7.10-2. JUILLET : De la FIN... la FIN (rapport V°7)

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7.10-2.

Décidément, tout humain aime mieux donner des ordres qu'en recevoir.

Tout est parti en vrille. Etaient-ce des Touchés qui nous ont attaqués ? ou bien eux qui nous ont défendus ? Ce qui est certain, c'est qu'aucune IA n'était dans le coup du fait de l'absence d'informatique. Si Février, Mars, Avril et Août nous avaient déjà quittés, d'autres allaient rapidement les rejoindre.

Je vous dis cela, Schröd, comme si j'étais coupée de tout. Je me sens hors de mon corps, de ma peau, vidée. J'ai l'étrange impression que rien n'est réel. Est-ce encore le Protocole ? étaient-ce des acteurs et à la prochaine sortie, je vais les revoir, vivants, radieux, me félicitant et revoyant avec moi nos aventures ? Putain Schröd.

Si la vie pouvait être un film.

Octobre et Novembre étaient ensemble. Elles ont été surprises, comme nous. Ce sont les coups de feu dans leur direction qui nous ont alertés de la présence de plusieurs groupes humains. Alors que Juillet et Décembre nous ont cachés, Septembre n'a pu se retenir de partir en direction d'Octobre. Il voulait voir, ne pouvant simplement se résoudre à l'absurdité de la situation.

La vérité était trop forte pour lui.

Ces groupes ne semblaient pas croire dans l'illusion d'une zone tranquille, de survivants. Ils ne paraissaient pas agressifs entre eux, plutôt attentionnés même. Nous avons pu les voir prendre soin des leurs, des blessés, des enfants, de quelques animaux.

Alors que nous fuyions vers le Dôme, lors d'une nuit sur le retour nous avons entendu des cris d'une voix connue. Juin n'avait pu se retenir d'aller observer les comportements de ce groupe d'humains...

La curiosité était, pour Juin, une amie malheureuse.

Elle a laissé un objet symbolique dans mon sac, un souvenir, un vieux collier avec la photo de son père. C'est vrai qu'il était jeune. Savait-elle qu'elle risquait de ne pas revenir ?

Je n'avais encore jamais vu Mai dans une telle rage. Avec Avril, Juin était la plus gentille d'entre nous, depuis le départ. Quant à Mai, je savais qu'elle craignait les humains plus que tout, la banalité de leur agressivité. Elle ne voulait pas sortir. Désormais, elle ne voyait plus l'intérêt de rentrer. Elle nous a dit qu'elle nous rejoignait, mais qu'elle attendait la nuit prochaine et la fuite du camp pour rendre ses hommages à Juin. Elle ne voulait pas laisser son corps ainsi.

La nuit suivante, nous avons entendu, au loin, de nouveaux coups de feu.

Ses dernières paroles furent stupides de simplicité, mais authentiques. "La vie n'a aucun sens, alors autant être heureux avec quelqu'un qu'on aime, même parti." C'est cette même nuit que Juillet nous a quittés.

Il a volontairement pris un autre trajet et construit de fausses traces et des feux pour perdre nos poursuivants. Avec du recul, je ne pense pas qu'ils nous suivaient, mais cela mettait définitivement un terme à la traque. Les jours qui suivirent, il n'y eut plus de bruit. C'était sa manière à lui de demander pardon.

Vous savez, Schröd, la chose du monde à laquelle une personne libre pense le moins, c'est bien la mort. La sagesse n'est pas la méditation de la mort, mais de la vie. Bref, jamais une semaine n'a été aussi longue. Et me revoilà, ici dans le Dôme, avec Décembre.

Elle au début, elle à la fin, ou plus exactement depuis le DEBUT de la FIN.


Vous approchez de la FIN du Dôme (poursuivez 🡪 7.11.).

V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant