comme si c'était lui la chair de sa chair. Elle peut comprendre qu'il n'est, lui aussi, pas compris sa décision mais ce n'est pas une raison. Là, c'est comme si il l'avait renié à tout jamais. Elle n'a le droit qu'aux regards noirs, qu'aux pics bien placés.

Après un petit quart d'heure de marche, elle s'arrête de marcher pour donner plusieurs coups de pieds furieux dans un corps couché par terre. Elle jure sur son frère, sur le chasseur, sur l'intégralité du groupe alors que la grande majorité d'entre eux n'a pourtant rien fait à son encontre. Elle se laisse glisser contre un arbre pour s'allumer une cigarette, tentant de décompresser un peu. Elle fume tranquillement, dans un silence de plomb. Les oreilles à l'afflux, elle distingue un bruit au loin. Un cri ? Un appel à l'aide ? Riley ne bouge pas d'un poil alors que son talkie se met à grésiller, signe qu'on allait lui parler. Elle le prend en main alors qu'elle lève les yeux au ciel.

«-Ouais, quoi ? Demande-t-elle alors que personne ne s'est adressé à elle.
-Riley ! Aide-nous ! »

Puis le talkie n'émet plus rien, signe que l'autre est désormais éteint. Le sang de Riley ne fait qu'un tour, elle reste sans bouger un moment, puis, cachant un petit couteau dans l'une de ses bottes, elle part au pas de course jusqu'au village. Elle espère qu'il ne s'agisse que d'une simple blague de très mauvais goût.

Elle court à folle allure entre branches et rôdeurs. Rapidement, elle voit la maison. Elle accélère sa course, entrant en trompe dans la maison, son révolver braqué droit devant elle. Elle les appelle un par un, progressant rapidement mais avec précaution dans les pièces du rez-de-chaussée. Mais il n'y a personne. Alors qu'ils étaient tous réunis autour de la table à son départ précipité.

Un raclement de groge résonne derrière elle et au moment où elle se retourne, un poing vient éclater l'une de ses pommettes, la faisant tomber à la renverse. Ce coup lui fait l'effet d'un puissant électrochoc. Un mauvais sourire étire ses lèvres alors que l'homme l'attrape par le col pour la redresser, ce qu'il fait sans l'once d'une difficulté.

Et au moment où ils se retrouvent face à face, elle lui assène à son tour un violent coup de poing mais en plein dans sa pomme d'Adam bien dessiné. Il en fut réellement désorienté, suffoquant, reculant de plusieurs pas, cherchant ses appuis. Elle enchaîne avec un coup de pied en plein thorax et il s'écroule quelques mètres plus loin, heurtant un mur.

«-Alors c'est sur toi que compte les autres pour les sauver ? S'exclame un homme en haut des escaliers, est-ce qu'il t'ont déjà regardé ? Sérieusement ? T'es toute menue, tu pèses quoi, cinquante kilos toute mouillées, allez, cinquante-cinq, plaisante-t-il, moi j'en pèse quasiment plus du double et mon pote là, c'est pareil.
-Où sont mes amis ? Demande-t-elle entre ses dents, alors que l'homme qu'il a évoqué arrive de la cuisine.
-En sécurité.
-Je ne crois pas non.
-Mais si ma belle, viens avec nous et tu verras par toi-même.
-Mon groupe ne ferai jamais confiance à des personnes comme vous, crache-t-elle.
-L'habit ne fait pas l'moine, ma belle, s'offusque-t-il faussement alors que son camarade se précipite vers elle, lui laissant tout juste le temps de sortir son revolver et de lui mettre une balle en pleine tête.
-T'es une sans coeur, c'est pour ça qu'ils comptent à ce point sur toi, réplique celui à l'étage, toujours appuyé sur la rambarde. Tu veux faire celle qui n'a pas de coeur ? Tu veux la jouer comme ça ? On va la jouer comme ça. »

Il se met à siffler mélodiquement, Riley essaye de regarder partout autour d'elle pour anticiper une attaque, mais ne voit pas un troisième homme arriver, probablement celui qu'elle a frappé au niveau de sa pomme d'Adam, et l'assommer d'un coup de cross.

L'homme la soulève pour la jeter sur son épaule et suivit les deux autres jusqu'à leur camionnette, laissant le cadavre de leur ami gisant dans son propre sang. Il jette le corps inconscient de Riley dans le coffre et ils s'installent tous à l'avant pour démarrer rapidement. Ils roulent pendant une bonne partie de la nuit, Riley s'est réveillée quelques minutes avant leur arrivée. Et depuis, elle ne fait que d'hurler et de frapper les parois du véhicule.

«-J'vais vous défoncer ! Bande de petites putes ! »

Elle se laisse glisser le long de l'une des parois et cache un maximum ses armes qu'ils n'ont pas encore récupéré et il fallait dire qu'elle en avait quelques-unes. Le camion se stoppe net, les deux portes s'ouvrent et il fait aussi noir qu'à l'intérieur de ce petit camion.

«-Allez, bouge de là, tes amis t'attendent, lui ordonne un homme, bon, bouge, maintenant ! Répète-t-il en haussant le ton, mais Riley ne bouge pas pour autant. »

L'homme entre alors, saisissant Riley par les cheveux. Il l'extirpe de force du camion et la pousse violemment, la faisant rouler dans des petits gravillons. Riley serre sa mâchoire, mais ne se relève pas, l'homme ferme les portes du camion et deux autres prennent chacun un bras de la brune, qui ne fait même pas l'effort de marcher et se laisse traîner vers un immense entrepôt. Ce n'était pas le moment de tenter quoi que ce soit, il fallait qu'elle attende de savoir où sont les autres et si ils vont bien.

Ils rentrent dans une immense pièce, qui est éclairée d'un imposant lustre. Ils placent Riley sur une vieille chaise en bois, prenant soin d'attacher ses mains et ses chevilles. Elle garde volontairement la tête baissée, l'un des hommes lui ordonne de la relever mais elle refuse, ce qui lui vaut une énorme gifle en plein visage. Elle relève finalement la tête et le toise du regard.

Elle remarque néanmoins l'intégralité du groupe derrière lui. Les femmes d'un côté et les hommes de l'autre, ils semblent tous propres et sont tous habillés différemment. Riley frissonne de dégoût en imaginant ces enflures changer, voire laver, Mia ou Sophia. Elle fixe Daryl qui est dès plus beau, il est habillé d'un t-shirt blanc et gris légèrement transparent et d'un pantalon noir.

«-Vous êtes beaux les gars, ironise-t-elle.
-Ferme ta gueule ! Gueule l'homme qui lui envoi automatiquement sa main au visage. Riley rigole et crache un surplus de sang au sol.
-J'peux fumer une clope ? Demande-t-elle.
-Déjà, il faut que l'on s'occupe de toi, dit-il d'un regard salement vicieux.
-Pardon ?
-Allez, viens ma belle. »

L'homme détache Riley après confirmation de l'un de ses collègues et empoigne fermement sa chevelure, la traînant vers les hommes du groupe.

«-Alors, lequel est ton mec ma douce ?
-J'en ai pas.
-Oh, une beauté comme toi doit forcément en avoir un, mais si tu ne veux pas me le dire je trouverai un autre moyen ! Il y a forcément une personne qui surpasse toutes les autres, un mec, un frère, une soeur, un parent, un enfant... Murmure-t-il à son oreille, Jay, viens là. »

Jay apparaît dans l'encadrement d'une doubles portes, un martinet dans la main droite, une serviette posée sur l'épaule gauche.

« -T'as rien à dire ? Demande le fameux Jay en s'approchant d'elle, j'te mettrai bien dans mon lit ma belle, chuchote-t-il.
-Mais fais toi plaisir, chuchote-t-elle également.
-Ça, reprend l'homme précédent, c'est pour avoir lâchement abbatu l'un des nôtres. »

Il lui assène deux coups secs de martinet en bas du dos et ricane en désignant les longues cicatrices qui parcourent son dos après lui avoir arraché son t-shirt. Il profite un instant de la terreur qu'il procure aux membres de ce groupe et emmène la brune dans une pièce adjacente.

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