25-Neige et balcon

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Alors que je tombais vers le sol, celui-ci disparut pour laisser place au vide. Je me sentais chuter mais tout était noir autour de moi. J'avais l'impression d'être coincée dans une boucle sans fin m'attirant toujours plus près du sol et l'éloignant de moi en même temps. Je commençais à m'habituer à la sensation de chute, au vent dans mon dos qui tentait de me ralentir et au vide dans mon esprit. Je me sentais apaisée comme si un stress sous-jacent venait de me quitter. Soudain, alors que je perdais conscience de mon propre corps, une voix masculine qui résonnait familièrement à mon oreille, prononça mon nom. D'abord avec douceur, puis de plus en plus violemment. Je sentais des mains m'agripper les épaules et me secouer, pourtant je continuais de tomber, seule, dans le noir. Et d'un coup, j'ouvris les yeux. Xarent se tenait face à moi, le visage tordu par la peur, qui céda sa place au soulagement lorsqu'il vit que je le regardais. Il s'assit sur le lit à mon côté, éreinté et haletant. Il prit sa tête dans ses mains et se força à respirer plus calmement.

- Dragonne, je ne pense pas réussir à vivre vieux si tu me fais ça tout le temps.

- Faire quoi ?

- Tu étais froide et immobile. Ta respiration étais infime. Dis-moi, que tu me jouais un mauvais tour.

- Pas vraiment. Je crois que je rêvais.

Xarent semblait épuisé. Nous étions partis en vacances pour quitter la pression et le stress de la ville. Mais c'était moi la cause de son stress. Que Xarent qui ne me connaissait que depuis quelques mois s'inquiète autant à mon sujet me touchait profondément. Pour la première fois, un homme prenait soin de moi. Plus je le regardais, et plus je voyais sa gentillesse et sa beauté. Sous certains aspects, il dépassait le bel élémentaliste. Lors de nos derniers ébats, il avait même réussi à me le faire oublier. Lorsque Xarent serrait ses bras autour de moi, je n'imaginais plus le visage de cet homme sculpté dans la pierre. Je n'imaginais plus les mains d'un autre homme parcourant mon corps alors que Xarent s'efforçait de m'être agréable.

Rassuré de me voir en vie, il finit par se rendormir. Je regardais son visage si serein alors que je commençais de nouveau à ressentir en moi cette pression qui m'oppressait. Enroulée dans un drap je quittais discrètement le lit pour m'approcher du balcon. La fraîcheur du jour levant me força à resserrer le drap autour de mon corps. La ville, perpétuel amas de ferraille et de poussière, semblait agoniser à mes pieds. Les Charrs s'éveillaient un à un, certains venaient relayer leurs camarades vigies pendant que d'autres vaquaient tout simplement à leurs occupations. Cette façon de vivre me fascinait. Ils vivaient bien plus simplement que les humains et pourtant, ils partageaient tant de choses. Je regardais le soleil pointer ses premiers rayons à travers l'épaisse couche de fumée noire omniprésente. Lorsque le soleil fut relativement haut, du moins je l'imaginais haut, un domestique vint préparer mes vêtements pour la journée. Je fus étonnée de trouver une tunique et un pantalon. Du regard j'interrogeais la servante.

- Maître Xarent nous a demandé de vous trouver cette tenue. Il a dit qu'elle vous serait utile aujourd'hui.

Je ne cherchais pas à en savoir plus. Xarent avait sûrement ses raisons. J'attendis en silence qu'elle finisse de me faire couler un bain et je m'y plongeai. La baignoire était orientée de telle manière que je pouvais continuer d'observer le ciel. Les rayons du ciel et les nuages jouaient à cache-cache alors que les bruits assourdissants de la ville se faisaient de plus en plus oppressants. La chaleur de l'eau m'aidait à me détendre et je commençais à somnoler de nouveau quand je sentis l'eau se réchauffer. La seconde d'après, une main froide se posa sur mon épaule. Surprise je me retournais en tentant de cacher mes attributs de mes mains.

- Tu n'as rien à dissimuler que je n'ai déjà vu.

- Xarent !

- Me ferais-tu une petite place ? Je promets de ne pas te refroidir.

Il affichait un sourire malicieux, les yeux pétillants et des flammèches apparurent au bout de ses doigts. Avant même d'attendre ma réponse, il se glissa dans la baignoire ce qui fit déborder l'eau qui se déversa sur le sol. De quelques gestes habiles, il me fit comprendre qu'il me voulait contre lui. Heureuse de pouvoir partager ce contact je m'empressais de me coller contre son torse étonnement chaud. Alors que je me perdais de nouveau dans mes rêveries, je sentis sa bouche happer mon oreille puis glisser le long de mon cou jusqu'à mon épaule qu'il mordit. La surprise me fit lâcher un cri de douleur et de plaisir simultanément. Ses mains reprirent bientôt leurs expéditions à la recherche de la zone qui me contenterait le mieux. Le plaisir afflua en moi comme s'il ne m'avait pas quitté depuis hier alors que ses mains tâtonnaient mon entrejambe. Je lâchais des gémissements de désir sans vraiment chercher à les étouffer. Chaque mouvement de mon bassin semblait décupler son propre plaisir à tel point qu'il finit par gémir à son tour. Plus nous nous abandonnions l'un à l'autre, plus l'air autour de nous se rafraîchissait rendant l'eau du bain étonnamment bouillante. Il finit par se mettre à neiger, d'abord sur nous puis la tempête s'étendit sur l'intégralité de la cité. De la vapeur s'échappait sans cesse du bain ce qui donnait un côté onirique à notre câlin. Chaque flocon qui tombait sur mes épaules refroidissait ma peau mais presque instantanément, les mains de Xarent ou sa bouche venait prendre la place du flocon fondu. Une fois encore, son manège dura jusqu'à ce que je ne puisse plus le supporter. Après un coup de bassin particulièrement violent je repoussais ses mains afin de me retourner pour lui faire face. Xarent me regardait avec un immense sourire.

- As-tu fini de jouer avec moi ?

- Je ne fais que commencer.

Il plongea sa main dans mes cheveux et rapprocha nos bouches tandis que de sa deuxième main, il rapprocha mon bassin du sien pour me permettre de m'empaler sur son membre. Le plaisir qui m'était ainsi offert fit remuer mon corps instinctivement, ce qui m'offrait encore plus de plaisir. Ce doux cercle vicieux m'entraînait loin de ce plan physique, loin de tous ces problèmes matériels. Alors que je me sentais quitter mon corps, la jouissance me ramena soudainement sur terre, tremblante et haletante à cause de la décharge de plaisir. Je resserrais mon étreinte autour de Xarent tandis qu'il resserrait ses bras sur mon dos. Épuisée par ma nuit et notre ébat matinal je somnolais dans ses bras. La neige continuait de tomber tout autour de nous mais Xarent gardait l'eau de notre bain chaude. Je finis par relever le bout du nez.

- Ne penses-tu pas qu'il serait temps que tu arrêtes de faire tomber la neige ?

- Il me fit un sourire des plus charmants.

- Moi ?! Mais voyons. Je suis innocent dans ce phénomène naturel.

Alors qu'il parlait, la neige cessa de tomber, il ne restait plus que nous au sommet de la tour et le monde à nos pieds.

Le fouet : cet art méconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant