29. Les loups-mât 1/3 (réécrit)

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– Vous pouvez nous rejoindre, monsieur Jame ! N'allez pas vous briser les os sur la porte !

Ses lèvres rouges s'étiraient jusqu'aux oreilles. Sous le maquillage, son parfum et le tressage de sa chevelure rousse, Viola n'était plus du tout la même personne. Elle les tenait en joue.

Elle laissa entrer Garrett et le somma de se rendre aux côtés de ses amis.

– Il me semblait bien que vous étiez parti un peu trop précipitamment de ma chambre, hier soir, dit-elle à l'apprenti, guettant la réaction de Luiset.

– Garrett ?

– J'ai vu votre sac de bulbes. J'ai compris que quelque chose n'allait pas.

– Viola... répéta Luiset, complètement désarçonnée.

Mais elle ne répondit pas. Seul son rictus déforma ses traits.

– Viola...

Luiset s'approcha doucement.

– Restez à votre place !

Elle pointa fermement son pistolet sur la jeune femme qui se figea comme une statue de sel.

– Où sommes-nous ? Où mènent ces escaliers ? demanda-t-elle à frère Maynard.

– On peut rejoindre l'abbaye, mais aussi un passage qui donne sur la baie. Plus loin, ce sont les souterrains.

– C'est bien ce qui me semblait.

Viola était absolument calme. Plus aucune intonation chantante, ni nasillarde ne s'échappait de sa gorge.

– Que faites-vous ici, mademoiselle Madison ?

– Je...

Mais elle ne comprenait pas la question et se contenta de la regarder.

– Que faites-vous au Mont ? Que vous veut votre père ?

– Il... c'est pour mon anniversaire, un cadeau, comme je vous ai dit...

– Où est l'objet ?

– Quel objet ?

– Où est l'objet ?

Viola Spralt tira dans le bras de Garrett qui gémit de douleur. Luiset et frère Maynard crièrent.

– Mais, vous...

– Je sais, ces pistolets n'ont aucune élégance. Regardez-moi l'état de ce bras ! dit Viola comme si elle constatait un travail d'aiguilles inabouti.

– Ordure... gémit l'apprenti.

La balle avait traversé la chair sans toucher l'os. Il arracha sa manche avec ses dents pour panser sa plaie et faire un garrot.

– Bon, des réponses...

– Mais je ne comprends rien ! piailla Luiset en larmes.

Elle regardait Garrett qui souffrait. Insensible, Viola prit un autre pistolet à sa ceinture. Frère Maynard hurla :

– Je devais juste vous convaincre que tout ceci n'était que foutaises. Je sais que j'aurais convaincu votre père, dit-il en regardant Luiset qui restait circonspecte. Je vous aurais fait croire que vous aviez essayé. Vous seriez repartis et tout se serait bien terminé !

– Expliquez-moi ! implora Luiset.

– Immédiatement, mon frère ! coupa Viola, qui manifesta de la colère pour la première fois.

Elle n'avait pas remarqué que Luiset avait un mousquet dissimulé sous sa cape. La jeune fille le braqua sur elle :

– L'objet... le mot ce matin ? demanda Luiset qui, malgré les larmes, lui jeta un regard plein de rage.

– C'est moi, dit-elle sans ciller.

– Mon père n'est donc pas ici...

– Non. J'espérais que vous trahiriez son secret. Mais vous ne jouez pas la comédie, vous ne savez rien ! Il a fait de vous une simple sotte !

Viola fut si rapide qu'elle n'eut pas le temps de réagir. Elle avait fait valser le pistolet que la jeune Madison tenait, reprenant l'avantage. Pourtant, Luiset ne se laissa pas faire :

– Vous parlez beaucoup pour quelqu'un qui ne sait rien.

– Doucement ma mignonne, ou j'écorche ton visage de prude insupportable ! menaça-t-elle d'une voix sèche. 

Luiset Madison (Trilogie)Where stories live. Discover now