THUNDER

62

I keep on fallin'
In and out of love
With you
Sometimes I love ya
Sometimes you make me blue
Sometimes I feel good
At times I feel used

Fallin'

Je suis quelqu'un de bruyant. Je parle fort, je rigole fort. Il y a plein de vie en moi. Oui, c'est paradoxal. Mais du coup, ce n'est pas vraiment une surprise, j'écoute ma musique fort. Trop fort.

Aujourd'hui, je me suis laissée tenter par Depeche mode. C'est au rythme de Personal Jesus que je me prépare. J'ai pas grand chose de prévu aujourd'hui. Mais je tente de rester active, la procrastination est le chemin le plus sur, vers la dépression. Je veux plus être cette fille, celle incapable de voir l'importance de la vie. Malgré ça, le vide est là. Plus présent que jamais, et même la voix Dave Gahan n'est pas suffisante pour le tenir à l'écart.

-Fuck, je m'exclame en entrant dans la cuisine. Tu m'as fait tellement peur.

-Si t'écoutais pas ta musique aussi fort, tu m'aurais entendu rentrer, répond Ken un sourire sur le côté.

Adosser au plan de travail, une tasse de café dans les mains, il se contente de m'observer. Trois semaines. Ç'est beaucoup trop long. Je suis prise par sa présence. Tous mes nerfs y répondent. Incapable de bouger. Les paumes de mes mains deviennent moites, mon cœur bat vite. Je peux rien faire, sauf le regarder. Il m'a manqué. Tellement. Je le savais, mais le voir prêt de moi, c'est comme si tout faisait à nouveau sens.

-T'étais pas censé arriver avant ce soir.

-On a roulé toute la nuit, je voulais te faire la surprise.

C'est plus qu'une surprise. J'ai failli mourir d'une crise cardiaque. Mais sous son regard, le poids sur mes épaules se soulève. Je me sens légère. Des larmes commencent à parler au coin de mes yeux. Ma respiration s'accélère. Ce ne sont pas des larmes de tristesse.

-Hey, sorcière, il s'exclame posant la tasse sur le plan de travaille avant de me rejoindre.

Ses bras entours mon corps et j'enfouis mon visage dans son cou. Je m'accroche à son t-shirt, respirant son odeur.

-Pleure pas je t'en pris. Pourquoi est-ce que tu pleures ?

Il parvient à se détacher suffisamment de moi, pour me forcer à redresser mon visage. Ses pouces se glissent sous mes lunettes avant de balayer les larmes. Il dépose un baiser sur mon front puis sur mes lèvres. Le contact est délicat, presque imperceptible.

-Arrête de pleurer, s'il te plaît.

-Je suis désolée, c'est juste que tout fout le camp, et je suis juste contente de te voir.

-Je suis content de te voir aussi. Ce serait encore mieux si tu pouvais sourire.

Mes larmes sont remplacées par des rires. Je suis vraiment contente qu'il soit là. Ce sont les frissons, la chaleur qui monte dans mon corps. Je me sens en vie. Encore plus quand je pense au vide de la vieille. Entre le manque de sommeil, ma conversation avec Moh. Sa peine, celle d'Inès.

Je les ai prises de plein fouet. C'est l'empathie. Mon fardeau.

La présence de Ken, met un terme à la tempête de mes pensées. Mon sourire est authentique. Je ne peux pas le retenir.

-T'es belle quand tu souris.

Je glisse à nouveau mon visage dans son cou. Ses mains glissent sur mon corps jusqu'à atteindre mes fesses. La chaleur monte. Nos regards se croisent à nouveau.