7.9. JUILLET : De la FIN... la FIN (rapport V°7)

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7.9.

J'ai dû m'absenter.

Ah oui, les choses ont évolué.

Après avoir évalué les risques, importants, il nous fallait en débattre une ultime fois. Nous en avions besoin. Comme disait Mars, il faut concéder à chacun le pouvoir de penser ce qu'il veut et de dire ce qu'il pense. Nous nous sommes donc réunis au dixième étage, une dernière fois, pour discuter d'un sujet très important, essentiel à mes yeux...

La Liberté.

Fin des rapports, de la vérité à tout prix. La liberté occupait seule nos esprits.

Novembre a été désignée comme médiatrice afin de nous aider à réfléchir à ce choix, à ses conséquences, à nos motivations.

Pour autant, elle nous a dit en premier ce qu'elle en pensait. Étrange médiatrice, mais la situation était peu commune. Pour elle, la liberté est une fiction. Nous sommes tous conditionnés par notre environnement, notre éducation, notre culture, nos émotions, nos besoins. Nous n'avons pas de libre arbitre, nous ne faisons que réagir à des stimuli, à des influences, à des pressions. Sortir du Dôme ne vous rendra pas plus libres, au contraire, nous serons exposés à un grand nombre de risques, moins de sécurité, sans garantir plus de bonheur.

Ce fut au tour de Mai, toujours aussi sévère.

Elle n'était pas d'accord, c'est le moins que l'on puisse dire. Pour Mai, c'est exactement l'inverse. La liberté est loin d'être une fiction, c'est un devoir au-dessus de tout, comme la vérité. C'est ce qui fait de nous des êtres humains, des êtres dignes, des êtres responsables. Nous avons le pouvoir de choisir notre destinée, de donner un sens à notre existence, de créer des valeurs, de nous élever au-dessus de notre condition animale.

Sortir du Dôme est un acte à la fois courageux, noble et admirable. C'est affirmer notre volonté de vivre pleinement, face au monde, se confronter à la réalité. C'est accepter le risque et l'aventure qui font partie de la vie. C'est être fidèle à nous-mêmes, à nos rêves, à nos idéaux.

Juin partageait le point de vue de Mai.

Evidemment, cela n'a étonné personne. C'est une jeune éthologue exploratrice, curieuse de tout, même au risque de mourir. Elle veut sortir du Dôme pour observer les animaux qui ont survécu et muté, pour étudier leur comportement, leur adaptation, leur évolution. Je la soupçonne d'apprécier le monde d'aujourd'hui que celui d'hier. Elle veut connaître les nouvelles relations sociales, les respecter, les protéger.

Mais cela va plus loin. Elle a indiqué vouloir se confronter à ses propres limites, à ses peurs et à ses envies. Elle en a marre d'être ici. Elle veut se sentir vivante, vibrante et passionnée. Pour les petits yeux clairs de Juin, la vérité dehors est un émerveillement à vivre.

La dernière personne à réagir fut Octobre.

Septembre n'a rien souhaité dire, tandis que Juillet et Décembre avaient été exclus du partage, puisqu'il n'était pas souhaité de sortir à leurs côtés. Octobre a été tout aussi sévère que Mai, mais envers tout le monde ! Elle a commencé par un joyeux "Vous êtes bien naïfs, tous. Vous ne savez pas ce que vous dites. Vous ignorez l'histoire, les leçons du passé."

Pour Octobre, comme à l'image d'une prophétie, la liberté est trop risquée et conduit systématiquement à des drames. Même si le Dôme est arrêté, il ne peut être pire que le monde extérieur en ce moment, entre guerre, violence, maladie et mort. Selon elle, nous avons eu la chance de survivre sous le Dôme, de pouvoir construire ici quelque chose, et nous devons préserver ce bien précieux, ne pas le gâcher pour une illusion. Rester dans le Dôme est notre seul espoir.

Qu'en pensez-vous, Schröd ? J'imagine déjà votre réponse : un long et froid silence.

Cela vous amuse que nous restions ici, planqués ? Et ces rôles donnés à Juillet et Décembre, alors ? C'était bien pour nous espionner et nous maintenir à distance de tout ça, non ?

Je ne sais pas quoi faire. Je comprends les arguments des uns et des autres, mais je n'arrive pas à me décider. Comme vous le savez, Schröd, j'en ai marre. Je veux simplement être débarrassée de toute responsabilité, mais cela revient encore et toujours. Je sais que ce n'est pas possible. Je sais que je dois choisir par moi-même, assumer les conséquences, vivre avec les regrets.

Je ne sais pas si je veux sortir du Dôme ou y rester. Je veux être libre, mais quel est le bon moyen ?

Décembre m'a prise dans ses bras. Elle a vu mes doutes. En ne disant rien, elle a compris mes hésitations, des peurs. Ses bras me murmuraient "c'est humain".

Je savais que Mai serait contre, et ce qu'elle me répondrait, mais je voulais décider avec mes sentiments, avec mes désirs, mon intuition et mon instinct. Je suis épuisée d'écouter la raison. Faire ce qui est juste et qui respecte ma dignité humaine, c'est dans mes tripes ; comme un chat en cage, j'ai besoin de sortir.

Libre de sortir du Dôme, de voir le monde, de vivre autrement.

Libre de suivre mon élan vital.

Libre de m'épanouir.

Libre de prendre des risques.

Libre d'être moi-même.

Libre de mourir.

...

La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur.

Je vais sortir.

Adieu, Schröd.


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V.12, de la FIN le DEBUT [Livre interactif - terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant