32. Solutions 3/3 (réécrit)

448 70 151
                                    




Ses jambes cédèrent sous son poids. Viola resta la bouche ouverte. Elle cligna des paupières comme pour se réveiller d'un songe.

– N'importe quoi ! Et les fées existent, railla-t-elle.

Frère Maynard la regarda intensément et l'aida à se relever, indifférent à la moquerie de Viola qui ne voulait pas admettre l'inexistence du trésor qu'elle cherchait depuis des mois.

– Je...

Luiset avait perdu les mots. Était-ce une réponse à cette sensation qu'elle ressentait depuis toute petite ? Cette difficulté à trouver vraiment sa place dans le monde ?

N'était-ce pas une invention de son père, de frère Maynard ? Faisaient-ils partie d'une secte ? D'une bande d'illuminés ?

Soudain, le bruit d'une arme à feu déchira le silence. Viola s'écroula dans un râle, se tenant les côtes. Elle se retourna pour faire face au tireur.

– Garrett ! cria Luiset.

Ils n'avaient pas entendu le jeune homme approcher, malgré son pas lourd, à cause des bruits aquatiques.

– Vas-y, Luiset, si c'est vrai, nous le saurons vite. Imagine, si vraiment tu rends le monde meilleur.

– Mais, Garrett, moi, une sirène ?

– Tu n'as plus rien à craindre, je suis là, dit-il en gardant son arme pointée vers Viola.

Elle le trouva plus vieux. Plus beau aussi.

– Si rien ne se passe, je t'enlève et te ramène à Bulberry, promis.

Alors elle s'approcha de l'eau, décidée. La douleur de la perte de ses proches était trop dure, la fatigue générée par les émotions vécues lui fit admettre qu'elle n'avait rien à perdre.

– Vite. Il est bientôt minuit.

Le visage baigné de larmes, mais résolue, Luiset s'approcha du bassin, s'arrêta et revint vers Garrett.

– Mademoiselle Madison ?

– Luiset, s'il vous plaît, appelez-moi Luiset.

– Luiset.

Elle le regardait dans les yeux, intimidée.

– Embrassez-moi, Garrett.

Luiset ne voulait pas quitter le monde des hommes sans connaître le goût du baiser. Alors il vint à elle. Il posa ses lèvres chaudes sur les siennes. Elle osa passer sa main sur sa nuque.

Ils s'écartèrent à contrecœur, emplis de désir. Luiset, les larmes aux yeux, parvint à lui dire en souriant :

– Oh, si les Grimsey nous voyaient...

Il essuya tendrement ses joues. Elle se dirigea sans un mot vers la mer.

Mais un autre bruit se fit entendre. Comme un essaim d'abeilles. Plusieurs personnes parlaient en dévalant le grand escalier.

– Vite, mademoiselle ! dit le religieux.

Les moines avaient dû découvrir les portes ouvertes. Il valait mieux qu'ils n'assistent à rien de tout ça.

Elle allait mettre son pied dans l'eau quand elle entendit crier :

– Luiset !

Ils se retournèrent tous les trois.

Viola profita de la confusion pour se diriger vers l'eau. Garrett leva son mousquet :

– Écartez-vous !

Il visait Viola mais Luiset était dans sa ligne de mire.

Luiset était incapable de regarder ailleurs que vers le groupe d'hommes qui les rejoignaient.

Tout se déroula en un éclair.

Viola lança son disque sur frère Maynard qui s'écroula. Garrett lâcha son arme pour rattraper son corps. Viola plongea dans les vagues. Alors, Garrett allongea le frère, sauta à son tour et partit à sa poursuite.

Luiset Madison était seule, face au groupe qui accourait vers elle. Les hommes étaient presque arrivés.

Pétrifiée, elle regardait le premier homme.

Elle ne put que laisser échapper :

– Papa ?!   



Fin du tome 1

Luiset Madison (Trilogie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant