Tome 3 : Protège-moi

36 Amélia

J'arrive chez mes parents. J'ai besoin d'une bonne douche. Et dire que j'ai été voir mon frère couverte de sperme sous mes fringues de salope pour le prévenir que j'ai eu une réponse de Baril. Il a enfin répondu. Je lui ai dit que j'avais son argent, il n'a pas eu l'air de me croire mais il m'a quand même donné une adresse et c'est demain matin que je dois le rejoindre en ville. Je dépose mes clés de voiture dans l'entrée en montant les escaliers.

— Ma chérie, met une belle robe. On sort ce soir.

Je soupire quand la voix de ma mère me parvient dans le couloir de sa chambre en lui répondant que je passe prendre une douche. Ce soir je ne travaille pas et j'avais bien envie de rester dans mon lit pour dormir. Je m'enferme dans la salle de bain pour me déshabiller, j'allume l'eau chaude en fourrant toutes mes fringues dans la machine à laver. Je m'assieds contre le bord de la baignoire pour retirer mes bottes puis je m'occupe de mes cheveux avant d'entrer sous le jet d'eau bouillant qui me fait un bien fou. Mon frère en a parlé à tout le monde et je ne sais pas ce qu'ils ont prévu pour demain. Qu'est-ce qu'ils vont faire à Baril ?

***

Je descends avec mes chaussures en main, ma mère est dans l'entrée à s'admirer dans le grand miroir. J'ai pas envie de sortir putain.

— Maman, on va où ? Je préfère dormir. Je suis crevée.

Elle se retourne vers moi avec un regard mystérieux en analysant ma tenue.

— On va au restaurant. Change ta robe, met celle qui s'ouvre sur le côté, la bleue que je t'ai achetée en Europe.

Mais moi j'aime bien la mienne. Elle est argentée, très confortable, elle ne me coupe pas la respiration.

— J'ai pas envie d'aller au restaurant, marmonné-je en remontant pour me changer.

— Tu ne veux pas aller dîner avec ton vieux père !

J'ouvre grand les yeux en me retournant brusquement quand j'entends sa voix. Mon père sort du couloir et je vais pleurer. Je lâche mes chaussures en posant la main sur mon cœur. Il m'a trop manqué, ça fait sept mois que je ne l'ai pas vu. Je crie comme une petite fille en sautillant sur les marches. Il porte encore son uniforme de la Marine, il ne doit pas être arrivé depuis longtemps. Il va bien, enfin je pense. Il a l'air en forme. Il me regarde avec un grand sourire, mon frère lui ressemble énormément.

— Papa ! Oh putain. T'es là !

Je descends pour courir et sauter dans ses bras. Ses deux bras me rattrapent pour me serrer contre lui. J'arrive pas à croire qu'il soit vraiment là. Je n'étais même pas au courant qu'il revenait aujourd'hui.

— Tu m'as manqué mon rayon de soleil.

Oh mon dieu j'adore qu'il m'appelle comme ça. Je sens mes larmes couler en l'étouffant contre moi.

— Toi aussi papa. Tu restes longtemps ?

— Non. 48h.

48h ! Mais non c'est pas assez, je veux qu'il reste ici, avec moi.

— Allez on y va, fait ma mère. Vous discuterez en route. Amélia va vite te changer.

— N'écoute pas ta mère mon cœur. Moi je préfère celle là. Tu es magnifique.

Je me sens belle quand je l'entends me dire ça. Il me repose en essuyant mes larmes et je hoche la tête en embrassant sa joue rasée. Moi aussi je préfère celle là.

— On va où ?

— Au Royal Bloom, me répond ma mère.

Oh merde ! Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.