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Feeling like I'm breathing my last breath Feeling like I'm walking my last steps Look at all of these tears I've wept Look at all the promises that I've kept

Purpose  

Un jour, je ne sais plus exactement quand. Sans doute dans un moment de contentement presque parfait, j'ai eu une réalisation. Une épiphanie comme ils disent. Je me suis rendu compte que Ken était mieux que toutes les séances de psychothérapie, les médicaments et les soirées sans fin. Parce qu'il me donnait une raison de vivre.

Pas dans le sens où il serait ma seule raison de vivre.

Dans le sens où il me donne une raison, de trouver une raison de vivre. À ce moment-là, j'étais prête à tout pour être heureuse. J'étais prête à faire des efforts pour me sortir de toute la négativité qui m'entoure ou plutôt qui m'habite.

Là, tout de suite j'aurais vraiment besoin d'une raison de trouver une raison. Si ça a du sens. Sauf qu'il a à peine passé le pas de la porte que j'ai la confirmation de ce que je redoutais.

Le voir fait un mal de chien. Quelqu'un s'amuse à trifouiller mes entrailles à la pince à épilé. Elles se tordent, la nausée qui me saisit est puissante.

Il a l'air à moitié mort.

Comme si en un peu plus de quarante-huit heures, il était parvenu à perdre une dizaine de kilos. Ses sont joues creusées, des cernes violets entourent ses yeux. Il passe nerveusement une main dans ses cheveux qui partent dans tous les sens. Ça fait tellement mal de le voir comme ça.

Il ne me regarde pas dans les yeux lorsqu'il s'assoit sur la chaise qu'Idriss occupé quelques minutes plus tôt. Ce n'est pas bon. Ken est dans le genre observateur. Il aime regarder les gens, ce qu'ils font, ce qui les entourent. Plus simplement. Il aime comprendre une personne en dehors de ce qu'elle peut dire. C'est un peu comme un super pouvoir qu'il possède. Lire les gens.

Je mets une tape sur sa main pour qu'il arrête de se ronger les ongles. Ça ne lui ressemble pas et c'est ma faute. Il rattrape ma main, mais je la retire, malgré la douleur que cela provoque dans son regard.

-Comment est-ce que tu as pu me faire ça ?

-As-toi ? C'est marrant pendant un instant, je pensais que je m'étais fait ça à moi-même.

-Tourne-le tout en dérision pour changer. Parce que te retrouver les veines ouvertes, à deux doigts de l'overdose, c'était hyper drôle.

-Je sais, je suis désolée

-Non, tu sais pas. T'as aucune idée ce que ça a été pour moi de te trouver dans cet état. Ou même quand tu t'es mise à me supplier de te laisser partir, d'un geste plein de rage, il balaye les larmes qui se pressent à ses yeux. J'arrive pas à faire disparaître l'image de toi, allongée sur ce putain de tapis.

Le silence s'installe entre nous. La scène se rejoue dans son esprit. Je peux le voir dans la manière dont ses yeux s'agitent avant qu'il ne passe à nouveau l'une de ses mains dans ses cheveux. Sous mes yeux, sa lumière vacille sous la force de mes ténèbres.

Dinah Duval est emphatique. Trop pour son propre bien. Dinah Duval aurait saisi l'une de ses mains pour tenter d'apaiser sa peine. Dinah Duval aurait mis tout en œuvre pour réparer le mal qu'elle a causé. Elle aurait sûrement promis, elle aurait juré. Elle l'aurait fait passer en premier.

Mais je ne sais plus vraiment qui je suis.

Alors même si c'est un peu manipulateur, de ma part. Je m'engouffre de ses faibles. Je profite de l'amour qu'il a pour moi. Pour obtenir ce dont j'ai besoin. Pas ce que je veux. Ce dont j'ai besoin.

THUNDERWhere stories live. Discover now