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« I had a dream I could buy my way to heaven
When I awoke I spent that on a necklace
I told God I'd be back in a second
Man, it's so hard not to act reckless »

-Kanye West

Je suis bourrée. Pas au point de vomir, mes tripes, mais ça fait très longtemps que je n'ai pas été dans cet état. Dans mon plan pour changer de vie après ce que je nomme la période sombre, les abus d'alcool ont été la première chose que j'ai arrêté. Je tiens bien l'alcool, même plus que bien au vu de ma taille. Mais j'avais envie d'avoir un rythme de vie plus sain.

- C'est ton tour Di.

Je me lève difficilement du canapé et attrape la capsule de bouteille que Framal me tend. On s'est lancé dans un jeu aussi débile qu'amusant. Le but, c'est de faire tomber les capsules des bouteilles de bière disposées en pyramide avec une autre capsule. Là où c'est plus difficile c'est qu'il faut annoncer la capsule que l'on vise. Je suis pas nulle à ce jeu disons juste que je ne suis pas la plus brillante non plus.

- La plus à droite au fond, je lance la capsule qui atterris pathétiquement plusieurs centimètres plus loin.

Framal se moque ouvertement de moi et me met un coup dans l'épaule. Je perds l'équilibre, mais par chance Ken parvient à me retenir. Ouais, je sais, il est là.

Il est arrivé une bonne demie heure après le départ des filles, avec mon porte-monnaie dans les mains. Camille a pris la seule carte sans contact que je possède et balancé le reste dans l'escalier. Concernant Ken, je l'ai fui toute la soirée. J'ai quand même remercié Mekra de l'avoir invité à passer. Maintenant, j'ai trop bu pour le repousser. J'aime voir cet air désolé dans son regard, comme s'il tenait réellement à moi.

- Je crois que la soirée est finie pour toi, dit-il en plaçant ses deux mains sur mon visage. Je vais te mettre au lit.

Je secoue positivement la tête et le suis jusque dans ma chambre. Une fois à l'intérieur, je commence à retirer mon pull, mais ma tête se retrouve bloquée par je ne sais quel twist physique.

- Attends-je vais t'aider.

Ken s'approche et tire sur le pull pour le passer au-dessus de ma tête. La pression me fait tomber sur le lit et je me mets à glousser lorsque je réalise que mon t-shirt est parti avec le pull. Je couvre mon soutien-gorge avec mes mais tout en retirant mes chaussures avec mes pieds.

- Pourquoi est-ce que tu t'en ai pas servi ?

- De quoi ?

- Mon numéro de téléphone, je réponds en enlevant mon jean

Il m'ouvre la couette et je me glisse à l'intérieur avant qu'il ne la rabatte sur mon corps. Il passe la main sur mon visage et caresse mes lèvres avec son pouce.

- Tu m'as dit d'oublier jusqu'à ton existence.

- Et bien, si tu m'avais appelé, j'aurais apprécié.

Il dépose ses lèvres sur mon front puis me murmure de bien dormir et commence à sortir de la pièce. Je ne sais pas , pourquoi j'attrape sa main et le retiens. C'est juste plus fort que moi :

- Ne me laisse pas seule.

- Jamais.

Il enlève son jean et son t-shirt et se glisse avec moi dans le lit. Il me prend dans ses bras et je soupire d'aise. Je m'en sens apaisée avec lui auprès de moi. Comme si rien ne pouvait m'arrêter. Je sais qu'il me parle, mais je l'entends qu'à moitié, jusqu'à ce que je m'endorme.

Il fait chaud, pas la chaleur que l'on ressent en été, mais la chaleur que l'on ressent quand quelqu'un nous donne chaud. Je tente de bouger, mais le bras passé autour de mon ventre se ressert pour m'en empêcher. Je réalise que le bras appartient à Ken lorsque la soirée d'hier me revient. L'une de ses mains caressent mon clitoris alors que l'autre se trouve sur mon sein. Je ne parviens pas à retenir un gémissement. La chaleur se répand dans l'ensemble de mon corps, jusqu'à provoquer de petites décharges dans mes orteils. Je tente de me décaler à nouveau, mais la pression sur mon corps et plus forte et me rapproche de celui de Ken.

- Laisse moi faire ça pour toi, il murmure à mon oreille.

Je suis incapable de lui répondre, le plaisir que je ressens embrouille absolument tous mes sens, au point que je commence à bouger mon bassin en rythme avec ses doigts. Mon corps se transforme en gelée sous ses doigts, ma respiration se fait erratique. Les réactions qu'il fait naître son chaque fois un peu plus forte, à cela n'a pas de sens.

Ce n'est pas qu'une question de sexe, j'en suis un peu plus convaincu, alors que son toucher se fait plus insistant sur ma peau. La chaleur gonfle, elle brûle tout sur son passage jusqu'à exploser. Je garde les yeux fermés alors qu'il tourne délicatement mon visage et pose plusieurs fois ses lèvres sur les miennes avant de m'embraser réellement. Je tente de reprendre mon souffle.

- Tu me plais, tellement.

C'est à ce moment-là que je pète un plomb. Littéralement. Je suis prise d'une intense nausée, il me dégoûte, je me dégoûte. Je m'arrache à ses bras et du lit. J'enfile rapidement un t-shirt (le sien sans faire exprès) ainsi qu'un jogging.

- T'es un connard, je hurle en lui lançant son jean à la gueule. Y a deux semaines, j'étais une salope et maintenant, je te plais ?

- Hey calme toi deux secondes.

- Comment tu veux que je me calme ?Tu me dégoûtes.

Cette fois se sont ses baskets que je lance en sa direction, mais il les évite facilement. La porte de la chambre s'ouvre sur Framal, il a l'air à peine réveillé et se frotte les yeux. Ses cheveux sont dans tous les sens ce qui le fait paraître plus jeune.

- C'est quoi tous ces cris.

- Ces cris, c'est parce que ton pote est un connard avec un ego de la taille de la ville de paris, je me tourne vers Ken. Si tu penses que je vais devenir ton plan cul régulier, ça n'arrivera pas, je ne serais jamais le trou que t'appelles quand t'es en manque.

Cette fois je claque la porte de la chambre et m'enferme dans la salle de bain. J'attends que l'eau soit suffisamment chaude pour entrer dans le cabinet. Le bruit de l'eau permet d'étouffer celui de mes sanglots. C'est comme si avec elles tous s'écoulaient, ma peine, l'alcool que j'ai bu hier et l'angoisse qui forme une boule dans mon ventre. Je ne sors de la cabine que lorsque je suis vidée de toutes les émotions qui m'empêchaient de penser.

Je peux entendre Framal m'appeler de l'autre côté de la porte. Il me demande si je vais, si j'ai besoin de quelque chose. Il me faut encore une dizaine de minutes avant d'être capable de sortir de la salle de bain. Lorsque j'ouvre la porte Idriss est juste devant adossé contre le mur. Il passe ses mains dans ses cheveux et l'expression d'inquiétude sur son visage me fait mal au cœur à mesure qu'elle me fait du bien. Aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens aimée et il n'y a pas plus l'agréable comme sensation. Je m'approche de lui et le prends dans mes bras, il me sert sans rien dire pendant plusieurs minutes :

- Tu dois rester loin de lui, Di, commence-t-il en frottant mon dos. C'est un frère pour moi donc crois moi quand je te dis de rester loin de lui.

Je secoue positivement la tête, mais ne dis rien. Il n'y a rien que je puisse dire, rien qui puisse gommer la sensation d'avoir était utilisé, de m'être fait avoir.

THUNDEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant