45 Froger

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J'entends la porte claquer puis je vois Érica taper du pied en râlant. Apparemment je ne suis pas le seul à être au courant du problème d'Amy.

- Tu le sais pas vrai ? Je le vois à ta tête, me demande Érica.

- Oui j'ai compris en voyant ses mains. Comme les tiennes.

Elle enfonce sa main dans sa poche en baissant la tête vers le sol, elle a honte d'elle, sauf qu'elle ne devrait pas.

- Érica pas de ça avec moi. Tu le sais pourtant.

- Oui je sais, souffle-t-elle en relevant la tête. J'essaie de l'aider mais j'ai l'impression qu'elle n'a pas envie.

C'est très bien qu'elle fasse ça.

- Je vais m'en occuper.

Il le faut. Je ne peux pas rester là sans rien faire. Je longe le couloir en ouvrant la porte des toilettes des femmes avec le cœur lourd. Amy tu me manques tellement.

- Arrête de faire ça Amy.

Je pose mes deux mains contre les lavabos en serrant la vasque de toutes mes forces quand je l'entend vomir.

- T'es pas chez les hommes Froger. Barre toi.

- Non, je te laisse trois secondes pour ouvrir, sinon je défonce la porte.

- Et moi je défoncerai ta gueule.

Très bien, je me redresse en perdant patience. Face à la porte, je lève ma jambe pour propulser mon pied contre le bois. Un coup sec et bien placé qui m'ouvre la porte. J'entends son petit cri avant de la voir se relever. Voir toute cette tristesse dans ses yeux me foudroie le cœur, ses larmes qui baigne le long de ses joues me brise le coeur. Amy, tu n'as pas besoin de te faire du mal comme ça.

- T'as pas fait ça ! s'écrie Amélia en regardant les dégâts, mais t'es un malade !

J'avance en claquant la porte qui tangue pour la prendre dans mes bras. Elle me manque tellement. Ça fait une semaine qu'elle a fermé la porte de ma chambre, une semaine où elle ne quitte pas mes pensées. Une semaine où tout mon être la réclame, sauf que je lui ai fait du mal, elle était à deux doigts de mourir et je ne veux plus revivre ça. Je profite de ce moment où enfin je retrouve la douceur de sa peau, son parfum, sa chaleur. Elle tout simplement. Elle est toute crispée mais j'ai besoin d'elle encore cinq minutes. Pardon mon ange de t'avoir fait du mal, mais il le fallait pour que tu t'éloignes de moi.

- Oublie deux minutes que tu me détestes Amy et raconte moi ce qu'il se passe.

- J'ai perdu le contrôle Froger. Et je ne sais pas quoi faire.

- Il faut que tu t'éloignes de ta mère. Elle te fait du mal.

- Je ne parle pas de ça, pour une fois c'est pas ma mère.

- Alors dis-moi pourquoi tu as perdu le contrôle ?

- Non... laisse tomber.

- Comme tu veux mais moi j'ai envie de parler de ta mère. J'ai entendu ce que tu as dit dans la cuisine. Il faut arreter ça. C'est pas par la violence physique mais psychologique qu'elle te blesse, cette connasse. Tu sais que tu n'es pas la seule à vivre ça alors reprend le contrôle de ta vie et bat toi pour toi. Juste pour toi.

- C'est ma mère Froger. Je dois lui faire plaisir.

- Non. Tu dois juste faire ce que toi tu veux. Comment tu t'es senti en sortant de chez toi en jogging ?

- J'étais bien. J'avais peur que tout le monde me regarde ou me fasse des réflexions mais j'ai adoré.

- Et c'est comme ça que tu dois te sentir tous les jours.

Tome 3 : Protège-moiWhere stories live. Discover now