29. Les loups-mât 2/3 (réécrit)

333 68 35
                                    




           

Elles se défièrent du regard mais Luiset baissa les yeux. La colère brûlait tellement ses joues que sa tête commençait à lui faire mal et ses yeux s'emplissaient d'eau.

– Mon frère, vous êtes le seul à pouvoir sauver ces jeunes... Peut-être...

Impuissant, il regarda sa protégée et dit, vaincu :

– Allons dans la Chambre.

Luiset offrit son aide à l'apprenti.

– Vous allez nous ralentir !

Avec la crosse de son arme, Viola asséna un coup violent sur l'arrière de la tête de Garrett. Il s'écroula, inconscient.

– Non ! cria Luiset.

Elle s'abaissa pour vérifier s'il respirait encore. Un peu de sang coulait. Mais des bras de fer la relevèrent d'un coup.

– Avancez ! Sinon je le tue.

Ils abandonnèrent le blessé. Frère Maynard décrocha une torchère et les mena dans des couloirs obscurs qui descendaient dans les profondeurs. De l'humidité suintait des murs. 

– Nous sommes au niveau de la mer.

Il poussa une lourde porte de bois. Ils se retrouvèrent dans une sorte d'ancienne chapelle envahie d'objets et de meubles. Les murs dans la roche portaient des bas-reliefs anciens. Il accrocha la torchère.

– Mademoiselle Luiset, je suis tellement navré pour votre père.

– Expliquez-moi, je vous en prie.

– Toutes ses recherches depuis des décennies l'ont menées jusqu'au Mont. Il disait avoir percé le mystère de cette pièce.

– Dites-nous tout ce que vous savez, sinon j'achève la jeune Madison sous vos yeux, annonça Viola aussi froide que le marbre.

– Je ne sais pas tout. J'ai rencontré votre père il y a quatre ans. Il travaillait depuis des lustres sur des civilisations disparues. Lors de ses recherches, il a compris que quelque chose avait été enfoui, ou en tout cas qu'il existait un passage au Mont. Nous avons eu de longs entretiens où il essayait de faire la lumière sur toute cette affaire. Je suis la mémoire du Mont, mais seules quelques légendes venaient confirmer ses hypothèses.

– Il s'agit d'un trésor ! s'exclama-t-elle. Il promet richesse et immortalité !

– Nous n'en savons rien ! Aucun passage n'a été trouvé.

– Luiset, vous confirmez que chacune des découvertes extraordinaires de votre père se sont matérialisées par des trésors fabuleux ?

– Oui mais...

– Il disait avoir fait la plus grande découverte de tous les temps ! Que chacune des précédentes avaient menées à celle-ci !

– Vous avez travaillé avec lui ?

– Non. Mais je suis son parcours depuis longtemps et j'ai appris qu'il avait découvert un objet, dit-il en espérant qu'elle l'éclaire.

– L'objet... mais quel est cet objet ? Mon père n'en a jamais parlé... Mais attendez, le mot ce matin...

– Oui, bon sang ! Vous n'avez pas idée de ce que c'est ?

Viola secoua la jeune femme.

– Arrêtez ! Laissez-la !

Luiset la repoussa mais à nouveau, Viola les menaça de son arme à feu.

– Trêve de plaisanterie ! Des réponses !  

– C'est normal. Votre ignorance, c'est pour votre protection, mademoiselle. Arsène Madison a dissimulé l'objet. Puis il s'est arrangé pour que vous l'apportiez au Mont, à votre insu.

– Comment ça ?

– Vous avez apporté avec vous la clé, mademoiselle Madison !

– Mais, je n'ai rien...

Luiset Madison réfléchit à toute vitesse. Rien de ses livres, de ses jeux, des paniers, ni même ses articles de maquillage ne ressemblait à une quelconque clé. Viola et Luiset étaient toutes deux surprises par cette révélation. La prétendue vendeuse de fleurs sourit.

– Quelle est cette clé ?

– Je ne sais pas...

– Réfléchissez plus vite, mademoiselle !

Elle menaçait de frapper à nouveau frère Maynard.

– Attendez, je n'ai pas vu mon père depuis des mois, je ne vois pas... ah moins que... la seule chose qui... oh...

Un déclic.

– Oui ?

– Ma cape.

– Qu'est-ce que ... ?

Luiset caressa sa cape. Elle remonta sa main sur le tissu pour atteindre le bijou mais d'un geste vif, Viola arracha le fermoir.

– Mais oui ! Cette feuille de hêtre est la clé !

Luiset Madison (Trilogie)Where stories live. Discover now