Avengers : L'élue

Chapitre 31

07 mars 1967 - Paris - France

La chanson La vie en rose d'Edith Piaf résonnait dans la rue. Aux fenêtres, les amoureux des beaux temps s'amusaient à admirer la vie du quartier. Au coin d'une avenue, la boulangère Laure secouait activement des chiffons remplis de farine, créant des nuages de poussière blanchâtre qui s'en allaient au gré du vent. Plus loin, vers le grand parc, on pouvait entendre les enfants rire candidement. Le son joyeux de ses derniers venaient se mélanger aux bruits de la ville, aux voitures et aux conversations des plus âgés. 47 observait ce joli tableau du haut d'un balcon haussmannien, un sniper visser sur l'épaule.

Tout en chantonnant la mélodie de la célèbre chanson, la jeune brune glissa une clope entre ses lèvres. Elle n'était pas une grande fumeuse, à vrai dire elle ne fumait que quand elle était seule sur des missions, donc très rarement. La nicotine s'engouffrait dans ses poumons tandis qu'elle armait d'une main professionnelle le fusil de précision. Sa cible habitait à plusieurs centaines de mètres de là, si elle voulait l'avoir, elle ne devait pas rater son coup !

Une bouffée de fumée plus tard, la balle fut tirée. Elle traversa la rue à vitesse lumière avant de briser une vitre et d'atteindre la tête de sa mission.

- Headshot ! Boum bébé ! s'exclama 47, sourire au lèvre.

De l'autre côté de la rue, on s'affolait déjà. Le bruit du tir avait résonné dans tout le quartier et bientôt c'est les forces françaises qui allaient rappliquer. Toujours avec minutie, Angel von Hydra rangea son matériel en terminant sa cigarette. L'odeur de la fumée froide lui collait à la peau mais elle n'en avait rien à faire. Elle avait fini le boulot, elle pouvait désormais profiter de Paris.

Même si le monde entier connaissait cette ville splendide, aucun des clichés ne valaient le vrai Paris. Les ruelles crades, les petites boutiques abandonnées, les voitures venues d'une autre époque et les dernières traces de la guerre montraient bien le vrai visage de la capitale. Tout le romantisme légendaire de la Seine était gâché par l'odeur de poisson pourri du marché. La majestueuse Tour Eiffel n'en menait pas large sous les torrents de pluies des automnes capricieux français. Sans parler qu'aucun homme ne portait de marinières ou de béret rouge !

Oui, Paris était fausse pour 47. Elle qui n'avait connu qu'une vie de souffrance chez Hydra était bien déçue de voir que le monde n'était pas aussi enchanteur que les gens le laissaient entendre. Après tout, à quoi cela sert de rêver si notre vie est rythmée par l'horrible chose qu'est la mort. Empêcher les gens de rêver, voilà donc son métier. Mettre fin à l'espoir avec des balles de fusil... Les dernières lueurs de la journée s'éteignaient, laissant les étoiles apparaître dans un nuage blanc. Un nuage de farine...

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22 juin 2016 - Berlin - Allemagne

Assise à la terrasse d'un café, Marina ressassa d'anciens souvenirs oubliés. L'image d'une plus jeune version d'elle traînant dans les rues de Paris lui revient en tête. Elle avait l'impression d'avoir fait tellement de chemin depuis cette époque. Brusquement elle eut envie de nicotine.

- Tiens, ça ne m'avait pas manqué...

Peut être que l'amnésie l'avait débarrassé de ses souvenirs, mais elle lui avait aussi permis d'oublier les petits bâtons cancérigènes. Au même moment, un couple passa devant elle, chacun une cigarette à la main. Tout en mordillant sa lèvre, Marina se maudit. Il ne manquait plus que ça ! Une addiction qui réapparaît alors que tout va mal! Mais qu'a- t-elle donc fait à Odin pour que tout ce merdier lui tombe dessus? Après tout, elle n'avait rien demandé. Elle s'était rangée depuis la Sokovie, avait découvert un but dans sa vie et avait même ce qui pouvait s'apparenter à une famille. Mais non. Le destin le lui enlevait. Elle était résignée à vivre une vie horriblement compliquée alors qu'elle devrait déjà être entre 4 planches ! Maudit soit Hydra et tous ses salopards... Marina avala le reste de son café qui était dorénavant froid. Le temps commençait à se refroidir, il était bientôt 17 heures. Cette journée était décidément interminable !