36

3.3K 216 7
                                    

Fucked and I want ya
Looked and I loved ya
Stuck, now I need ya

Fingers


Quand est-ce que je suis devenue ce genre de personne ? C'est la question que je me pose alors que les ronflements à côté de moi me réveillent. Qu'on soit d'accord, j'ai toujours eu une vie sociale assez active. Mais jamais au point que mon appartement ressemble à un primark un jour de solde. Je donne un coup dans le bras, mais rien à faire, le bruit ne cesse pas. Et puis ça n'a pas de sens comment est-ce que son corps peut faire autant de bruit ? Elle fume même pas. Je renonce à réveiller Inès et m'extirpe du lit.

Mon départ fait une sorte d'appel d'air et le trou dans lequel j'étais glissée et rapidement comblé par le corps des deux jeunes femmes avec lesquelles je suis sorti hier soir. J'enfile rapidement un pull ainsi qu'un legging, me rappelant qu'il faut que je harcèle la copropriété pour qu'il démarre le chauffage. On est au mois de novembre, bien sur qu'il fait froid. Je n'ai pas fait trois pas dans l'appartement avant de décider d'enfiler une paire de chaussettes.

Hier soir, c'était un peu la débandade. Sam, le gars que j'ai rencontré à la soirée de lancement de l'album du s-crew m'a appelé pour m'annoncer qu'il dansait à une soirée hiphop dans le XVIIIème avec ses potes. Comme on avait rien de prévu avec les filles, on a décidé d'y aller. Le reste est entré dans l'histoire.

Dans le salon de nouveau ronflement me rappel que j'ai ouvert ma porte à ce pauvre Sam. Il a justifié sa présence par le fait qu'il ne pouvait décemment pas nous laisser rentrer seules. La vérité, c'est qu'il habite en banlieue et qu'il avait trop la flemme de prendre le noctilien.

Entrant dans la cuisine mon cœur loupe un battement. Mekra est adossé contre le plan de travail, il me jette son regard sombre habituel.

L'horloge du four m'indique qu'il n'est pas encore neuf heures. Ça veut dire qu'il n'est pas repassé part chez lui avant de venir ici. Lui et ses copains sont parti faire leur truc de rap star, depuis une bonne semaine.

Semaine pendant laquelle Ken m'a appelé tous les jours. J'ai jamais répondu. Honnêtement, je m'attendais un peu à le voir débarquer dans mon appartement sans prévenir. En revanche, je m'attendais pas à voir Mekra. Dans tous les cas, je pensais avoir plus de temps avant de devoir affronter cette réalité. Faut croire que madame fortune n'est pas avec moi aujourd'hui.

Sans faire cas de sa présence, j'allume ma bouilloire, attrape une tasse ainsi qu'un sachet de thé. Ce n'est pas tant que je veux l'ignorer, c'est plutôt que j'ai rien à lui dire. Il est celui qui débarque chez moi sans prévenir, c'est lui qui doit avoir des trucs à me dire.

-Est-ce que tu vas me parler ? il demande.

Sa voix est froide. J'ai l'impression d'avoir fait une bêtise et d'être sur le point de me faire disputer. Je n'aime pas ça, mais alors pas du tout. Du coup, je ne lui réponds pas. J'ai juste envie de retourner dans mon lit et de me cacher jusqu'à ce qu'il ne disparaisse.

-C'est qui le mec sur ton canapé ?

Je ricane. C'est le côté protecteur de Mekra. Il prend sur lui de « valider » chaque personne qui entre dans l'entourage des gens qu'il aime. Et comme on a déjà établi qu'il m'aime même s'il refuse de l'admettre, bah, j'ai aussi droit à cette surveillance. En un sens, j'ai sans doute provoqué cette réaction chez lui. C'est mon côté naïf. Il pense que je suis trop gentille, il a peur que je me fasse avoir. En soi, il n'a pas tord.

En plus mon instagram s'est transformé en vlog, ces derniers temps, sous l'influence d'Inès et de Moh. Les deux se sont mes gourous des réseaux sociaux. J'ai un peu peur de regarder les instastory de la veille, ça doit être un grand n'importe quoi. Donc forcément ça a dû piquer la curiosité de Mekra.

THUNDEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant