4.7-1. AVRIL : "De nouveaux virus et de nouveaux hommes" (rapport V°4)

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4.7-1.

Oui, je poursuis avec nos interrogatoires auprès du second groupe.

Les réfugiés situés au 7e étaient chargés d'aider ceux du rez-de-chaussée, les SS. Alors comment dire ça poliment ? Ils ont été « compliqués » dans le dialogue. Ils ne sont pourtant pas nombreux, douze comme nous, mais ils font tellement corps qu'en interroger un en particulier était un enfer.

Un seul a finalement accepté, Janus. Enfin, il a accepté, après négociation avec Juillet. Oui, Janus s'est confié, mais dans le secret, en échangeant dans l'ascenseur que nous avons temporairement bloqué, ou encore durant les allers-retours vers les SS ou les zones de soin et de ravitaillement. C'est Mai qui eut cette idée, brillante cette quinquagénaire rustre.

Il nous a appris plusieurs choses intéressantes. Il nous a indiqué qu'il y a des violences de la part de tout le monde.

Des mots humains sur des faits barbares.

Mais Janus n'est pas n'importe qui, il siégeait au Parlement avant sa dissolution. C'est un de nos représentants, il connaissait notre mission dans les grandes lignes. La constitution d'un « groupe de scientifiques pour consultation externe » avait été apparemment discutée. Il y était favorable, jusqu'à ce qu'il apprenne que cela lui coûterait son travail.

« Ce n'est pas votre faute » répète-t-il, mais je m'en veux quand même. « Et puis j'ai disposé de plus de temps pour m'occuper de ma fille malade avec ce virus », et là je m'en veux encore plus. Quand je lui ai demandé si elle était avec les SS, j'ai croisé ses yeux endeuillés... je ne vous raconte même pas à quel niveau de culpabilité j'étais... qu'est-ce que je peux être conne !

Il nous a dit que des projets de reconstruction sociétale étaient prévus, pour l'après pandémie, mais qu'il ne comptait pas dessus. Les dernières choses observées le terrifiaient. Était en cours la construction des castes, à partir desquelles certains pensent que la vie peut reprendre normalement après tout ce qui vient de se passer. Evidemment, ce ne sont pas les plus touchés qui se retrouvent en haut de l'échelle et qui émettent ce genre de sentences.

Ceux qui se serrent la main après la guerre ne sont pas les soldats, ils n'en ont plus, mais les leaders.

Selon Janus, dans les zones de quarantaine, on assiste à une décadence des sociétés occidentales, où un combat réel s'engage entre les valeurs de protection maximale et les valeurs d'entraide. Mai me garde des commentaires binaires et abscons, comme elle dit.

Dans les deux cas, il s'agit de valeurs louables et compréhensibles, protéger ses proches et sa vie est tout aussi valeureux que l'intention de sauver les inconnus. L'empathie réside bien dans les deux postures.

Juillet se fiche complètement des considérations politiques ou philosophiques. Ce qu'il remarque, c'est l'affrontement, le conflit qui s'accentue. Qu'en retour, les distractions elles-mêmes ont besoin de soulagement à la tension. Janus nous a racontés à quel point les sports devenaient de plus en plus violents par exemple, en étant rejetés tout aussi violemment par une autre partie de la population.

La violence pour soulager la violence, puis la violence contre la violence, quand cela cessera-t-il ?

Janus était étonné d'entendre que le groupe SS pense que les 7e sont infectés. Pour lui, il n'y a pas de symptômes discernables dans son groupe, mais qu'à bien y réfléchir, il est logique que les SS se réfugient derrière ça.


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V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]Where stories live. Discover now