28. L'anniversaire 1/3 (réécrit)

325 71 37
                                    







« Joyeux anniversaire »

Avant que Luiset ne se réveille, quelqu'un avait glissé un feuillet sous la porte de sa chambre. La jeune femme souleva la partie pliée pour découvrir un message plus long :

« Luiset,

Je suis arrivé au Mont, mais il est plus prudent que je me fasse discret pour le moment. Nous nous retrouverons ce soir.

N'oublie pas l'objet.

A. »

Elle expira longuement, ses épaules se détendirent. Son père était là. Elle n'était plus seule et tout allait s'arranger. Elle relut plusieurs fois le mot, sans comprendre à quoi l'objet dont il parlait faisait référence. Mais son bonheur était tel que Luiset ne s'angoissa pas. Elle lui demanderait directement. Après une brève toilette à l'eau fraîche, elle enfila sa cape et sortit, sourire aux lèvres, pour rejoindre les moines au petit-déjeuner. Elle décida de garder le silence sur le mot. Garrett vint s'asseoir à côté d'elle :

– Bonjour, mademoiselle Madison.

– B'jour, Garrett, répondit-elle la bouche pleine.

Le jeune homme attendit que les derniers moines s'en aillent pour la prière du matin.

– Eh bien, quel appétit vous avez là !

Elle lui sourit. Il se rendit compte qu'elle ne jouait pas la comédie, que sa joie était sincère. Il devait avoir loupé quelque chose.

– Vous vous moquez, Luiset ?

– Hein... Non, non, pas du tout.

– Vous êtes différente aujourd'hui.

– Rien ne vous vient en tête ? demanda-t-elle d'un air malicieux. 

Ils se retrouvèrent seuls dans la salle du petit-déjeuner lorsque le dernier frère quitta la pièce après avoir débarrassé son écuelle.

– Mais, je suis bête, c'est votre anniversaire ! Mes meilleurs vœux !

– Je me demandais si vous n'alliez pas oublier. Pourtant, c'eut été difficile.

L'intrigue autour dudit anniversaire avait tout occulté, malgré les multiples décorations devant lesquelles il était passé en chemin. Il parla plus bas :

– Je n'ai rien pu découvrir, mademoiselle. Enfin...

– Ce n'est pas grave, Garrett. Surtout ne dites rien, mais j'ai reçu un message de mon père ce matin.

– Quoi ? Vraiment ?

– Oui...

– Bien... d'accord, par contre...

Il se tut car quelqu'un s'apprêtait à entrer dans la salle.

– ... Enfin, j'espère que votre soirée saura satisfaire vos désirs, reprit Garrett d'une voix forte.

– Mes seize ans sont loin, déclara frère Maynard derrière eux.

Il salua les deux jeunes gens, en précisant que la réception du soir allait être magnifique. Le tapis serait immaculé, bien sûr. Mais la vraie raison de sa venue était de délivrer une information à l'apprenti de la Forge :

– Monsieur Jame, on m'a dit que vous seriez ici. Nous avons une diligence qui s'arrête au Mont ce soir, si cela vous intéresse.

Garrett regarda Luiset. Il avait l'air déçu mais savait que monsieur Totter l'attendait de pied ferme.

– Ah... mais, à quelle heure ?

– Monsieur Jame doit être là ce soir ! Après notre voyage si intense ! dit Luiset.

– La diligence peut repartir demain matin, je crois. Vous seriez le seul voyageur. Il faut que je prévienne l'auberge cependant.

– Je suis preneur, alors.

– Bien, je m'en vais prévenir l'hôtesse et son fils, qu'ils réservent votre place au départ demain matin. Je m'en allais prendre le soleil, voulez-vous m'accompagner ?

– Vous ne priez pas avec les autres ? demanda Luiset.

– Non, nos prières ne sont pas toujours collectives, répondit-il.

– Je vous rejoindrai plus tard, dit Garrett. J'ai perdu toutes mes notes, je vais essayer de noter l'essentiel avant demain.

Luiset Madison (Trilogie)Where stories live. Discover now