20-Nouvelle vie

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- Oui, je le jure.

J'entendis clairement Istran soupirer dans mon dos. Xarent ne parut pas surpris le moins du monde. Il souleva mon voile, me prit dans ses bras et déposa un tendre baiser sur mes lèvres. La foule dans notre dos, se leva, applaudit et hurla le plus fort qu'elle put. Les réjouissances commencèrent. Les gens vinrent nous féliciter alors que je ne connaissais même pas leur visage. Ils mangeaient et buvaient autour des tables qui avaient été spécialement disposées dans le jardin de la ville haute. Les musiciens reprirent bien vite leurs places et la musique résonna jusqu'à tard dans la nuit. Xarent m'emmena sur la piste de danse. Je me sentais gauche et pataude mais Xarent semblait si à l'aise au milieu de tous ces gens qui ne cessait de nous regarder. Il me gardait en permanence à ses côtés, serrée contre lui comme s'il craignait qu'Istran ne me récupère ou que je parte en courant. La nuit s'étirait et la fatigue me gagnait. Xarent le remarqua et dans un sourire qui dévoilait toutes ses dents, il me susurra à l'oreille.

- Et si nous nous éclipsions ? Après tout, vous devez encore visiter votre nouvelle demeure.

- Je ne sais pas si j'ai le droit.

- Vous êtes mon épouse à présent. Plus rien ne vous est interdit. Vous êtes libre de passer vos journées à vaquer dans le Promontoire déguisée en domestique, si tel est votre bon plaisir.

Je me retournai pour l'observer, étonnée qu'il soit au courant.

- Vous pensiez vraiment que je ne me serais pas renseigné avant de vous dire oui ?

- Je... Je ne sais pas.

- Je voulais juste vérifier qu'Istran ne se moquait pas de ma famille. Allez, venez. Votre nouvelle vie vous attend.

- Mais toutes mes affaires sont encore dans la demeure des Alexi Elle.

- À vrai dire, non. Elles ont été transportées cet après-midi dans notre maison. Ainsi, rien ne vous oblige à retourner là-bas.

Je fus soudain effrayée. Et si Xarent n'était pas du tout l'homme qu'il prétendait être ? Je ne pouvais rien contre un élu. Istran et Aëryk me l'avait prouvé plusieurs fois. Alors que cette journée marquait le début de ma nouvelle vie. Je me sentais plus démunie que jamais. Quoi qu'il arrive à présent, je ne pouvais plus faire marche arrière. Peut-être avais-je échangé un tyran pour un autre, plus brutal encore. Ou peut-être serais-je enfin réellement libre. Décidément cette journée état forte en émotion.

- Dans ce cas, allons-y.

Xarent sauta presque sur place. Il me prit la main et partit en courant en me traînant presque à sa suite. Je fus obligée de saisir ma robe à pleine main pour éviter de trébucher. La maison des Alexi Elle était très proche du palais de par la position sociale que ma famille avait toujours occupée. Mais la maison que la famille Aura avait achetée pour Xarent et moi, était plus éloignée de la ville haute. Elle était bien plus petite, mais raisonnablement spacieuse et cela rajoutait à son charme. Xarent introduisit la clé dans la serrure et poussa le battant. Il s'apprêtait à entrer quand il se ravisa.

- Me permettriez-vous, ma chère, de vous aider à franchir le seuil ?

Sa question me surprit, je n'en comprenais ni la teneur, ni le sens. Et encore inhabituée à tant de politesse, je ne sus que répondre. Il prit ma main et d'un geste habile la glissa derrière sa nuque. Ses mains vinrent se placer dans mon dos et au niveau de mes genoux et il me souleva de terre et me porta du perron jusqu'au vestibule.

- Bienvenue dans votre nouvelle demeure Mme Xarent Aura. Je sais qu'elle est plus petite et moins bien placée que celle de votre famille. Mais j'espère qu'elle saura vous convenir.

Xarent me reposa sur le sol et entreprit de me faire visiter la maison. Elle ne possédait pas de cour intérieure, ni une multitude de chambres et de salons. Et pourtant, je trouvais cette maison plus accueillante et plus chaleureuse. Les deux petites malles qui rassemblaient l'ensemble de mes affaires m'attendaient déjà dans ma nouvelle chambre à coucher. Alors que j'y pénétrai pour mieux la découvrir, Xarent resta sur le pas de la porte.

- Je dois vous avouer qu'à partir de maintenant, je ne sais que faire. Mes parents m'ont expliqué les devoirs qui m'incombaient, cependant, je refuse de vous forcer. Je suis prêt à dormir sur le fauteuil si c'est ce que vous souhaitez.

Une nouvelle fois, mon sang ne fit qu'un tour. Toute chose àa un prix ici-bas. La seule question que je devais garder à l'esprit était : suis-je prête à le payer ? Xarent dut remarquer mon air perdu car il reprit la parole aussitôt en tentant de se justifier.

- Je veux que vous sachiez que je ne suis pas plus expert que vous en la matière. Je n'ai jamais pratiqué ce genre d'acte.

Ne sachant que lui répondre, je gardais la bouche close. Je m'assis sur le lit en continuant de le regarder. Xarent vint s'asseoir à mes côtés en regardant bêtement ses pieds.

- J'ai adoré vous embrasser tout à l'heure. Me permettriez-vous de recommencer ?

Mon cerveau avait déjà pris sa décision. Je ferais ce qu'il faut pour finir de me libérer du joug d'Istran et contenter Xarent en espérant qu'il ne devienne pas un tyran à son tour. Mais mon cœur balançait. En ce jour si fatidique pour le reste de ma vie, je ne cessais d'hésiter. Et en cet instant qui devait décider du reste de ma vie, je repensai à l'élémentaliste qui, alors que je ne connaissais même pas son nom, avait réussi à allumer en moi une flamme de désir si puissante qu'elle me fit vaciller. Xarent me rattrapa et me serra contre lui.

- Il n'est nul besoin de tant vous inquiéter. Je ne suis pas Istran. Je ne vous forcerai jamais. Et les quelques domestiques que je possède sont très fidèles envers ma famille. Ils n'oseront jamais nous calomnier. Laissez-vous aller Dragonne. Je ne vous ferais jamais de mal.

Alors qu'il resserrait son bras autour de mon corps, sa main gauche attrapa ma joue et ses lèvres vinrent se coller aux miennes. Il m'embrassa tendrement et avec une douceur infinie. La flamme qui s'était allumée en moi lorsque j'avais pensé à l'élementaliste grossit tandis que la main de Xarent descendait le long de ma nuque. Ce geste, si banal, réussit à déclencher en moi une curiosité étonnante. Je me surpris par mon audace lorsque je lui rendis son baiser. Il grogna, ses mains se mirent à parcourir mon corps. Ses caresses me détendirent rapidement et je fis de même. Mes mains se promenèrent sur son torse et finirent par se glisser sous sa chemise. Nos bouches finirent par se séparer et ce fut mon tour de grogner. Je ne voulais pas qu'il arrête. Il nous remit debout et avec des gestes lents et attentionnés, il entreprit de dégrafer ma robe. Lorsqu'il libéra le dernier bouton, la robe glissa le long de mon corps. Je me retrouvais debout uniquement vêtue de mon corset porte jarretelle et de mes bas en lin, ma robe formant un tas d'étoffes à mes pieds Xarent me reprit alors dans ses bras et recommença à m'embrasser. Je me saisis de sa tête à deux mains et lui rendis chacun de ses baisers.

Le fouet : cet art méconnuWhere stories live. Discover now