26-Les ruines d'Ascalon

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Après quelques minutes de détente, nous finîmes par sortir du bain. Le sol du balcon glacé par la neige brûlait mes pieds nus. Je courus à l'intérieur pour me sécher et enfiler la tunique et le pantalon qui avaient été préparés à mon intention. Les vêtements chauds sur ma peau fraîche finirent de me détendre. Affamée je pressai Xarent de s'habiller afin de pouvoir appeler un domestique. Après un petit déjeuner qui ressemblait plus à un déjeuner au vu de l'heure, nous descendîmes en bas de la tour. Après de longues minutes de descente dans un escalier en colimaçon nous arrivâmes sur les immenses engrenages qui composaient la rue. Là, deux de nos domestiques et un Charr inconnu attendaient, tenant chacun par la bride un animal étrange. Le Charr semblait dérangé par la présence inhabituelle de la neige, mais aussi car il semblait ne jamais en avoir vu d'aussi près. Les montures me donnaient peu envie. Elles semblaient agitées et avaient de grandes dents, des petits yeux perçants, une peau écailleuse et une grande queue fouettant le sol.

-         Des raptors. J'ai pensé que nous pourrions visiter les plaines d'Ascalon en les chevauchant.

Toute heureuse que j'étais de découvrir un nouveau moyen de transport, ce dernier ne m'inspirait guère confiance. Xarent s'approcha d'un des raptors et lui flatta l'encolure. Le raptor répondit en s'ébrouant.

-         De quoi une Dragonne peut-elle avoir peur ?

-         De mourir dévorée par une de ces créatures par exemple.

Alors que je n'esquissais pas le moindre mouvement en direction de nos montures, le guide s'approcha.

-         Laissez-moi me présenter. Je m'appelle Danmau et je serai votre guide aussi longtemps que vous resterez parmi nous. Je puis vous assurer que les raptors sont dressés avec une attention toute particulière. Aucun de nos raptors n'oserait s'en prendre à un cavalier. Ils sont beaucoup trop bien traités pour cela.

Danmau fit un geste de sa main m'invitant à m'approcher. Timidement je vins à ses côtés. Je me sentais beaucoup trop près de cette créature qui pouvait décider à tout moment de me faire du mal. Danmau flatta son encolure et le raptor poussa sa tête contre sa patte comme si elle voulait prolonger le contact. Avant que je n'aie eu le temps d'ouvrir la bouche, Xarent me saisit par les hanches et me déposa sur le raptor. Instinctivement je me crispai, redoutant le moment où ma monture se rebellerait, mais elle ne fit rien. Xarent et Danmau enfourchèrent aussi leurs montures. Celle de Danmau était plus grosse et plus grande que les nôtres, mais vu la taille d'un Charr, il était étonnant qu'un raptor puisse le porter et que lui-même accepte d'être porté de la sorte.

Les domestiques prirent congé. Danmau et Xarent paraissaient tellement à l'aise sur leur raptors, que cela paraissait inné pour eux. À chaque fois que ma monture faisait un geste, je ne savais comment réagir. Je me sentais gauche, maladroite et loin d'être dans mon élément. Xarent prit le temps de m'apprendre à diriger ma monture qui portait le nom d'Arkha. C'était une femelle raptor, la plus petite de sa portée. Laissée pour compte à sa naissance, les Charrs s'étaient occupé d'elle. Ils avaient rapidement découvert que derrière son côté docile se cachait une monture extrêmement agile et rapide. Après une bonne heure de cours, nous prîmes la direction de la sortie de la ville. Je la maîtrisais plutôt bien quand d'un malencontreux coup de talon je lui fis croire qu'elle devait déployer sa puissance. Arkha fila si vite qu'elle distança les montures de Xarent et de Danmau en un clin d'œil. Elle filait plus vite que le vent qui asséchait mes yeux. Les plaines desséchées d'Ascalon s'étendaient sous mes yeux à perte de vue. Sable, terre battue, rochers et arbres morts s'enchaînent sous mes yeux pendant que j'entendais la voix de Xarent hurler mon nom au loin. Je ne luttais pas contre Arkha, j'accompagnais les mouvements de son corps en harmonisant les miens. Nous traversions des villages, et des fossés en un éclair quand Arkha finit par ralentir sa course pour s'arrêter au sommet d'un amas de rochers. Devant moi s'étendaient les ruines d'une antique cité. Et partout, des fantômes. Certains se baladaient paisiblement, d'autres se battaient contre des vivants. Charrs, Asuras, Humains et Norns luttaient coude à coude pour venir à bout des fantômes, qui eux, étaient tous humains. Je restais en haut de mon rocher à les observer en caressant machinalement l'encolure d'Arkha. La ville, qui avait dû jadis être majestueuse, était creusée et sculptée à même la paroi de la montagne. Les hautes colonnes et les arches étaient finement ouvragées et semblaient datée de bien avant l'arrivée des humains. Xarent et Danmau finirent par me rejoindre.

-         Je pensais avoir proposé une ballade. Pas une course.

-         Tu dis ça parce que tu es jaloux. Ta monture est loin d'égaler la puissance de la mienne.

Xarent souriait comme un enfant et je lui rendais son sourire.

-         Danmau , peux-tu nous parler de la cité que nous avons face à nous ?

-         Mais avec plaisir.

Alors qu'elle raconta l'histoire de cette cité d'Ascalon et la rude bataille qui opposa les humains au Charrs, je ne quittais pas Xarent des yeux. Je pouvais deviner le moindre bout de peau que ses vêtements dissimulaient. Je savais que sous ce pantalon ample, se cachaient des jambes capables de me porter. Sous sa veste, un torse imberbe et des bras capables de briser mes os s'ils serraient trop fort durant nos étreintes. Et au bout de ces bras, ces mains. Si ingénieuses lorsqu'il s'agit de me faire jouir que leur seule vue me fait rougir. Et cette bouche... si habile dans ses baisers que ma peau semble être marquée au fer rouge après chacun de ses passages. Je n'écoutais plus Danmau depuis maintenant un petit moment. Xarent lui restait concentré et posait souvent des questions. Je préférais laisser mon esprit se perdre dans le souvenir de notre matinée et imaginer ce que pourraient donner nos nuits futures. Le contact de son corps contre le mien me manquait et j'aurais voulu passer la journée nue dans ses bras bien que le grand air me faisait le plus grand bien. Le soleil était encore haut dans le ciel et je ne pouvais décemment pas leur demander de rentrer de suite. Plus je le regardais, assis droit sur sa selle, plus je sentais le désir monter en moi. Instinctivement mes jambes se resserrèrent sur Arkha et mon bassin eut un léger mouvement avant que je ne reprenne le contrôle sur mon corps. Danmau venait de finir son exposé sur la cité et nous repartîmes tranquillement pour faire le tour du lac. Je restais à leurs côtés, profitant de la vue que j'avais sur la campagne alentour et sur Xarent qui menait sa monture d'une main ferme. Je n'arrivais pas à m'ôter de l'esprit la pensée de nos corps entremêlés.

Le fouet : cet art méconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant