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J'arrive luxe comme Yass

J'arrive en armure comme Diam's, on aGravé sur les murs les noms des mecs du squa


SQUA

Alice se trouve devant ma télé m'empêchant de me concentrer sur l'épisode de Keep it up with the Kardashian diffusé. J'avais jamais regardé ce truc de ma vie avant et croyez le ou non mais Kim K commence à entrer dans mon cœur. Qui aurait pu croire qu'elle et sa famille était si drôle. Une grande et belle famille, ou personne ne kidnappe, ou achète des enfants.

-Depuis cette histoire avec Marc, tu ne veux rien faire, tu reste là assise toute la journée à regarder de la merde à la télé, elle fait encore un nouvel aller-retour dans devant ma télévision. Ton père est un connard, mais c'est pas une nouveauté remets-toi.

-C'est pas mon père, c'est un trafiquant d'être humain.

-Tu penses pas que t'exagères un petit peu ?

-Et comme est-ce que tu appelles les gens qui achètent des enfants ? Des esclavagistes ?

Alors non, je n'exagère pas. Je sais que par moment, j'ai des tendances, mais en l'occurence ce n'est pas le cas. Alice m'agace, elle parle comme si ça faisait trois semaines que je ne sors pas de chez moi. Ça ne fait que quatre jours. Pire si j'ai envie de rester terrer dans mon appartement jusqu'à ma mort, c'est moi que ça regarde.

Je me sens conne. Je me sens conne parce que ça m'apparaît désormais comme une évidence. Un homme blanc, célibataire et homosexuel, qui finit par adopté un bébé noir sorti de nulle part. Je secoue la tête. Finalement, cette histoire d'adoption est encore moins crédible que s'il s'était contenté de dire que j'étais sa fille biologique. Juste un peu trop noir. Ce qu'il a fait à la douane en me ramenant en France. Comme de la marchandise.

C'est le retour du cynisme.

Alice de son côté hausse les sourcils plusieurs fois avant de s'asseoir sur l'un des fauteuils, disponible.

Elle ne comprend pas ce que je ressens. Comment est-ce qu'elle le pourrait alors que moi-même, je ne sais pas ce que je ressens. C'est paradoxale, j'ai plus envie de rien et dans le même temps, je suis en colère, tellement en colère.

Il m'a menti. C'est ce qui m'agace le plus. Ou alors c'est parce qu'il a profité de la situation de faiblesse d'une pauvre femme pour lui soutirer son enfant. Je ne sais pas ce qui est le pire. C'est comme un verre à moitié plein, à la fois à moitié vide. C'est ce que je suis. Un verre.

Je crois que je perds la tête.

Je me suis détachée d'absolument tout. De manière brutale. En me réveillant le lendemain, Ken était déjà partie. J'étais à côté de la plaque. Au point que pendant un instant, je me suis demandée s'il était vraiment venu. Et puis le post-it collé sur le miroir de ma salle de bain, sur lequel son écriture me rappelle qu'il m'aime et qu'il est là pour moi. J'ai fondu en larmes. Et j'ai laissé le post-it sur le miroir. Je sais que ça va lui plaire, il aime les trucs sentimentales de ce genre.

Après avoir pleuré pendant ce qui m'a semblé des heures, j'ai fini par me relever. Mon premier réflexe a été de couper mon téléphone portable et de m'installer à mon piano pour jouer. La musique. On fait difficilement, mieux pour guérir les peines de cœur.

Au fil du temps, me laissant aller je passais de mon piano à ma télévision. Sur laquelle je regarde avec une assiduité non feinte, Keeping up with the Kardashian. J'ai parfaitement conscience que c'est un pas en arrière. Mais j'aime Kim K. Et puis en fonction des saisons, j'ai l'impression que leur vie est pire que la mienne. Que demande le peuple ?

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