3.7. MARS : "Le début de la fin de la vie en société" (rapport V°3)

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3.7.

Me revoilà, Schrödinger. C'est Janvier.

Comme prévu, je suis revenue vous donner les décisions des Douze à l'encontre des réfugiés. Je vous avais indiqué tout de suite notre décision, enfin celle de certains d'entre nous et j'ai tranché. Puis, nous les avons laissés dans le rez-de-chaussée sans nous manifester pour le moment. Depuis deux jours, les choses ont changé, car nous avons organisé au plus vite l'accueil et le processus possible.

Déjà, je peux vous donner mon ressenti général. Il a été décidé par les Douze que je me présente aux réfugiés afin de les accueillir, les rassurer. Oui, je sais... ce rôle de Cheffe est une sensu qui ne me lâche pas.

Bref, je me suis présentée aux réfugiés. J'ai indiqué que nous étions ici pour une mission que je ne pouvais pas dévoiler et que leur accueil est un imprévu. Aussi, ils ne doivent pas s'inquiéter, nous allons les aider, mais nous devons nous organiser pour que cela se fasse le mieux possible.

J'ai trouvé leur état surréaliste. Je n'ai jamais vu de réfugiés. Je n'ai jamais été confrontée à des personnes traumatisées comme ça.

J'ai même ressenti une gêne, comme si j'étais dans un film, que nous étions des personnages, que tout était faux -ça ne peut pas être vrai !

Il y a 90 jours, nous fêtions la nouvelle année avec insouciance.

Vous savez Schrödinger, mon grand-père était un grand voyageur avec son métier d'ouvrier dans les usines de yaourt. Quand j'étais petite, à noël, il disait toujours que lorsqu'on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger dans son pays.

Il était gentil mon grand-père, avec sa grosse barbe grise, ses yeux bleu clair, sa démarche mal maîtrisée et sa bosse cancéreuse dans le haut du dos. Il était gentil autant qu'il était perdu chez lui, dans ces murs qu'il ne reconnaissait pas et qui le privaient des paysages du monde.

Dire qu'ici c'est l'inverse, les murs nous protègent.

Il n'y a pas que des familles dans les réfugiés, il y a des gens seuls, des vieux, des jeunes. Au total, j'ai compté 36 individus, je ne sais pas comment nous allons gérer ce nombre. Ils sont plus nombreux que nous... enfin j'y reviendrai, car nous avons des idées. Enfin, des fausses bonnes idées.

En discutant avec eux, je les ai sentis tellement reconnaissantes, si ces personnes savaient à quel point nous avons hésité. Si elles savaient que nous étions à deux doigts de les laisser dans leur malheur, sans même lever le petit doigt et leur adresser un mot de soutien.

Ce grand-père, Jojo, Jacques je veux dire, il aimait bien polémiquer sur la politique. Avec un verre de trop dans le nez, il disait souvent que les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus.

Je comprends aujourd'hui ce que ça signifie. C'est tellement vrai, bordel.

A ce sujet, je dois vous parler de Mars, car il a reconnu sa famille parmi les réfugiés. Enfin, je risque de me perdre. Je vous en parle après !

A propos des réfugiés, après de vastes débats, voilà ce que nous avons décidé.

Leur nombre est trop grand, nous ne pourrons pas gérer. Si le rez-de-chaussée libre est parfait pour nous séparer des réfugiés et rester centrés sur notre mission, ils ne peuvent pas vivre là, à 36, c'est trop. De plus, nous devons rester concentrer sur notre mission.

Il faut alors gérer un triple problème. Un problème de nombre, de gestion et de lieu d'accueil.

Pour le nombre comme le lieu, nous avons choisi de les séparer en deux groupes. Une partie des réfugiés restera en bas, une autre vivra dans la salle commune du 7e étage. Pour les Douze, nous condamnerons ces accès, et nous nous retrouverons uniquement dans l'autre salle commune, celle du 10e étage qui nous donne accès en aux laboratoires.

Pour l'organisation quotidienne, nous avons constaté que nous ne disposions d'aucun moyen de gestion. Nous sommes beaucoup trop pris par la mission prioritaire. Donc, il fut décidé de les laisser en auto-gestion.

Toutefois, il nous faut des référents avec qui échanger au besoin, en cas de problèmes, et un semblant d'organisation. Puisqu'une partie des réfugiés est logée au 7e, elle a des accès plus directs aux produits de premières nécessités et elle peut échanger plus facilement avec nous.

Cet étage est prévu pour douze personnes, nous en principe, ce qui finalement facilite aussi le transfert de responsabilité à une partie identifiée des réfugiés.

Nous les avons donc séparés, de manière aléatoire, tout en faisant en sorte de ne pas séparer les familles et d'avoir douze personnes au 7e et vingt-quatre au rez-de-chaussée. Les douze du 7e étage ont reçu la charge de gérer ceux d'en bas.

Pour les aider, et nous à nous repérer, ceux du sous-sol sont nommés les « SS » et les douze gérants à l'étage les « 7e ».

Chaque réfugié sait évidemment que l'attribution des étages et donc des rôles n'est dû qu'au hasard. Nous ne les connaissons pas, n'avons pas le temps de déterminer des fonctions basées sur des compétences. Les Douze, en bon scientifique, ont estimé que la répartition aléatoire des cohortes -oui, c'est comme ça qu'ils parlent... je sais, pff- était la plus juste possible.

Nous avons profité de l'occasion des provisions et des vêtements à fournir pour identifier cette répartition au mieux. Ceux du 7e étage ont reçu des habits tels que les nôtres ici, à l'exception que nous avons retiré les blasons « Douze » et que nous avons donné les vêtements standards, ceux sans les mois notés derrière. Nous avons choisi cela pour ne pas les confondre avec nous si jamais nous devions descendre et les croiser, ceux du 7e comme les SS du sous-sol.

Les 7e ont pour attribution la gestion des réserves de nourriture pour eux-mêmes et pour les SS, en lien avec Août pour la première fois motivé par quelque chose. Je crois qu'il les a effrayés avec sa grande taille, dégaine nonchalante et ses cheveux de physicien en perdition.

Dire que c'est avec lui que l'humanité est censée trouver une solution de survie, c'est clair que ça fait peur !

Pour les soins, c'est évidemment en lien avec Décembre. Pour l'autorité, s'il y a des débordements, des règles à respecter, des décisions à prendre, ils peuvent se référer à Juillet en cas de besoin, bien qu'il les ait envoyés balader. Je n'ai pas voulu me charger de tout ça, je dois déjà m'occuper des rapports des Douze, c'est assez !

Ça semble fonctionner, depuis quelques jours en tout cas.

Ah non ! il faut que je vous parle de Mars !


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V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]Where stories live. Discover now