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Les jours passent mais ça ne compte pas
J'ai tant de mal à vivre, ivre
De ce parfum si différent du tien
Pire, j'ai compté chaque minute qui me retient à lui
Comme si j'étais ma propre prisonnière

A fleur de toi

J'étais en colère. Mais genre vraiment. Le genre de colère que je me suis toujours interdit de ressentir. C'est positif, ça signifie que la thérapie fonctionne. En même temps huit semaines que je suis coincée dans cet endroit de merde. Ouais, j'ai bien dit huit semaines. Une semaine avant mon départ prévu à l'origine, les médecins ont tenu une réunion pour parler de la possibilité de me garder plus longtemps.

Inès n'a pas hésité, une seule seconde avant de donner son accord.

On s'est pris la tête violemment. Elle n'a pris en compte que l'avis des médecins, mes arguments, mon opinion. Ce dont moi, j'avais envie est totalement passé à la trape. Elle a justifié sa décision en disant que je n'étais pas prête. Donc ouais ça a jeté un grand froid entre elle et moi. Mais surtout entre elle et les garçons. Notre dispute, c'était une grosse blague en comparaison de la soufflante que lui a servis Mekra. Même Ken lui fait la gueule, alors qu'il l'adore.

On s'était promis des choses. Notamment qu'en sortant d'ici, j'allais les suivre sur la tournée. J'étais vraiment prête à le faire, malgré mon appréhension de passer autant de temps collé l'un à l'autre. Les trucs fusionnels c'est pas dans mon ADN, j'ai besoin d'espace. Sauf qu'une relation c'est faire des concessions. Me retrouver lui a fait beaucoup de mal, plus que ce que j'ose imaginer. Alors forcément. Partir en tournée, c'était un peu ma manière de m'excuser pour la peine que je lui ai causé.

Inès a mis un terme à nos projets.

Avec le recul, je comprends pourquoi elle l'a fait. Avec le recul, je pense qu'elle a pris la bonne décision. Je suis quand même en colère. Il va me falloir un peu de temps pour redescendre.

Surtout, qu'ils me rendent fou ici. Je me suis pris la tête avec l'une des personnes du staff parce que j'ai refusé de couper des fleurs dans du papier pour la nouvelle guirlande qu'ils ont accroché dans la salle de vie. Sauf qu'ils nous ont filé dans des ciseaux à bouts rond. Je sais pas pourquoi j'ai phasé sur les ciseaux. Ça m'a mis dans une colère noire.

Ouais, je suis souvent en colère. Je crois que c'est des années de frustrations qui ressortent et c'est pas jojo tous les jours.

-Non mais tu sais pas le pire. Finalement, j'ai découvert que le mec c'était son cousin, finit Lina

Comme souvent nous sommes posé dernière le centre. Sur un petit muré à l'ombre. La fin du mois d'avril est chaude. On profite de la chaleur. En vrai, on pourrait fumer nos cigarettes à l'endroit prévu pour dans le jardin du centre. Mais c'est beaucoup plus drôle d'enfreindre les règles. J'ai toujours un penchant pour la rébellion.

-Oh putain, t'es là.

D'un même mouvement, nous tournons nos têtes en direction de Ken qui vient d'arriver dans notre coin secret. Il y a dix jours, je lui ai demandé d'assister à l'une de mes sessions. Le jour est arrivé. Dire que je suis morte de trouille est un euphémisme.

-Je suis arrivé au centre, ils m'ont dit qu'il savait pas ou t'étais. Pendant un instant, j'ai cru que tu t'étais barrée.

J'ai pas le temps de lui répondre. Il m'attire dans ses bras et dépose ses lèvres sur les miennes. Je crois que je pourrais jamais me faire à toutes les sensations qu'il provoque en moi. Et oui, je sais je le dis à chaque fois. Mais c'est parce que ça me retourne à chaque fois.

THUNDERWhere stories live. Discover now