32. Solutions 1/3 (réécrit)

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– Nous y sommes !

Le rire démoniaque de Viola se répercuta en écho.

Des volutes de poussière des temps anciens obligèrent Luiset à protéger ses yeux. Lorsque les tremblements cessèrent, elle ramassa la torche pour éclairer le passage. Il menait vers un escalier qui mourait dans les ténèbres profondes.

– Prenez une autre torche ! ordonna-t-elle à la jeune femme. Et vous, frère Maynard, ouvrez la marche !

Ils commencèrent alors une longue descente. Les dalles en pierre irrégulières rendaient difficile leur progression et l'absence de murs sur lesquels s'appuyer la rendait d'autant plus dangereuse. Ils passèrent sous une arche, puis l'escalier vira à droite.

Au bout d'un moment, une faible lueur émana plus bas et le bruit de l'eau se fit entendre. Il couvrit même le son de leurs pas.

– Nous sommes très bas, sous la mer, constata frère Maynard.

– D'où vient cette lumière ?

– Je ne sais pas... Laissez-moi remonter !

Le pauvre homme fut pris de panique. Il s'arrêta.

– Mon frère, si vous n'avancez pas, je vous pousse dans le vide.

Il n'eût d'autre choix que de poursuivre.

La température, qui avait baissé au début, était en train de remonter. Luiset n'aurait pas tremblé si elle n'était pas terrifiée. Après ce qui leur sembla une éternité, frère Maynard se retourna et déclara :

– C'était la dernière marche.

Sa phrase résonna dans la nuit.

Ils avancèrent leurs torches. Leur lumière ne diffusait pas assez loin, pas plus que la lueur bleutée qui émanait d'un bassin d'eau de mer naturel, seule source de lumière dans cette salle souterraine qui devait être immense.

– Trouvez un mur. Il doit y avoir d'autres torches, ordonna Viola. Ceux qui descendaient là devaient bien s'éclairer !

Ils se séparèrent pour gagner du temps. Luiset n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être. Mais c'était certain que la nuit était tombée depuis longtemps. Que devaient-ils tous penser là-haut ? De l'absence de celle pour qui le Mont s'était plié en quatre ? De la disparition du religieux supérieur ? La soirée avait dû être annulée. On les cherchait peut-être... Garrett s'était sûrement réveillé et pourrait venir à leur secours. Cette pensée lui redonna espoir.

– Et ne tentez rien de stupide, ajouta leur bourreau en faisant tourner un disque entre ses longs doigts.

Maintenant qu'elle la regardait, Luiset trouvait que Viola avait perdu toute sa beauté. Sa noirceur durcissait son visage. Ses traits androgynes expliquaient le succès de son travestissement. Ce n'était plus qu'une créature démoniaque, assoiffée de sang et de pouvoir.

L'inspection ne dura pas longtemps.

– Ici ! appela frère Maynard.

Son pied avait trouvé une longue rigole. En s'approchant, ils constatèrent qu'elle était remplie d'un liquide visqueux.

– De la graisse de baleine ! dit Viola.

Luiset Madison (Trilogie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant