2. Tombée du ciel 3/3

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Le comte, très satisfait par l'effet de cette annonce devant ce caractère des plus tempétueux, poursuivit : 

– Bien. Maintenant que les présentations sont faites, peut-être aurons-nous une meilleure conversation, dit-il en savourant la peur dans ses yeux, élément dont il se délectait à chaque fois que ses interlocuteurs apprenaient son identité.

Si Viola avait radicalement changé d'attitude, les deux hommes sentaient qu'elle réprimait sa colère. Le Comte de Louis se retourna pour faire signe au cocher d'approcher la diligence.

– Allons, expliquez-vous ! ordonna le Duc d'Agues qui, lui aussi, reprenait contenance.

Il ne se cachait plus derrière le dos du Comte de Louis et agissait comme s'il n'avait jamais eu la frousse.

– Les religieux ont travaillé sur cette invention. Je suis partie pendant la célébration, je testais ce ballon mais je me suis éloignée plus loin que je ne pensais. J'ai passé mon temps à comprendre comment je pouvais redescendre. Puis finalement, vous avez réussi la procédure d'atterrissage. J'ai fui...

– Tout doit être autorisé par le roi dès qu'il s'agit d'inventions, dit-il en l'interrompant sèchement. Nous n'avons jamais entendu parler de cela. Ni de la célébration.

– Un anniversaire et...

– L'anniversaire d'un religieux ?

– Non, d'une jeune femme.

– C'est elle qui a commandé cet engin ? demanda le Duc d'Agues.

– Non, il n'y a pas de lien entre le ballon et la fête, mais...

– Vous confirmez que les moines du Mont ont construit seuls le... « ballon », comme vous dites, et qu'ils s'en servent pour leurs intérêts ? surenchérit le Comte de Louis.

Viola observait les deux hommes, imaginant quelle réponse pourrait la sortir de ce regrettable contretemps.

– Oui, finit-elle par dire.

– Madame Jame, à partir de maintenant, vous allez nous suivre.

– Mais je n'ai...

Il pointa son mousquet sur elle.

– Montez à bord, s'il vous plaît.

Viola jugea bon de ne pas le contrarier. De toute façon, elle n'avait pas d'autre alternative. Elle inclina la tête et répondit d'une voix claire :

– Bien, monsieur le Comte de Louis.

Le cocher avait déjà retrouvé sa place. Elle se hissa sur le marchepied, et le comte en profita pour admirer ses courbes. Lui et le duc se posèrent en face d'elle et la diligence s'ébranla. Viola ne connaissait pas sa destination mais elle n'ignorait pas le pouvoir du comte. Elle était prisonnière. Seul un fou oserait tenter de lui échapper. Elle était tombée sur un adversaire bien plus redoutable qu'elle encore. Et c'était la première fois de sa vie.

Luiset Madison (Trilogie)Where stories live. Discover now