6.6. JUIN : De la dernière fuite et de la dernière défense (r.V°6)

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Nous sommes tombés des nu.

Jusque là, nous avions cerné qu'il y avait une organisation, et pour ma part que j'étais un pion affectif. Même si ce n'est pas clair pour moi, je dois reconnaître que ça me fait du bien de l'entendre dire cela. Néanmoins, la seconde partie de la phrase laisse sans voix.

« Pas passé ainsi avant... ».

Il y a tout de même des éléments clairs. Elle est vraiment médecin, aucun doute possible. Elle semble sincère quand elle parle de ses sentiments. Même Mai, peu encline sur la question, valide cette évidence.

Bon, elle a affirmé cette hypothèse d'une manière directe, comme à son habitude, à la fois juste et cruelle : je suis une variable affective modératrice.

Pour le reste, tellement de questions nous ont violemment frappés : ont-ils fait exprès ? mais qui ? cela fait-il partie du test ? mais quel test ? il y eut des tests avant, nous ne sommes ni les premiers ni les seuls ?

Elle confia simplement qu'elle fut déjà chargée de cette mission dite « Décembre », qu'elle ne devait évidemment rien dire. Et quand nous lui avons soulevé l'ambivalence de la situation, en lui demandant pourquoi elle acceptait de nous parler dans ce cas ? En effet, cette question restait sur nos lèvres à tous : pourquoi nous parler maintenant ? Qu'est-ce qui l'avait fait changer d'avis ?

Décembre se tourna vers moi, le regard tel une lance projetée dans le mien. "Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres, dit-elle. Et c'est à partir du regard des autres, moi dans celui de Janvier, que nous nous assumons comme nous-mêmes."

Elle expliqua qu'elle était libre, libre de tout. « J'étais volontaire pour l'expérience. Je ne peux simplement rien vous dire de plus car je ne comprends pas ce qui se passe, je manque d'informations, et rien ne se passe comme prévu. Comme vous, je subis les événements depuis six mois. »

Décembre resta laconique à propos du reste, volontairement ou par réel manque d'informations, nous ne pouvons pas le dire. C'est regrettable, mais nous sommes dans l'obligation de lui faire confiance.

Mai fut sévère et, pour la première fois, n'accepta pas ces dernières explications. De son point de vue, les mots de Décembre ressemblent beaucoup à une excuse, notamment concernant cette liberté dont elle se dit esclave.

L'échange prit une mesure surréaliste. Novembre voulut détendre l'atmosphère avec l'une de ses répliques habituelles : "à une autre époque, on t'aurait brûlée sur le bûcher ! Détends-toi, ce n'est que nous et tu nous connais." Mais Décembre n'y trouva pas matière à sourire. "Justement, répondit-elle, vous êtes pour moi le seul gril possible. L'enfer, ce n'est pas bruler seule. L'enfer, c'est les autres."

Plusieurs points échappèrent à Mai, qui les formula tout haut et obtint l'approbation immédiate de Septembre et Novembre. Je pense que nous sommes tous d'accord. Si tout ça est un test, c'est bien l'objectif que de perdre les informations, non ?

Néanmoins, Décembre précisa que ce n'était pas elle qui était testée, mais les autres justement. Je ne sais pas si Mai, Juin, Juillet et Novembre le voyaient, il était flagrant pour moi que Décembre était sincère, troublée, perdue. Sa voix vacillait, sa pupille était rétractée, ses mains semblaient moites.

Je ne l'avais jamais vu si mal en point.


Vous demandez à Janvier si ces « découvertes » ont été confirmées par une autre personne, Août par exemple, au regard de la situation (poursuivez 🡪 6.7-1.)

V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]Where stories live. Discover now