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"Ne cultive pas la haine ou elle te mangera 
Guéris car si tu es mal en toi-même ce sera pareil autre part 
Si tu cherches un coupable, regarde-toi dans la glace 
Ta réalité tu la fais, elle n'est rien d'autre qu'une question d'octave"

Tout tourne autour du soleil

Ce sont les tremblements et la nausée qui me tirent du sommeil. Ma tête cogne comme si quelqu'un tentait de détruire un horcruxe à l'aide d'un expelliarmus. Pas utile et ultra bruyant. C'est douloureux, très douloureux. Peut-être bien que j'ai perdu une partie de mon âme.

Le point positif, c'est que je suis vivante, et chez moi. Je sais pas trop comment je suis arrivée là, mais j'y suis. Je me traîne jusqu'aux toilettes à temps pour vomir le contenu de mon estomac. Il n'y a pas grand chose, mais la pression dans mes entrailles est tellement forte qu'elle me monte les larmes aux yeux et coupe ma respiration.

Je crois que je vais mourir. Et oui, j'exagère. Pourtant je suis tout de même incapable de me relever. Je reste allongée près de la cuvette, attendant que la crise passe. Ce n'est pas la première fois. Les crises finissent toujours par passer.

-Merde Didi, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Je reconnais la voix de Framal alors qu'il s'agenouille près de moi. Je n'ai pas entendu la porte claquée. Un jour, je vais changer cette porte. Mais je ne suis pas mécontente qu'il soit là. Il déplace mes tresses avant de poser sa main sur mon front :

-Merde t'es brûlante, il check mes pupilles avant de demander. Qu'est-ce que t'as pris ?

-Qu'est-ce que j'ai pas pris, tu veux dire, je réponds difficilement sur le ton de l'humour.

-Putain, mais t'es pas drôle, il s'emporte. Tu peux pas disparaître pendant une semaine, revenir et faire des blagues toutes pourries, il se redresse avant de conclure. J't'emmène à l'hôpital.

-J'ai pas besoin d'un hôpital, j'ai besoin d'eau et de sommeil.

La supplique dans mon regard le fait céder. Tout, mais pas l'hôpital, je déteste les hôpitaux. Il m'aide à retourner dans ma chambre avant de revenir quelques secondes plus tard avec une bouteille d'eau. Il pose à nouveau sa main sur mon front en s'allongeant sur le lit.

-T'as une sale gueule.

-La tienne n'est pas mieux. Sauf que moi, j'ai l'excuse d'avoir turn upé toute la semaine.

-Ouais, d'ailleurs on peut savoir ce que t'as fait ?

Mon corps me fait mal, je commence à reprendre prise avec la réalité qui m'entoure. Je savais que le retour allait être difficile, mais je pensais pas que ce serait à ce point.

-J'te le dirais dès que je m'en souviendrais.

-Et toi, tu diras à ta pote la toxico d'apprendre à cadrer son téléphone tous ces snaps visaient tes jambes.

Je suis sur le point de rouler des yeux, mais mon mal de crâne m'en empêche. Même si l'adjectif associé à Camille ne me fait pas plaisir, je dois admettre qu'il est vrai. Je suis à peu prêt sûr qu'elle a pris le liquide que je gardais dans mon porte-monnaie.

-Tu nous as fait grave peur meuf, il reprend sans me regarder. Je suis repassé te voir, mais y avait plus personne et t'as donnée aucun signe de vie. Me refait plus jamais ça.

Je pose ma main sur son visage et caresse sa barbe naissante, comme pour le rassurer. La dernière fois que quelqu'un est parti sans lui donner de nouvelle, sa mère n'est jamais revenu. Je suis revenu. Et je peux seulement imaginer, les souvenirs qui sont apparus à son esprit, alors que les jours passés en attendant mon retour. Silencieusement, je lui promets de ne plus jamais disparaître de cette manière. Juste par le regard. Je sais qu'il me comprend.

THUNDERWhere stories live. Discover now