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Aride terre de l'extase 
Laisse sur ton visage 
Des bunkers, des cratères 
Des amours à la mer

La nuit des parachutes 


Je fais le tour de la boite en buvant ma bière. La soirée n'a pas encore vraiment commencé. Il doit y avoir un discours des mecs, ainsi qu'un showcase et des interviews avec les journalistes. Je décide de n'engager la conversation avec Ken, qu'après les différentes interviews avec la presse. Je ne veux pas que notre conversation le perturbe.

Le showcase est incroyable, vraiment. Sauf que mon excitation redescend très vite lorsqu'ils font Masque blanc. Ken se met à hurler « Hugz t'es feu sur celle-là » devant un publique conquis. Et j'ai l'impression d'être à nouveau au collège à l'époque où les gens se moquaient de moi et que j'étais incapable de leur répondre. J'aurais voulu être en mesure de m'imposer, de leur crier dessus et de leur interdire de jouer la chanson. Mais je n'en suis pas capable, ce n'est pas moi. Je suis la fille qui se laisse marcher sur les pieds de peur de faire de la peine aux autres.

Et à la fin, je suis celle qui a de la peine et tout le monde s'en tape.

Je suis soulagée lorsque le showcase prend fin et que la musique clubbing reprend. Eliot est à nouveau au platine alors que je retrouve les filles dansant sur les podiums au fond de la boite. Leur présence en hauteur va attirer l'attention de tout le crew-s. Pourtant, il ne faut pas longtemps pour me décider à les rejoindre.

On se lance dans des check booty digne d'un clip de rap. Ce qui est en soit plutôt approprié puisqu'après tout, il s'agit d'une soirée de lancement d'un album de rap. Inès m'impressionne. Elle danse comme si elle avait été gogo dans une autre vie. Je dis pas ça dans le sens vulgaire je dis ça dans le sens ultra sexy.

Il faut moins de dix minutes à Ken pour me repérer. Il ne dit rien, ne réagit même pas. Il se contente de m'observer assis sur son tabouret. Mais je peux voir son visage s'assombrir au fur et à mesure du temps. Ennuyée, par son regard qui ne me quitte pas, je finis par descendre du podium.

J'ai à peine mis les pieds parterre qu'un type vient me dire à quel point je danse bien et qu'il me trouve trop canon :

-Je peux te payer un verre ?

-Yeah, pourquoi pas, je réponds en jouant avec mes cheveux.

Dès qu'il attrape ma main et me conduit vers le bar, je sais que je joue un jeu dangereux. Surtout, quand accoudée au bar, je réalise que nous ne sommes pas loin de Ken et que nos regards se croisent. Je me détourne rapidement pour me concentrer sur le mec qui me tend un rhum coca.

On commence à parler. Je ne suis pas fière de moi. J'ai l'impression de me servir de lui pour emmerder Ken. Mais d'un autre côté, il est sympa et la conversation se déroule naturellement. Le rire qui sort de mon corps est authentique alors qu'il me raconte une anecdote sur son enfance. Au point que pendant un instant, j'oublie que Ken se trouve à moins de trois mètres derrière moi.

Je finis par découvrir qu'il s'appelle Sam et qu'il est danseur. Plus notre discussion avance, plus on se rapproche physiquement. Il finit par déposer l'un de ses mains sur ma cuisse et murmurer quelque chose à mon oreille. Je n'ai pas le temps de réagir avant d'entendre :

-Dégage.

La voix de Ken me glace. Son corps est tellement tendu que sa respiration est difficile. Tous ses muscles sont en tension, ses phalanges blanchissent alors qu'il sert ses mains en poing. Le peu de contrôle qu'il lui reste et entière dédié au fait de ne pas étaler Sam, dont la main et toujours sur ma cuisse.

THUNDERWhere stories live. Discover now