28-Hoelbrak

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Nous étions restés à la Citadelle Noire trois semaines. Vingts-deux jours pendant lesquels nous avions visité les terres des Charrs tout en explorant nos corps respectifs. Vingts-deux jours où les seules décisions que nous avions dû prendre concernaient l'heure de notre lever et la composition de nos repas. Mais toutes les bonnes choses possédaient une fin et vint le moment où nous dûmes quitter la Citadelle Noire. Nos bagages furent fermés alors que nous profitions de nos dernières heures de promenade. Loin de nous l'envie de graver cette cité dans nos mémoires contrairement à ce que nous y avions vécu. Vint l'heure de notre départ. Nous nous dirigeâmes vers la place où les portails de téléportation à destination de toutes les capitales étaient réunis. Une place similaire existait dans chaque capitale. Fleuron de la technologie Asura, les portails reliaient même les coins les plus éloignés de la Tyrie. Xarent, qui s'était éloigné quelques minutes pour héler l'un des travailleurs de la CTT revint vers moi.

- Le deuxième en partant de la gauche nous ramènera au Promontoire. Les autres... je ne sais pas. Je n'ai pas demandé leurs destinations.

Il affichait un grand sourire et me tendit sa main que je m'empressai de saisir. Face à moi, six portails aux destinations inconnues et prometteuses. Comment choisir ? Je fermai les yeux et pris une profonde inspiration. M'aidant de sa main pour garder mon équilibre, je tournai sur moi-même et m'arrêtai au hasard. J'ouvris les yeux et m'élançai vers le portail en face de moi. Sans lâcher sa main je me retournai vers lui avec un immense sourire, alors que je montais la légère pente menant au portail.

- D'après toi, qu'allons-nous découvrir ?

Je resserrai ma prise sur sa main alors que je traversais le léger voile de technomagie.

Nous arrivâmes dans un monde complètement différent de celui que nous venions de quitter. Un froid mordant me saisit la gorge, faisant automatiquement claquer mes dents et manquant de me couper la langue sévèrement. Mes doigts et épaules peu couverts par ma petite robe de mi-saison bleuirent presque instantanément. Xarent, qui arriva juste derrière moi déclencha sa magie et créa autour de nous une fine bulle de chaleur qui nous permit d'avancer en direction de la majestueuse cité qui s'étendait face à nous. Construite entièrement en bois sur le flan d'une falaise, la cité Norn nous dominait. La blancheur de la neige omniprésente transformait le paysage en un désert gelé. Les rares arbres présents n'étaient guère visibles sous cette blancheur, mais les imposantes sculptures éternelles se découpaient dans le ciel. Les quatre Esprits de la Nature, pierres fondatrices de leurs croyances, l'Ourse, le Corbeau, la Panthère des neiges et le Loup se faisaient mutuellement face pour l'éternité aux travers des quatre gigantesques sculptures de glace qui les représentaient et gardaient leurs temples. Les Norns évoluaient dans cet environnement comme les humains au milieu des champs. Ils étaient vêtus de peaux de bêtes et de lourdes bottes mais leurs mains et par moment leurs épaules étaient nues, offertes à la morsure du froid. Contrairement à la Citadelle Noire, nous ne faisions pas tâche dans le décor. Les Norns étaient une race humanoïde, différentiable par leur carrure et leur taille qui, hormis à de rares occasions, étaient toujours plus imposantes que celle des humains. Nous nous empressâmes de rejoindre la chaleur de la Grand-Loge et de nous trouver un logement où nous pûmes échanger nos habits fins contre d'épais vêtements de laine et des capes en peau de dolyak. Contrairement à la capitale Charr, celle-ci semblait merveilleuse. Son ciel était composé de couches de nuages blancs, lumineux et clairs et bien qu'il soit recouvert de neige, le sol était fait de terre. Il n'y avait ici nulle présence de technologie hormis les portails asuras et les maisons étaient faites de bois et calfeutrées avec des peaux d'animaux. Ils semblaient refuser les progrès faits par les Asuras et tout ce que leurs technologies pouvaient apporter de bénéfique. Ils vivaient de la chasse et de la cueillette et commerçaient avec les autres races pour récupérer les produits qui leur manquaient. Contrairement aux humains, ils vivaient simplement et en respect avec la nature. Nous passâmes quelques jours seuls puis des familles Norns apprirent notre position à la cour de la reine, et aussitôt, les diplomates vinrent s'enquérir de la raison de notre présence parmi eux. Je pensais que cela marquerait la fin de nos vacances chez eux, mais Xarent réussit à leur faire comprendre que nous voulions rester seuls. Il nous obtint un logement en bordure de la capitale ce qui nous permit de profiter encore plus de la beauté des montagnes des Cimefroides.

Un matin, Xarent me leva de bonne heure car il avait décidé que nous devions partir en randonnée. Un sac contenant un pique-nique sur le dos et ma main dans la sienne, nous partîmes à la conquête de l'un des sommets qui surplombait Hoelbrak, la capitale Norn. Le soleil montait dans le ciel aussi vite que nous gravîmes le flan enneigé de la montagne. Arrivés non loin du sommet nous avisâmes une corniche assez large pour contenir plusieurs adultes allongés et décidâmes de nous y installer. Xarent sortit de son sac une grande couverture en laine et peau de loup. Réchauffée par la montée, je me permis d'entrouvrir quelque peu ma veste pendant que Xarent déballait notre repas. Nous discutâmes et mangeâmes en riant et la température entre nous augmentait. Mais ce n'était pas une métaphore, j'avais de plus en plus chaud et je fus obligée de retirer complètement mon manteau, dévoilant mes épaules et mes bras. Je voyais le regard de Xarent pétiller sans vraiment faire le lien et notre repas continua. Xarent tendit l'une de ses mains vers moi et la fraîcheur de ses doigts sur ma peau m'électrisa. Il ôta sa veste à son tour et vint coller son corps au mien. Et, soudain, je fis le lien. Je repoussai Xarent et me redressai.

- Vraiment ? Tu es donc incapable de contrôler tes pouvoirs ?

- J'en suis parfaitement capable. C'est mon envie de toi que je refuse de contrôler.

Il revint à l'assaut avec des baisers et une main remontant le long de ma jambe sous ma robe. Et le désir me gagna. Je levai le menton pour lui laisser libre accès à mon cou. Ses mains dont je n'arrivais pas à me lasser savaient parfaitement comment me frustrer et sa bouche savait comment attiser mon désir. Rapidement le corps de Xarent se réchauffa et le mien refroidit. Chacune de ses caresses laissaient une traînée de chaleur sur ma peau, abandonnée à la morsure du froid. Mon corps brûlait de désir pour cet homme qui était mien. Il déposait des baisers brûlants à l'intérieur de mes cuisses alors que mes mains cherchaient, en vain, un point d'accroche dans la neige. Sa bouche s'éloigna de cette zone tant désirée sans l'avoir jamais approché pour aller s'attarder sur mes chevilles et pieds qu'il massait de ses mains habiles. Je grognai de mécontentement.

- Serez-vous un jour capable de vous laisser aller, madame Aura ?

- Jamais !

- Dans ce cas, vous ne me laissez pas le choix.

Il remonta en un éclair pour venir déposer un baiser à l'endroit où je le désirais tant. Et alors que j'expirai dans un langoureux soupir, sa langue se joignit à nous. Je me relevais dans un mouvement brusque et agrippais ses cheveux. Ses bras firent le tour de mes cuisses pour m'empêcher de bouger et ses coups de langues maîtrisés eurent raison de moi. Alors que je perdais toute contrôle sur mon corps, Xarent continuait inlassablement de me procurer du plaisir. Je sentais mon esprit quitter mon corps comme si les attaches qui me retenaient ici cédaient une à une sous sa langue. Et d'un coup, sans que je puisse y changer quoi que ce soit, je sentis mes entrailles exploser. Mon corps se désintégrait en un million de petits morceaux que nul ne pourrait récupérer en totalité. Je lâchais prise et me rallongeais sur la couverture dans un long râle de plaisir.

Le fouet : cet art méconnuOnde histórias criam vida. Descubra agora