Chapitre 34 : She wasn't just a girl, she was THE girl.

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Elle regarda longuement la blonde s'éloigner et ce mêler à la foule comme si de rien n'était souriante, et riant d'une manière incroyablement hypocrite qui mettait Allison hors d'elle. Une fois de plus cette peste qu'était Naomie avait essayé de lui gâcher sa soirée mais la brune était formelle, ce soir, la reine des abeilles aurait beau faire tout contre elle, elle ne s'en préoccuperait pas et ne relèverait pas. C'est en rentrant dans ce genre de jeu, avec ce genre de filles qu'on finit par perdre la tête et Allison n'avait aucune envie de laisser Naomie l'entuber, elle était pour elle, une simple jeune fille populaire, complètement immature et esclave des apparences, rien d'autre.
L'adolescente secoua la tête pour ôter Naomie de son esprit et baissa un court instant les yeux sur le tissu clair qui ornait magnifiquement sa robe, elle le contempla, la finesse des traits, la légèreté du satin et sa coupe sublime faisaient que ce soir, pour la première fois Allison avait l'impression d'être un peu jolie. Et bien sur qu'elle l'était mais elle ne s'en rendait pas compte, comme toujours c'est d'ailleurs pour ça que Naomie ne portait pas la brune dans son coeur, car celle si possédait beauté et fraîcheur naturelle. 

Harry qui était allé chercher des boissons n'avait à vrai dire pas quitté des yeux la brune, même plantée, solitaire au milieu d'une salle peu illuminée, elle restait la plus belle, la plus délicate, la plus violente, la plus torturée et la plus souriante des créatures qui avait été amené à croiser son chemin. 
Peu à peu le jeune homme oublia les verres, les posant sur une table environnante et puis qu'importe, il était venu ici pour être et passer une soirée avec une fille qu'il aimait. 
Non pardon, il était venu ici pour passer sa soirée avec LA fille. 
L'unique, la seule : Allison.

Doucement, il avança trouant la foule, il ne se rendait pas bien compte ou se foutait carrément du monde qu'il pouvait bien y avoir dans la salle, il ne voyait plus que la peau d'argent de la jeune fille enjolivée de sa robe azur. Aussi difficile que ça puisse paraître, le bouclé pouvait même sentir sur sa peau, sur ses vêtement l'odeur passée de l'adolescente, son odeur atrocement enivrante. Alors que le jeune homme marchait toujours, en direction d'Allison, celle ci venant de cesser de contempler sa robe leva les yeux créant ainsi un immense trou dans la poitrine d'Harry qui immédiatement rentra en contact avec les iris de la brune. C'était incroyable comme ces deux petites étincelles bleues faisaient néons dans le noir, transperçant le bouclé de tout son être, luisant et s'ancrant en lui sur une profondeur incommensurable.

Touché.

Un regard une fois de plus, un simple échange entre deux paires d'iris, rien de plus banale; en revanche, Harry et Allison, deux êtres bien loin de partager un amour des plus banales.

Arrivé à quelques centimètre de la main de la jeune fille, Harry la saisit, la caressant bien évidement tandis que Allison avait posé les yeux sur leurs mains entre-mêlées. Elle voyait avec difficulté mais le touché d'Harry sur sa peau parlait à la place d'une image, elle savait comme toujours qu'il déplaçait son index avec grâce sur sa paume délicate. Alors, elle sourit simplement. Qu'est-ce qu'il aimait ça, la voir sourire, le jeune homme tentait de garder en mémoire le moindre des rictus que la jeune fille avaient pu lui offrir, il les chérissait comme ses biens les plus précieux, tel qu'un diamant, une perle rare, une voiture hors de pris...Pour lui, les sourires d'Allison valaient mille fois plus que tous les trésors. Car derrière ceux-ci il savait que ce trouvait une fille autrefois détruite qui à présent reprenait plaisir à la vie jour après jour, et c'est pour ça qu'il les aimait tant car ils étaient un symbole, le symbole d'une renaissance.

Tendrement et sans la brusquer, il la traîna à petits pas sur la piste de danse ou plusieurs couples évoluaient déjà au rythme d'une musique douce et berçante. La jeune fille n'aimait pas danser, elle n'aimait simplement pas se donner en spectacle, Harry le savait ou du moins s'en doutait, il essayait de l’amener à lui, avec hésitation car il avait toujours peur qu'elle se replie. Elle y avait songé, une ou deux fois d'ailleurs mais elle savait combien son bonheur était important pour Harry. 
Elle savait que pour l'instant elle n'avait aucune envie de danser, aucune, mais elle y allait quand même pour Harry car malgré tout son bonheur à lui passait avant tout, comme celui de la jeune fille pour lui. 
Oui, leur l'amour était un cercle vicieux, un putain de cercle vicieux mais également un putain de miracle, Harry cherchait juste sa Allison pour réussir à le faire prendre conscience du mec qu'il devenait et elle ne cherchait que son Harry pour lui apprendre à aimer la vie à nouveau.
Oui, elle était juste cette fille détruite, sans sourire, sans émotions, brûlante de douleur.
Il était juste ce mec populaire, ce tombeur, ce parfait cliché.
Et pourtant, ensemble, ils faisaient ressortir le meilleur de l'autre.
Une fois de plus une ironie parfaite ne faisait que démontrer que les opposés s'attirent sans relâche et dans le cas d'Allison et Harry le mot est faible, trop faible, ils ne s'attirent pas, c'est plus que ça, ils sont comme aimantés, dès qu'ils se sont vu ils ont su que ce ne pouvait être que eux deux. Personne d'autre qu'eux, c'était certain.

Le brun comprima avec fragilité et réticence le corps fébrile de la jeune fille au sien pour doucement commencer à suivre le rythme de la musique, entraînant Allison dans un semblant de slow. Peu à peu l'adolescente qui avait enroulé tendrement ses bras autours de la nuque du bouclé plaça sa tête contre son torse battant vivement. Le garçon laissa glisser ses mains le long du dos d'Allison avant de les laisser s'échouer et s'immobiliser en haut de son fessier, il rapprocha sa tête de la jeune fille paisiblement installée sur son thorax, les lèvres libérant un souffle chaud qui laissait frissons et bouffée de chaleur monter à travers la jeune fille.

Le temps s'arrêta et l'éternité s’installa soudainement, leur jurant un instant que ce moment ne prendrait jamais fin, leur promettant que jamais leur amour n'aurait de terme. Le monde avait disparu, ne laissant à présent plus que leurs deux corps enflammés sur la piste de danse, même la musique ne semblait plus perceptible à leurs oreilles assourdies par leurs respirations mutuelles. Oui, un infini vous dis-je, un infini de promesses et de projets futurs. Une éternité d'amour.

- S'il vous plait votre attention à tous !

L'éternité en quelques secondes s’effondra laissant place à un cri strident qui vint à résonner dans tout le réfectoire, Allison et Harry déçus se délassèrent, soudainement la jeune fille s'immobilisa, elle devint de marbre. Naomie venait de monter sur scène et avait un micro en sa possession, c'était elle cette voix nasillarde qui venait de gâcher la magie qui vivait à travers Allison.
Elle soupira, regardant Harry qui lui aussi avait l'air accablé par le comportement immature de la blonde.

- Tu vas voir elle va encore vouloir faire son discours à la noix, susurra t-il rieur à l'intention d'Allison.

Celle ci rit un instant avant de se reconcentrer sur la scène ou la blonde tapotait le micro s’apprêtant à parler.

- Bon ce soir je ne suis pas venu sur cette scène vous faire un discours mais pour vous parler d'une amie qui m'est très cher ! 

Un silence de mort tomba, apparemment ça étonnait tout le monde, Allison la première.

- Mon amie est ici même dans cette pièce et je vous prierai d'être gentils avec elle car elle n'a pas eu un passé très facile...

Le coeur d'Allison connu un long raté, tandis que ses yeux chutèrent.

- Cette fille, elle s'est fait battre par son père, oui mais quand je dis battre c'est vraiment le mot fort, elle a perdu sa mère, je la soupçonne même de l'avoir tué, après tout qui sait ? Elle rit, ensuite elle a été toute sa vie en foyer, ou elle était toute seule, oui solitaire, elle appuya sur le mot fortement, ensuite elle a rencontré Harry, ouais le Harry qui vous connaissez tous, celui qui couchait à droite à gauche, celui qui traitait toutes les filles de " putes " celui qui insultait les filles rondes dans les couloirs, celui qui... elle interrompit sa phrase, enfin bref vous m'avez compris, elle ricana une nouvelle fois. 

Allison avait le coeur lourd, elle était complètement détruite, cette peste l'avait une fois de plus complètement réduit à néant. Elle avait tellement mal que les larmes étaient bloquées dans sa gorge comprimée de rage croulant sous la peine et la haine douloureuse. Tiraillée elle n'osait pas bouger alors que tous les regards étaient à présent braqués sur elle et sur Harry à qui elle ne tentait pas de jeter un regard. Les yeux divaguant dans un silence trop lourd, les poings serrés, elle laissait couler sur ses joues pâles des pleurs imaginaires, des pleurs saignants.
La blonde fière de sa trouvaille, sourit puis reprit à nouveau.

- Oh oui et aussi, j'ai oublié de préciser quelque chose, dis moi Harry, elle sourit hypocritement avant de se tourner vers l’intéresser. Allison t'a t-elle raconté les moindres détails de son passé ? Parce que moi si tu veux je les connais, et moi qui pensais que vous vous faisiez confiance, tu lui a raconter pleins de choses sur toi mais au fond tu sais quoi d'elle ? L'amour n'est-il pas censé aller à double sens ? Parce que j'ai comme impression que tu te fais réellement avoir là ! cracha t-elle alors qu'une réelle larme roula au coin de l'oeil brisé d'Allison.

Elle pensait avoir tout vu, tout connu, tout entendu, toutes les choses les plus atroces au monde, mais cette fois s'en était trop, elle s'attaquait à Harry, à ses sentiments pour lui, il était vrai qu'elle n'avait presque rien dit à Harry simplement parce qu'elle ne voulait pas en parler, elle avait simplement le mal de la vie mais la jalousie de Naomie ne justifiait en rien son comportement effroyable. Allison était au bout, à deux doigts de craquer et d'éclater en sanglots.
Un lueur de confusion sembla traverser les yeux du brun alors qu'Allison le regardait, déçu. 

- Comment tu peux croire Harry qu'elle t'aime vraiment ? Qu'est-ce qui te fait dire que tu n'es pas qu'une simple passade dans sa vie, qu'un simple objet qui lui a permis de se faire des amis ici.

Le bouclé resserra les dents, le regard haineux.

- Naomie ta gueule ! hurla t-il hors de lui.

Elle rit simplement les yeux malicieux.

- Bon très bien très bien je vois que mon discours amical arrive à son terme, et tu sais Allison, ton ancien foyer n'est pas très confidentiel en ce qui concerne le passé de ses pensionnaires, il a suffit d'un coup de fil et d'un petit billet et le tour était joué ! 

Elle descendit claquant les talons avant de rapidement quitter la salle.

La jeune fille ne sentait plus ses pieds, ni ses jambes d'ailleurs, à vrai dire elle n'était même pas sur de pouvoir encore ressentir son coeur battre. Les larmes tombaient régulièrement, laissant d'immenses et affreuses traînées noires sur ses joues livides à faire peur. Son organe vital ne lui faisait que trop mal, elle aurait aimé le saisir pour l'arracher à pleine main et le jeter loin, très loin.
Harry s'approcha d'elle, collant sa main à son bras.

- Dégage, cracha t-elle.

Le brun parut surprit dans un premier temps mais ne s'approcha pas d'avantage.

Les regards ne cessaient de fixer la jeune fille en pleurs au milieu d'une piste de danse maintenant désertique. Allison attendait de pouvoir retrouver l'usage de ses jambes dans l'espoir de les prendre à son coup et de partir, loin, hors de cette fête de sauvage.
Comment un conte de fée avait-il pu virer au pire cauchemars ?

Peu à peu, elle sentit à nouveau ses membres, mais la douleur se fit plus grande, elle trouait ses entrailles, elle préféra quitter la pièce en courant avant qu'elle ne fasse une scène d’hystérie totale devant cent personnes.

Elle courait, ses pieds lui faisaient atrocement mal, mais elle n'en avait que faire son coeur et sa tête, même son esprit la brûlait de l'intérieur, en quelques secondes, à l'aide de quelques mots : Naomie avait réussi à rendre à Allison cette part d'elle qu'elle espérait oublier, cette part d'elle effroyable, cette part d'elle détruite, brisée. Oui Naomie avait rendu à Allison sa torture.
Une fois arrivé dehors elle se stoppa, elle se trouvait en plein milieu d'un parking débordant d'eau, en vérité il pleuvait à torrent mais elle ne le remarquait pas, elle se contentait de rester dans une incompréhension totale alors qu'une avalanche de pluie venait ruisseler sur sa peau.

Coulée.

Des bruits de claquement se firent entendre, Allison ne bougea pas pour autant, elle savait que Harry l'avait suivit mais elle ne voulait pas de lui maintenant.

- Je suis désolé.

Bien que détruite un sourire presque ironique glissa sur ses lèvres, toujours de dos.

- Ouais désolé, arrête d'être désolé, t'y peux rien c'est fait, c'est fait.

Il était confus, il voulait tellement trouver les bons mots pour la rassurer, mais les bons mots avaient déjà été prononcé, Allison n'avait juste pas compris le sens exact de ces mots " Désolé que cette soirée si parfaite pour toi et si attendu soit gâchée, désolé que la fille qui te fait la misère le fasse parce qu'elle m'aime encore, désolé de ne pas l'avoir frappée et insultée, désolé d'être entrain encore de trouver des excuses alors que toi tu souffres, désolé de ne pas trouver les mots pour te dire à quel point je veux être là pour toi, pour que tu me raconte tout, pour te libérer." Voilà ce que signifiait ces mots véritablement.

- Allison je veux juste t'aider moi... soupira t-il.

Elle pleurait, ne cachant plus rien du tout.

- Tu veux m'aider ? Et ba laisse moi seule s'il te plait.

Il fit les gros yeux et marcha pour se poster devant elle, elle baissa automatiquement ses yeux, elle n'était pas consciente de ce qu'elle disait, elle était disons dans une état second.

- Allison, je ne vais en aucun cas te laisser seule, pas maintenant alors que tu as besoin de moi, articula t-il.

Il lui saisit la main à nouveau, elle se raidit serrant les dents, Harry devait comprendre qu'elle voulait être seule après ce qu'elle venait de vivre, un traumatisme nouveau venait de la frapper. Sa douleur ne se faisait que plus grande et elle ne voulait pas à avoir à se justifier. Elle lâcha la main d'Harry, planta un regard noir dans le sien.

- Dégage je t'ai dit, cracha t-elle.

Born To Die / h.sWhere stories live. Discover now