Tome 3 : Protège-moi

26 Froger

Je ralentis quand je reconnais la voiture d'Amélia garée devant un restaurant. Je freine, intrigué, qu'est-ce qu'elle fait là ? Et avec qui ? Je soulève ma visière en regardant à travers les fenêtres de la rue, mes yeux fouillent la salle à sa recherche. Je ne mets que quelques instants à la trouver. J'ai un sourire aux lèvres quand je vois qu'elle est seule. Assise à une table, devant une des nombreuses fenêtres avec un verre à la main. Le côté de la tête posée sur la vitre, les genoux remontés contre elle, sa robe qui recouvre ses jambes. Putain c'est quoi cette position, celui en face d'elle doit avoir une belle vue. Le tissu fluide me paraît trop transparent. Elle regarde de l'autre côté. J'ai pensé à elle toute la journée et je n'ai pas répondu à ses messages, à cause de ce matin. Elle a l'air tellement fragile comme ça, entourée de tous ses gens qui rient et s'amusent, elle reste là à fixer quoi ? Le vide ? 

Je devrais partir mais je coupe le moteur en déployant ma béquille. Je range mes clés dans ma poche en avançant vers la porte d'entrée. J'avance sur la droite, jusqu'à sa table.

— Tu bois toute seule, princesse ?

J'ai le temps de voir sa larme qui descend sur sa joue avant qu'elle ne l'essuie en se tournant vers moi. Un sourire se plaque sur ses lèvres mais je ne suis pas con. Je sais qu'elle fait semblant. Son magnifique regard de biche se plonge dans le mien, elle est surprise de me voir, ses épaules se haussent avant qu'elle ne reprenne une gorgée de vin.

— Il est aux toilettes.

Elle est tellement pâle, comme si elle était malade, les lumières du restaurant font briller sa chevelure d'or, je baisse mon regard vers toutes les assiettes empilées au bord de la table. Je vois des restants de poulet, steak, frites, cote de porcs, charcuterie, homard et d'autres choses que je ne reconnais pas. Personne n'est aux toilettes et ses talons sont enlevés, ils traînent par terre, elle n'aurait pas fait ça si c'était un rendez-vous amoureux.

— T'as bouffé tout ça ? 

— Ouais, j'avais faim.

Je pose mon casque en me laissant tomber en face d'elle. Mais comment elle fait ?

— Qu'est-ce que tu fais là Amy, pourquoi tu viens ici toute seule ?

— Pour la bouffe. Et toi ?

Pourquoi je suis là ? Aucune idée.

— T'es triste Amy, dis-je en appelant un serveur. T'as beau sourire sauf que je le vois.

J'ai l'impression de voir ma mère, elle passait son temps à faire semblant que tout allait bien alors que c'était l'inverse. Elle se tourne légèrement en posant son dos et sa tête contre la vitre.

— La langue peut faire tellement de bien, mais aussi tellement de mal.

— La mienne te ferait beaucoup de bien à mon avis.

Plongée entre ses cuisses en la dégustant.

— Ouais j'ai pas de doute là-dessus, rigole Amy en buvant une autre gorgée.

Le serveur arrive, je commande une bière et je demande aussi un bol d'olive verte en regardant Amy. Cette fois je vois un vrai sourire sur ses lèvres et j'aime ça, juste avec des olives j'arrive à la rendre " heureuse" Quelle est belle. 

— Sans le bocal, lance Amy quand le serveur nous dit qu'il revient, il n'arrive pas à les ouvrir.

Elle éclate de rire après sa blague de merde mais ça me fait sourire. Tout le monde se tourne vers nous mais elle s'en moque complètement. J'ai pas réussis à lui ouvrir cette putain de boîte de conserve mais c'était impossible, j'ai mis toute ma force.