10 - Faire parler un prisonnier (Torseck suite)

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Du côté de l'usine de fabrication de robots renifleurs, les gardes militaires emmenèrent le détenu en salle d'interrogatoire. Il s'en trouvait toujours une dans les installations du C5. Torseck les rejoignit au moment où ils venaient de terminer l'injection d'un liquide blanc sirupeux dans le bras de leur otage. La seringue avait beau être petite, il en émanait une odeur âcre et soufrée très désagréable. Bientôt, l'homme, aveuglé par la lumière, ne distingua plus que des silhouettes penchées au-dessus de lui. Les visages devinrent flous, se déformèrent et les voix lui parvinrent de loin. Deux gifles l'envoyèrent tournoyer tandis qu'un flot d'émotions haineuses lui tordait les entrailles.

— Qu'a-t-il ? observa Torseck circonspect devant les yeux exorbités du prisonnier. Je vous ai demandé de le faire parler, pas de me l'abrutir ! On dirait un gorille attardé ! L'homme allait tituber quand l'un des gardes lui glissa une chaise sous les fesses. Torseck prit l'interrogatoire en main.

— Le sérum de coléine va tranquillement s'emparer de ce qui vous sert de cerveau et d'ici quelques secondes, vous serez tout à moi. Inutile de lutter. Cette version du sérum a été largement éprouvée. Personne n'y résiste, pas même les palatins. Enfin, à la différence qu'eux y survivent.

— Pourquoi — l'homme avait du mal à parler — pourquoi, est-ce que je vous parlerais puisque je vais mourir ?

L'un des gardes, un homme massif à la peau noire également, le toisa puis le frappa.

— Ah, imbécile. Ne m'écoutes-tu donc pas ? Torseck s'était mis à le tutoyer. C'est de ton plein gré que tu vas tout me dire. Tu vois, plus besoin de violence. Juste d'un petit peu de patience.

Puis il s'adressa à son garde et secoua la tête d'un signe désapprobateur en tapant sa langue, en rythme, sur ses dents :

— Te.. Te.. Te.. Agent Mashaishak, réfrénez vos pulsions. Prenez soin de notre prisonnier, je vous prie.

L'agent fautif serra les talons et baissa la nuque.

— Commandant, oui Commandant.

La tête du prisonnier se fit lourde. Un violent haut-le-cœur le surprit et une vomissure visqueuse atterrit aux pieds de Torseck. Le visage de ce dernier se crispa sous l'effet de la colère froide qui l'envahit. Tous ses muscles, jusqu'alors contraints dans une patience nécessaire, se contractèrent un à un. Il s'approcha avec dégoût de son souffre-douleur et lui attrapa la tignasse frisée.

— Qui a préparé cette opération ? articula-t-il du haut de sa voix terrifiante et glacée.

— Séoras, lâcha involontairement le détenu avant de s'écrouler avec sa chaise par terre.

Les deux militaires se précipitèrent pour le réinstaller. Du sang coulait de ses narines et l'homme perdait conscience.

— Commandant, il fait une hémorragie.

L'otage rebascula au sol. Mort.

— Lequel de vous deux a dosé le sérum ? Il a succombé à l'overdose bien trop rapidement, pauvres abrutis !

Un lourd silence s'éternisait puis l'agent Kouriline, un grand homme blond au teint blafard, fit un pas en avant. Son armure noire le rendait encore plus terne. Torseck sortit de sa poche un petit connecteur carré. Il appuya sur la pièce métallique pour en faire saillir une pointe qu'il appliqua sur l'init de son agent.

— Un séjour dans l'Entre-Deux vous apprendra la rigueur... ou pas...

Le corps de son garde tomba à terre à son tour pendant que son esprit se projetait dans le trou noir de la matrice.

— Nettoyez-moi tout ça, lança-t-il à l'autre patrouilleur. Puis il tourna les talons.


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