THUNDER

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Il y a tant de vagues et de fumée
Qu'on n'arrive plus à distinguer
Le blanc du noir
Et l'énergie du désespoir

Le Paradis blanc

J'ai regardé leur prestation, je ne sais pas combien de fois avant d'entendre la porte d'entrée claquer. C'est le bruit qui me permet de reprendre pied avec la réalité. Il est là devant moi, vêtu de son costume Balmain. Il est beau avec ce sourire timide sur le visage, comme s'il n'était pas sûr de lui, de ma réaction. Il tient dans l'une de ses mains un album. Il semble hésiter. Il regarde la boite, puis me regarde. Passe la main dans ses cheveux. Avant de s'approcher et de me tendre le cd.

Je l'attrape déstabilisée. C'est le dernier album du s-crew. Je l'ai déjà acheté trois fois. Je n'ai clairement pas besoin d'une quatrième version. Je m'apprête à lui demander dans quel jeu tordu, il veut m'embarquer mais il m'en empêche.

-Regarde la jaquette.

Je soupire agacée par avance. C'est pas drôle. Cette histoire m'a donné des crises d'angoisse. Pourtant, je m'exécute. Sous son regard acéré j'ouvre la boite et en retire la jaquette. Je tourne les pages jusqu'à tomber sur celle de masque blanc. Elysium est écrit noir sur blanc juste sous les paroles. Je lui jette un nouveau regard vers lui. Il a l'air encore plus intimidé que tout à l'heure.

-Je pouvais pas changer la chanson en elle-même, des histoires de droit d'auteur et tout, je roule les yeux au ciel alors qu'il poursuit. Mais toutes les jaquettes imprimées depuis la semaine dernière contiennent ton nom.

-Je sais pas quoi te dire, je réponds mon regard glissant alternativement entre lui et la jaquette

Il s'approche encore un peu plus de moi. Il ne supporte pas la distance entre nous.

-Je t'aime, je sais que tu ne me crois pas, enfin pas encore, mais je t'aime et...

-Je sais.

Je le coupe brusquement. C'est presque un cri du cœur. Je n'avais pas besoin qu'il me le dise je l'avais compris. Ce soir en est la preuve. Mais c'est plus que ça. C'est la manière dont il me regarde, dont il me touche. C'est plein de tendresse. Il y a certaines choses sur lesquelles on ne peut pas tricher. Il ne triche pas sur ça.

Alors ce n'est pas un jeu quand je réduis la distance qui nous sépare. J'ai plus envie de jouer. J'ai besoin de lui comme je n'ai jamais eu besoin de personne. Le reste du monde, mes doutes, ma tristesse, je les emmerde.

Il répond immédiatement au baiser que je dépose sur ses lèvres. Il me soulève pour que j'en roule mes jambes autour de ses hanches. C'est la conclusion parfaite à la journée que je viens d'avoir. Le sentir contre moi, le sentir en moi, c'est mieux que tous les anxiolytiques que j'ai pris dans ma vie. C'est mieux que des heures entières de psychothérapie. Ça me donne quelque chose que les médicaments et les médecins n'ont jamais réussi à me donner. Ça me donne envie de vivre. Non pas pour lui. Pour nous. Mais surtout pour moi.

-Comment ça s'appelle ? demande Ken

Le soleil est levé depuis un moment. Nous avons passé une partie de la nuit à se redécouvrir physiquement et l'autre à discuter. Une partie de son corps est allongée sur le mien. Alors que je joue avec ses cheveux. De ses doigts, il redessine, le tatouage que j'ai à la hanche. Les frissons sont agréables, j'aime ce calme entre nous. Je pourrais plus me passer de lui.

J'aime la manière dont son esprit fonctionne, la manière dont il voit le monde autour de lui. Malgré les apparences, il est bien plus naïf que moi sur le monde qui nous entoure. Il est bien plus tolérant, plus ouvert. Il est aussi beau à l'intérieur qu'à l'extérieur.