Alagan. Les Mondes d'Édesse T1 [PUBLIÉ]✔️ #1 Best of the Books - SF 2019 !

51 - Retour chez Reno -2

Quelques jours plus tard, Alagan reprit contact avec Nam et Cassiopée dans le cyberespace pour leur fournir leurs identités de rechange. Il leur donna également rendez-vous pour leur première visite du monde parallèle. Alagan resterait leur unique point de contact. Ils n'étaient pas autorisés à rencontrer qui que ce soit de la Rébellion jusqu'à nouvel ordre.

Après le cours de mathématiques, Nam et Cassiopée rejoignirent Alagan dans un parking souterrain. Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas vus en vrai.

Cassiopée se jeta dans ses bras dès qu'elle l'aperçut.

— Cela fait du bien de te voir, lui dit-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour lui déposer un baiser sur la joue. Elle reconnut le parfum suave et musqué qui la rendait folle et se félicita de retrouver ses vrais traits. Il était décidément plus beau en brun.

— Oui, répondit-il, ému, en caressant ses cheveux blonds vénitiens.

Avaient-ils toujours été aussi roux ? Il lui semblait qu'elle avait quelque chose de changé.

— Petite cachottière, dit-il en faisant mine de la gronder. Alors comme ça, on se fait appeler Guillemette ?

— Eh oui, toujours une longueur d'avance sur vous, que voulez-vous ? clama-t-elle fièrement avec son sourire ravageur, celui qui lui creusait une demi-lune dans chaque joue.

Puis ce fut au tour de Nam de lui donner une accolade sincère.

— Tu m'as manqué.

— Toi aussi, Nam.

— Allons-y.

Il donna à chacun un sac à dos et un bracelet en métium qui brouillerait leur identité. Ils se dirigèrent vers le fond du parking, ouvrirent une porte puis une seconde, prirent des escaliers, une troisième ouverture, une quatrième. Ils débouchèrent ainsi sur un long couloir souterrain. Ils marchèrent ensuite près d'une heure sans jamais croiser personne, suivant Alagan dans les différents recoins du tunnel, avant de trouver des escaliers et de ressortir à l'air libre.

Comme lors de sa première fois, Alagan leur expliqua qu'il leur fallait se recouvrir de boue, déchirer un peu leurs vêtements. Il leur ébouriffa les cheveux et leur rappela :

— Souvenez-vous, dans cet univers, c'est chacun pour soin. Ne faites confiance à personne tant que je n'ai pas analysé vos rencontres. Ne dites rien, ne vous étonnez pas.

Alagan mit sa capuche sur la tête et se massa les tempes. Sa migraine reprenait à nouveau. Ils s'infiltrèrent dans des ruelles sombres où des maisons tantôt délabrées tantôt effondrées rendaient le quartier encore plus piteux. Une ribambelle d'enfants d'une petite dizaine d'années mendiaient devant eux. Alagan partageait la tristesse de Cassiopée, quand il aperçut une lame de couteau tout près de son épaule. D'un réflexe, il retourna le poignet de l'enfant et le désarma. Le garçonnet tomba à genoux sous les yeux horrifiés de Cassiopée, l'implorant de ne pas le tuer. Séoras lui avait expliqué qu'être trop clément apparaîtrait louche, mais il ne put se résoudre à l'exécuter. Il ne pouvait rien refuser à Cassiopée. Ils décidèrent de prendre la fuite tous les trois en courant.

Quelques pâtés de ruines plus loin, ils récupéraient leur souffle lorsqu'un individu d'une quarantaine d'années passa. Alagan reconnut le contact de Séoras, celui qui leur avait fourni l'explosif. Il sonda rapidement ses pensées pour contrôler l'absence d'hostilité. Il confirma que l'individu était fiable. L'homme maigre s'arrêta, jeta un regard autour de lui, puis leur parla d'une voix autoritaire : « Venez ». Il les emmena dans une masure, dont il ne restait guère qu'une partie des murs. Sur leur passage, ils croisèrent un chien errant qui montrait les crocs. L'individu grand et sec le calma :