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J'aime bien les taxis de nuit
Quand ils me ramènent à la maison
J'aimais bien notre histoire
Surtout la première année
T'embrasser dans les bars
Et ton pas dans l'escalier
Est-ce que tu peux me raccompagner?

Quand c'est toi qui conduit

Ils sont vraiment de retour. Si l'odeur de javel dans l'entrée de mon appartement est une indication, les rires que j'entends depuis le salon sont des certitudes. On fait pire comme accueil après une journée de travail.

Je peux vivre avec le côté un peu maniaque de Ken. La vaisselle est toujours faite, le linge sale ne s'entasse pas . Le seul truc un peu relou, c'est qu'il me force à ranger mes affaires. Je suis bordélique, le bazar que je répands est à l'image de ce qui se passe dans ma tête. Il y a quelque chose de réconfortant à ce bordel. Sauf que ça le rend fou.

Le truc que j'ai du mal à comprendre, c'est comment il peut passer autant de temps avec ses potes. Je ne parle pas de ses amis de manière large. Je parle des membres des 2 be 5. Les mecs viennent de passer trois semaines, les uns sur les autres dans un bus. Mais ça ne les empêche pas de trainer ensemble dans mon appartement.

J'ai été mauvaise langue, Théo n'est pas là. Mon avis ? Cheryl ne travaille pas ce soir.

-Vous avez zoné toute la journée ?

-Nope, on était au studio.

-Et à la salle

-Vous sentez pas obligé de vous justifier, qui suis-je pour vous juger ?

Je tchek les mains que me tendent Doums et Framal, avant de déposer un bisou sur la joue de Ken.

-Mekra ?

-Fume sur le balcon.

C'est le moment de saisir l'opportunité. Je pose mon sac à main sur la canapé sous le regard noir de Ken. Je sais, c'est pas sa place. Il n'est pas juste maniaque, je le soupçonne d'avoir un T.O.C. Ça irait bien avec sa personnalité. C'est le bordel dans sa tête, donc il ne supporte pas que ce soit le bordel dans l'environnement qui l'entoure. C'est également en parfait accord avec sa jalousie excessive, comme il ne peut pas la contrôler. Il exerce ce contrôle sur son environnement.

Malgré le regard, je laisse le sac sur le canapé et sors sur le balcon. Mekra me tourne le dos. Perdu dans ses pensées, il ne me voit pas arriver vers lui. Il a un léger mouvement de recul quand je pose ma main sur son épaule.

Immédiatement, mon regard tombe sur ce qu'il fixe. De l'autre côté de la rue, une nana est adossée contre sa voiture. La pénombre m'empêche de distinguer ses traits. De toute manière, je ne serais pas allée bien loin avec ma myopie. Même avec mes lunettes, ma correction n'est plus adaptée. La scène a quelque chose de familier. Rapidement, je suis projetée à cette soirée chez les deux frères. La soirée qui marque le début de ma relation avec Ken. Je crois que c'est la même meuf.

Des frissons recouvrent mon corps. Comme une impression d'être observée.

-C'est qui cette meuf ?

-Trop loin, peux pas voir, il répond en haussant les épaules.

Je me retourne pour ne plus la voir. Les gens sont trop bizarres. Ce n'est pas comme si je pouvais faire quoi que ce soit. En revanche, il a quelque chose que je puisse faire contre le froid que me souffle Mekra. C'est presque imperceptible. Mekra n'est pas quelqu'un d'hyper chaleureux par nature. Mais la manière dont il se décale pour ne pas être trop prêt de moi, la manière, dont son regard fuit le mien et pas juste maintenant. Ce sont des indicateurs très puissants.

THUNDERWhere stories live. Discover now