« chapitre cinquante-cinq »

1.3K 90 11
                                    

«-J'suis désolée, désolée, tellement désolée, j'suis désolée, ne cesse-t-elle de répéter.»

Rosita entend que ça s'agite à l'étage et monte les marches deux par deux, se dirigeant vers la chambre dont la porte est ouverte. Lorsqu'elle voit Riley assise à même le sol, le dos contre le mur, ses genoux collés à sa poitrine et les larmes dévalant son visage, elle a un pincement au coeur. Elle n'a pas une grande complicité avec celle-ci mais elle l'aime tout de même beaucoup. Elle flanque un coup de pied dans la tête du petit rôdeur qui s'écroule sur le côté, enchainant avec un coup de poignard dans le crâne.

«-Riley? Riley, est-ce-que ça va? Tu t'es faites mordre? Griffer? Demande Rosita, paniquée, s'accroupissant à la hauteur de la brunette, qui lui répond par un signe de tête négatif.
-C'est juste que... On aurait tellement dit Sophia... Avoue-t-elle en relevant la tête vers Rosita qui replace certaines mèches de cheveux qui se sont collées contre son visage à cause des larmes ; puis elle la prend dans ses bras, essayant de la rassurer.
-Tu sais, je ne connaissais pas Sophia, mais elle avait l'air si innocente, si naïve Ce n'était sûrement pas un monde pour elle, dis toi qu'elle est forcément mieux là où elle est, elle te regarde, et je pense qu'elle voudrait que tu ne t'arrêtes surtout pas de te battre, rends lui hommage Riley, bats toi jusqu'à la mort, déclare Rosita alors que Riley se détache précipitamment d'elle pour la fixer d'un regard meurtrier. Son visage est passé de la tristesse à l'énervement en quelques paroles, pourquoi tu me regardes comme ça? Demande-t-elle.
-Tu t'prends pour qui? D'où est ce que tu oses parler en son nom? Non, t'l'as connaissais pas donc t'es en aucun cas amenée à parler en son nom ou même à le prononcer, c'est clair? Réplique Riley d'un ton aussi meurtrier que son regard, se relevant précipitamment.
-J'essaye juste de t'aider, tente Rosita en se redressant.
-Mais arrêtez de tous vouloir m'aider! J'ai pas b'soin d'vous putain! Hurle-t-elle, j'n'ai besoin de personne, personne, articule-t-elle, maintenant, foutez moi la paix, termine-t-elle en quittant la chambre pour redescendre, croisant Sacha et Abraham qui ont entendu la discussion entre les deux femmes.
-Riley... Prononce doucement Sacha en voulant lui attraper le bras, mais Riley l'esquive et leur envoie son majeur avant de sortir et de claquer la porte.»

Elle va à l'arrière de la maison, progressant dans les hautes herbes, remarquant le petit renfoncement dans un des murs piliers de la maison. Elle s'appui sur le muret en pierre lui arrivant à la poitrine et éclaire le petit espace. Rien, sauf quelques conserves vides, quelques mégots et une bouteille d'alcool. Riley se retourne, met sa petite lampe torche entre ses dents avant de sauter pour s'asseoir sur le petit mur de pierre. Elle s'adosse au mur avant de s'allumer une clope et reste un long moment comme ça, sans bouger, fixant ce ciel magnifique qui s'offre à elle.

«-Tu sais, tu me manques beaucoup, murmure-t-elle pour elle-même, tout le monde trouve ça bizarre, ma réaction par rapport à ta mort. Mais tu sais, ce jour où j't'ai sauvé d'ces deux pourritures qui étaient en train de te chasser, quand j't'ai fais plusieurs fois cette promesse, cette promesse de toujours te défendre, de toujours te sauver J'ai failli à ma promesse, souffle-t-elle dans un sanglot, j'suis tellement désolée trésor, j'aurai tellement voulu avoir la force de tuer cet enfoiré qui t'a enlevé la vie, avoir la force de me libérer de cette corde et pouvoir réussir à te sauver. J'compte pas baisser les bras, j'compte pas me jeter dans les bras d'un rôdeur histoire de trouver la mort. J'compte me battre, survire jusqu'au bout, pour toi. Jamais je ne t'oublierai mon ange, jamais. Et j'honorerai cette promesse. »

Elle jette son mégot, puis enfuit son visage humide dans ses mains. Relevant la tête après quelques minutes, essuyant en même temps ses larmes, elle expire un bon coup avant de descendre du petit muret et de partir en direction de l'entrée de la maison. Son dos la lance encore violemment mais grâce aux anti-douleurs, c'est plus que supportable. Et puis sa peine intérieure est telle qu'elle surpasse sa peine physique.

Elle rentre sans prononcer un mot dans la petite maison et se dirige directement vers l'étage. Elle va dans la dernière chambre, qui semble être celle d'une jeune femme, vu la tonne de cours qui se trouve sur le bureau, les photos entre amis collés au mur, les peluches. Elle pose ses armes et son sac sur le lit.

Elle se dirige ensuite vers l'armoire, bien décidée à changer de vêtements et avoir une tenue confortable pour la nuit. Elle fut surprise de voir son visage au travers du miroir de celle-ci, restant quelques secondes à se regarder. Elle parcourt les quelques cicatrices habillant son visage ainsi que le souvenir laissé par Jay sur sa pommette et sa lèvre inférieure. Elle remarque aussi ses cernes qui sont affreusement prononcées.

Sans réellement savoir pourquoi, elle envoie son poing au centre du miroir. Elle le regrette aussitôt, sa main est en sang, ses phalanges légèrement ouvertes. Elle lâche un léger cri de douleur, avant d'enfouir sa main entre ses cuisses. Elle se mordille les lèvres, essayant d'atténuer la douleur par une autre douleur.

La porte s'ouvre dans un lourd fracas, Rosita la fixe avant de se diriger vers elle et de l'obliger à la suivre. Riley ne résiste pas longtemps et suit Rosita jusqu'au rez-de-chaussée, le tout sans prononcer un seul mot. Rosita la fait s'asseoir sur une chaise et entreprend de soigner la main de Riley, qui au bout de quelques minutes, se retrouve avec la main entièrement bandée.

«-Abraham monte la garde cette nuit, ça te permettra de dormir tranquillement, prononce doucement Rosita en finissant le bandage de la femme, cette dernière lui jetant un bref coup d'oeil avant de répondre.
-De toute façon, j'mettrai le lit devant la porte, répond Riley en commençant à remonter les marches.
-Pourquoi? Demande Abraham.
-J'te fais pas confiance, c'est tout, prononce-t-elle froidement.»

Elle monte rapidement les marches, avant de s'enfermer dans sa chambre pour la nuit. Elle claque bien évidemment la porte, à l'image d'une gamine contrariée, puis, comme elle l'a dit, colle le lit contre celle-ci. Elle retourne à l'armoire, marchant comme si rien ne s'était passé sur les bouts de verres. Elle ouvre la porte, quelques bouts de verres tombant par terre, balayant du regard les vêtements se trouvant devant elle.

Pour la nuit, elle opte pour un jogging gris plutôt moulant ainsi d'un sweat-shirt noir, et pour le lendemain, un jean noir qui, pour elle, a l'air dès plus confortable, ainsi qu'un pull. Un pull qui ne fut pas choisis au hasard, un pull gris, moyennement épais où en plein milieu de celui-ci, était cousu en noir,

«HOPE»

«Un nouveau monde»  Where stories live. Discover now