5. Vers le pic des étoiles 4/4 (réécrit)

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Luiset sortit de la diligence, rabattit sa capuche mais ne put contrer le baiser du vent glacé sur ses joues. Ils entrèrent tous dans un refuge qu'ils n'avaient pas eu le temps d'observer. La chaleur du feu de cheminée les enveloppa comme un cocon dès que la grande porte en bois fut refermée. Un escalier se trouvait sur leur gauche, mais Garrett les emmena plus près de l'âtre au rez-de-chaussée. Quatre grandes tables étaient dressées pour les voyageurs, un homme se tenait au bar en bois d'acajou, dos à un mur de bouteilles d'alcool. Un autre homme, venant des cuisines se présenta :

– Bonsoir et bienvenue chez nous ! Je suis le gérant, Jacques Thélon.

– Bonsoir monsieur Thélon, nous sommes les voyageurs de la Forge.

Tiam, Garrett, Anna et Luiset furent menés à leur chambre. Elles se trouvaient au même étage et obéissaient au même modèle, bien que celle de Garrett fût plus petite que les autres. Jacques Thélon leur avait dit que le dîner serait vite servi, habitué aux estomacs vadrouilleurs qui criaient famine. Ils ne traînèrent donc pas longtemps dans les chambres, une fois débarrassés de leurs capes et manteaux.

– Combien de tables voulez-vous ? demanda le gérant.

– Deux, dit Tiam.

– Une, coupa Anna, vous n'allez pas manger tout seul !

Le médecin accepta en saluant mademoiselle Grimsey.

– Et monsieur Jame aussi ! proposa Luiset, bien certaine que sa tante n'envisageait pas de manger avec l'apprenti.

Pourtant, les conversations se turent très vite. Après avoir englouti le cerf au vin, une grande fatigue s'empara de la tablée. Luiset et Anna s'excusèrent et regagnèrent leur chambre mais Tiam et Garrett s'autorisèrent un dernier verre et une cigarette au bar.

À l'étage, Luiset avait tout de suite remarqué la baignoire en porcelaine qui trônait dans la chambre.

– Na, peux-tu demander à ce que l'on remonte de l'eau bien chaude pour mon bain !

– D'accord, mais ne traînez pas trop. Nous nous levons tôt demain.

Malgré la fatigue et la chaleur agréable de l'eau qui l'enveloppait, Luiset résistait. Elle observait la pièce à travers les vapeurs parfumées. Le grand lit à baldaquin venait de recevoir sa tante, assoupie sur son livre ouvert. Les dernières braises dans la cheminée commençaient à s'éteindre. Elle regardait ses doigts de pied qui dépassaient de la surface ondoyante. Devant le reflet de ses orteils en symétrie, elle trouva qu'elle ressemblait à une créature fantastique échappée des eaux.

Anna Grimsey toussa, se réveillant :

– Mademoiselle Luiset, allez au lit !

Les cheveux encore humides, la jeune femme plongea dans les draps blancs que la bouillotte avait réchauffés. Elle s'endormit immédiatement malgré les ronflements de sa tante qui résonnèrent dans la pièce jusque tard dans la nuit.

Luiset Madison (Trilogie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant