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"J'perds mon temps à m'poser des questions au lieu d'agir
J'ai peur de la dépression, j'ai peur de l'avenir et ses déceptions
Plus j'grandis, plus l'temps passe et plus j'suis déçu"

La peur de l'échec

Les mimosas ont aidé ma migraine sur le moment, mais aujourd'hui, c'est un peu la descente aux enfers. Surtout, que je suis sur l'enregistre de l'album du trentenaire toujours en recherche de gloire. Ce n'est pas la première fois qu'on a ce genre de client et en temps normal, je m'en fous. Ils louent un studio, je suis payée pareil. Les gens qui chassent leur rêve ne me dérangent pas. La toute de suite, je regrette mon travail. C'est la roulette russe, des fois t'as la chance de bosser avec des artistes incroyables et puis par moment comme aujourd'hui, on tombe sur des gens sans la moindre once de talent. J'aimerais pouvoir choisir les artistes avec lesquels je travaille.

- Il vous reste un peu de temps, vous voulez reprendre le pont ? je demande

La question a à peine quitté le bout de mes lèvres que je la regrette. La jeune femme secoue la tête et je remonte la piste au moment du bridge. Je vais devoir faire un travail de fou pour rendre un truc convenable. J'appréhende déjà de passer des heures à écouter sa pop édulcorée.

Ma mauvaise humeur n'est pas uniquement liée à la nana et sa chanson pourrit. Fram' m'a appelé ce matin pour m'annoncer que, un, l'album était presque fini et deux, que ma chanson faisait partie de celles retenues, et qu'ils avaient décidaient de l'appeler Masque blanc.

C'est une bonne nouvelle, sauf qu'en contre partie mon esprit n'a pas cessé de penser à Ken. Il ne quitte jamais vraiment mes pensées, mais depuis ce matin, c'est un tout autre délire. Je commence à penser qu'ils ont raison, que je devrais lui parler et régler cette histoire une bonne fois pour toute. D'autant plus qu'il a toujours mes bagues. J'ai tenté de soudoyer les mecs avec de la bouffe pour qu'ils les récupèrent pour moi, mais ça les fait trop marrer de savoir que je vais devoir me déplacer jusqu'à chez lui.

Au départ, je me suis dit que j'en avais pas besoin. La vérité, c'est qu'elles me manquent. Elles comptent beaucoup pour moi. Parce qu'elles font partie des rares cadeaux que Marc m'a fait en pensant à moi et non pas en pensant à lui ou au reste du monde. J'aime ces bagues. J'ai besoin de ces bagues.

- C'était comment ?

- Parfait, le mix devrait être fini dans la semaine, je vous appelle dès que c'est le cas.

Elle secoue la tête et sort de la cabine. Son père devant le bâtiment vient la féliciter. La dynamique entre eux est marrante à regarder. Il a ce regard protecteur et totalement désespéré, comme s'il venait de dépenser toutes ses économies dans cette session d'enregistrement.

Je peux plus continuer comme ça. Il faut que je me sorte les doigts du cul.

À Drama Queen :

« Est-ce que t'es chez toi ? »

De Drama Queen :

« Oui »

À Drama Queen :

« J'arrive »

De Drama Queen

« Ne viens pas. »

Je déteste ce type. Sa réponse me donne encore plus envie de débarquer chez lui. Ouais juste pour l'emmerder. De toute manière, s'il ne voulait pas me voir, il avait qu'à ne pas me dire qu'il était chez moi. Il a cette manière de me pousser dans mes derniers retranchements. J'étais très bien avant de le rencontrer. Je traînais avec Alice et Gaby, on allé boire des verres, on faisait des brunchs le dimanche matin. Maintenant je suis toujours en train de me questionner, repenser à ce que j'ai fais, ou ce que j'ai dit. J'en peux plus. Il me rend folle.

THUNDERWhere stories live. Discover now