Tome 3 : Protège-moi

27 Froger

— On est où là ? C'est ta maison ?

Amy descend la première, elle enlève son casque en le posant sur ma moto. Sa main glisse dans ses cheveux pour se recoiffer. Il fait nuit, la route est déserte, je suis garé juste à côté d'une belle maison, dans un quartier bourgeois. Je pose mon index sur ses lèvres en prenant sa main pour la faire avancer dans le jardin.

— Non, mais suis moi.

Les lumières des réverbères nous éclairent suffisamment pour qu'on puisse voir devant nous. On avance dans une pelouse très bien entretenue, Amy regarde autour d'elle en tirant sur ma main.

— Tu veux faire un cambriolage ?

— Ça te plairait ?

— Je crois qu'avec toi tout me plairais, fait Amy en riant.

Je me retourne vers elle quand j'entends ça. Elle hoche la tête impatiente de faire des conneries sauf que là j'ai juste envie de l'embrasser.

— Silence, on va se faire repérer.

On contourne la maison sans se lâcher, les habitants sont chez eux, je vois quelques lumières allumées à l'étage. Je sors mon téléphone pour nous éclairer, derrière il n'y a plus de lumière.

— Pourquoi on vient ici, chuchote Amy.

— Je sais pas, t'as pas envie de faire du toboggan ?

On est dans le jardin, il y a pas mal de jouets pour enfant, je m'arrête devant un grand toboggan en me tournant vers elle.

— Alors cap ou pas cap ? 

— Cap, affirme Amy, trop facile Froger.

Elle me lâche la main en me claquant son sac dans les mains en allant vers les marches. Je la regarde monter en me marrant. Ouais c'est trop facile pour elle. Elle m'envoie un bisou de la main quand elle arrive en haut et elle se laisse glisser. Elle revient vers moi toute contente.

— Tu me pousses à la balançoire ? Ou alors on peut faire du trampoline.

— Peut-être après, vient.

J'avance jusqu'au milieu du jardin en orientant le faisceau de mon flash devant nous. Je m'arrête devant un gros marronnier en levant mon téléphone vers le haut.

— Monte.

Une grande échelle est suspendue. Amy enlève ses chaussures en regardant cette cabane perchée tout en haut de l'arbre. Une dizaine de mètres de hauteur je dirais.

— Je ne m'attendais pas à ça, dit-elle en plaçant ses mains sur les marches. Et ne regarde pas sous ma robe.

Elle commence à monter, un pied après l'autre, l'échelle bouge, je tiens un côté en attendant un peu avant de suivre. Je pose son sac à côté de ses chaussures en coinçant mon téléphone entre mes dents, en me mettant à monter. Dommage j'aurai bien mater son cul mais il fait beaucoup trop sombre. Les branches des arbres nous recouvrent, Amy me dit qu'elle est en haut et j'accélère. Je passe la trappe en m'appuyant sur les avant bras pour me relever. Je prends soin de la refermer et je pose mon téléphone sur une petite étagère. C'est suffisant pour éclairer ce petit espace. Ça sent le bois, les arbres. Amy regarde autour d'elle pour examiner les lieux. C'est pour les enfants. Il y des tapis installés sur le plancher, des couvertures, des livres, des jouets.

— J'ai toujours rêvé d'avoir ça quand j'étais gamin.

J'ouvre la fenêtre en me disant que Sam serait content d'avoir la même chose quand il grandira. Lui il grandira dans l'amour, et Léo aussi.