Chapitre 12

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Le lendemain, j'étais étonnée de ne voir personne dans le dortoir. Pourtant, je m'étais réveillée tôt... Je descends de mon lit après avoir planqué mes poupées dans ma taie d'oreiller (oui, avec ces abrutis, la paranoïa est à son comble.). En bas, il n'y a personne. En fait si, mais je ne sais pas où ils sont. Je regarde un peu partout, légèrement flippée. Je passe par la cuisine où je prends un bout de pain (j'adore le pain) que je fourre dans ma bouche tout en saisissant un grand couteau de cuisine. Je regarde partout, scrutant chaque recoin de chaque pièce dans laquelle je passe. Au final, il n'y a personne. Nulle part dans l'orphelinat.

Je me risque à jeter un coup d'oeil dans le jardin. Je vois un attroupement d'enfants au pied d'un arbre. Ma main hésite à attraper la poignée de la porte. Je tremble, je ne sais pas pourquoi. Peut-être ai-je peur de ce qui se trouve de l'autre côté de la porte.

J'entends un rire. Je me retourne et vois ces yeux et ce sourire qui ne me quittent plus depuis peu de temps. Depuis mon anniversaire, en fait. La personne à qui ils appartiennent semblait morte de rire. Je le fixe, légèrement étonnée. J'hésite à m'avancer ou à lui parler, mais au final les mots sortent de ma bouche sans que je ne puisse les contrôler :

-Qu'est-ce-qui vous fait rire ?

-Oh, trois fois rien. Le spectacle à l'extérieur.

Il se rapproche, mais sans que je ne comprenne pourquoi, l'ombre avance avec lui, le gardant caché et inconnu à mes yeux. Il me dit d'un air assez sérieux, mais tout de même rieur :

-Considère ça comme une revanche pour toi. En fait, disons plutôt un cadeau. Et parce que je tiens à ce que nous restions amis, je t'en ferais d'autres, d'accord ?

Je ne répondis que ces quelques mots :

-Excusez-moi, mais je suis curieuse. De quelle sorte de cadeau s'agit-il ?

-Tu le sauras bientôt. Je suis sûr que ça te plaira, tu écris énormément ce genre de choses...

Il me fixa encore quelques secondes avant de disparaître.

Putain, j'ai pas rêvé, là ?

Il a bien dit qu'il lisait mes écrits ?

Pu-taaaaaaaaaaain... Il y a quelqu'un qui lit mes conneries !!!

Je ne sais pas comment je dois le prendre : Est-ce-que je dois me mettre en colère parce qu'il fouille dans mes affaires ou est-ce-que je dois être heureuse parce que quelqu'un s'intéresse enfin à ce que je fais ?

Maintenant que j'y pense, il a bien dit que sa surprise s'inspirait de mes écrits ?

J'ai des doutes, là... Il aurait quand même pas tué quelqu'un ?

Oh putain... Je me précipite dehors et écarte les autres enfants doucement pour voir ce qui se passe.

Et là, je crois que c'est un des spectacles les plus satisfaisants que j'ai jamais vu.

La directrice était dans un état lamentable : elle se tenait assise, mais ses membres étaient tordus dans des angles inquiétants, comme s'ils étaient recroquevillés sur eux-même et cherchaient à se détendre. On aurait dit une poule en train de battre des ailes. Ridicule.

Ses yeux étaient grands ouverts, exprimant une terreur sans nom et sa bouche semblait encore crier, soit de douleur, soit de terreur. On pouvait distinguer une longue trace de sang séché sortant de sa bouche pour couler jusque dans son cou. Sa gorge était tranchée d'un seul coup, à en juger par la marque.

Celui qui a fait ça ne devait avoir aucune hésitation, une lame bien acérée et un tranché précis. Je n'ai jamais vu ça.

Le sang séché semblait encore se verser en flots jusque sur sa chemise trempée, répandant une tache brunâtre qui avait l'air immonde comparé à la fascination du spectacle qui s'offrait à moi.

La directrice avait toujours été laide. Mais quand je l'ai vue ce jour-là, j'ai pensé qu'elle n'avait jamais été aussi belle qu'ensanglantée, cette expression de terreur figée sur son visage inanimé qui resterait ainsi pour l'éternité.

Jason the ToyMaker fanfictionWhere stories live. Discover now