quatre

1.1K 110 55
                                    

"Laissez-moi partir !" En face de moi, un garçon retenu par deux infirmiers se débat en essayant d'atteindre un autre garçon. Ils ont tous les deux l'air d'avoir mon âge, plus ou moins. Le plus grand des deux hurle sur les infirmiers et leur donne des coups en bougeant dans tous les sens.

Il y a tellement de cris que je ne sais même pas comment réagir à ce moment-là. Le docteur Paige s'avance vers l'autre garçon, celui qui n'a pas bougé, et pose une main sur son épaule.

Je le regarde un instant. Il a de courts cheveux bruns, et l'expression de son visage traduit un étrange mélange de confusion, de curiosité, et d'un peu de tristesse. Le docteur Paige l'écarte de l'autre garçon et commence à lui parler. Pendant qu'elle parle, je regarde le garçon balayer la pièce des yeux puis bloquer son regard sur moi. Cela dure moins d'une seconde, mais cela me suffit pour me paralyser sur place encore plus qu'avant. Il finit par s'en aller vers un long couloir blanc bordés de multiples portes.

"C'est ça, dégage !" crie encore l'autre garçon. Il ressemble à un méchant personnage de dessin animé, avec ses cheveux très courts et ses sourcils qui lui donnent l'air d'être constamment en colère. Son visage est déformée par la rage, et il arrive finalement à se débarrasser des deux infirmiers. Au moment où le docteur Paige se met à courir vers lui, il m'aperçoit et me fixe.

Mes yeux s'agrandissent de peur alors qu'il s'approche de moi. Je voudrais m'enfuir en courant, mais mes jambes ne répondent plus. Juste avant qu'il ne m'atteigne, le docteur arrive à l'atteindre et le tire en arrière, pendant que ma mère m'attire rapidement vers elle.

Le garçon finit par céder et se calmer, mais me lance un dernier regard avant de partir. Il me murmure quelque chose, et le ton qu'il emploie me fait froid dans le dos.

"Enfuis-toi pendant qu'il est encore temps."





Le docteur Paige s'excuse pour l'incident et nous conduit rapidement jusqu'à ma chambre. Elle agit comme si tout était normal, ce qui dans un sens l'est probablement ici. Nous arrivons devant la chambre, et elle jette un coup d'œil à travers la petite fenêtre à côté de la porte.

"Ton camarade de chambre n'est pas ici pour le moment, il sera sûrement bientôt de retour. Suivez-moi," dit-elle en ouvrant la porte. Ma mère est agrippée à mon épaule depuis l'incident avec les deux garçons, et elle semble refuser catégoriquement de me lâcher à présent.

Nous entrons dans la chambre, et le docteur Paige m'informe que le côté droit sera le mien. Je m'assois sur le lit et claque mes doigts dix fois tout en observant l'autre côté de la chambre. Il y a deux ou trois posters de jeux vidéos, quelques livres qui semblent n'avoir jamais été lus, un jeu de société, et un lit mal fait. Cela me surprend de voir tout ce que le garçon qui occupe ce côté a le droit d'avoir.

La pièce en elle-même est plutôt petite, mais je ne m'attendais pas à autre chose. Le contraste entre la chambre et le couloir est étrange. C'est comme marcher dans un couloir d'hôpital pour arriver dans une sorte de petite pièce de vie. Il y a deux lits, quelques étagères, une petite chaise dans un coin et quelque chose qui ressemble à une armoire.

"Comment s'appelle-t-il ?" demande ma mère.

"Son camarade de chambre ? Il s'appelle Chuck, il est très gentil. Il est ici pour cause de troubles paniques réguliers," répond le docteur.

"Réguliers ?" je demande.

"Eh bien, il a des crises de panique tous les jours. Elles sont assez gérables pour qu'il arrive à s'en sortir seul, mais elles sont généralement suivies par des crises de colère. Il n'est presque jamais dans la chambre quand cela se produit, tu n'as pas à t'inquiéter. Il lui arrive aussi d'avoir des terreurs nocturnes parfois," me répond-elle. Super, quelle joie.

Ten | Newtmas FRWhere stories live. Discover now