Chapitre VII- Promesse

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Tout le monde criait, toutes les voix se mélangeaient, Helena ne savait plus où se trouvait son frère.

Elle continuait de courir sans savoir où elle allait. En cet instant, son monde se résumait à deux choses : fuir le garde et retrouver Jessy. Les conséquences ne s'imposèrent pas à son esprit, le cri de son petit frère résonnant encore et encore dans ses oreilles.

Les pas du gardien dans son dos se rapprochaient mais elle n'y faisait pas attention. Le sang battant à ses tempes l'empêchait d'entendre les ordres lancés à travers la grotte. La cave semblait s'étendre à l'infini. Partout où Helena regardait, elle ne voyait que le reflet des armes dans la clarté blafarde. Jessy n'était nulle part. Perdue au milieu des pointes de lances et ralentie par la lumière trop faible, quelques fractions de secondes furent suffisantes pour que son garde la rattrape.

Alors qu'elle croyait qu'il lui ferait du mal, il se contenta de serrer ses bras autour d'elle et de s'adresser à une silhouette qu'Helena n'avait toujours pas remarquée. Ce n'était visiblement pas un garde, vu la manière dont il se tenait. Il ne semblait pas avoir d'arme quelconque sur lui mais Helena préféra ne pas se fier. La jeune fille ne voyait pas son visage, mais la silhouette était imposante et, même sans avoir de signe particulièrement distinctif, il était clair que c'était cet individu-là qui déciderait de ce qui lui arriverait.

-Votre Altesse, commença le garde, elle s'est introduite dans le Royaume sans autorisation. Que devons-nous faire ?

Dans l'attente d'une réponse, l'air se fit plus épais, liquide. Helena avait conscience que son avenir dépendait de ce qui allait sortir de la bouche de cet individu. Et, malgré son angoisse constante pour son frère, pendant les secondes qui suivirent, elle prit conscience que sa vie était en danger et qu'il y avait de grandes chances pour qu'elle ne revoit jamais ni la lumière du soleil ni le visage de Jessy.

-Je vais la montrer au roi, c'est à lui de juger.

Et une nouvelle main s'empara de son bras droit. Helena avait l'impression d'être un objet balloté de main en main. Elle n'avait absolument aucune idée de ce qui l'attendait, mais elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix que celui de suivre son nouveau geôlier.

Subitement, il la poussa devant lui, si fort qu'elle manqua de trébucher. Son épaule s'écrasa contre une des parois de la grotte et la pierre tranchante déchira son blouson et, par la même occasion, sa chair. Elle ne put retenir un cri de douleur, ce qui fit sourire son premier garde. Elle lui avait échappé, ce n'était que justice qu'elle paye.

Ne s'en rendant pas compte, Helena se retourna et se retrouva nez-à-nez avec la silhouette. Avec la lumière du jour de plus en plus faible, elle ne put apercevoir que ses yeux. Gris. Comme l'acier. Aiguisé. Mortel.

-Marche.

Sa voix n'avait rien de particulier, mais elle marqua tout de même la jeune fille. De par sa froideur ou son ton impitoyable elle n'aurait su le dire. Elle comprit cependant l'ordre et commença à marcher lorsqu'il pointa la pointe d'un couteau dans son dos.

Finalement, il avait bel et bien des armes sur lui.

Helena se raidit mais ne dit rien, assez intelligente pour comprendre que le moindre son pourrait lui être fatal. Elle voulait hurler, se débattre, appeler son frère et repartir en courant. Mais elle ne fit rien de tout ça. Elle se contenta de marcher.

Cependant sans s'en rendre compte, elle se mit à fredonner une chanson que sa mère lui chantait quand, petite, elle disait avoir peur du placard.

Le bras qui la tenait toujours se mit à se faire plus insistant, la tirant et resserrant son emprise. Le geôlier se demandait vraiment comment elle trouvait encore la force de chanter dans la situation dans laquelle elle se trouvait. Il se contenta d'hausser les épaules et de tirer la frêle jeune fille contre lui.

Les RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant