onze

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Après une heure ou deux, Thomas finit par s'en aller, me laissant seul à réfléchir sur la tournure que va prendre ma vie à présent. Mes séances de thérapie commencent demain avec le psychologue d'ici, ce qui me rend anxieux malgré mes médicaments. Je ne sais même pas quoi dire.

Pendant qu'il était avec moi, Thomas m'a parlé du psychologue, le docteur Janson. Il n'a pas l'air méchant, mais n'importe quelle interaction sociale est une épreuve pour moi à présent. Que va-t-il me demander ? Il va probablement penser qu'il y a une profonde blessure émotionnelle qui se cache derrière tout ça, mais il ne creusera pas longtemps parce qu'il ne trouvera pas ce qu'il cherche. Je ne crois pas que le problème vienne d'aussi loin, en fait je suis juste fou. Il n'y avait rien de problématique dans ma vie avant que mes TOC apparaissent. La thérapie va sûrement être une perte de temps, mais j'essaie de guérir alors je suppose que je n'ai rien à perdre.

L'horloge indique dix-huit heures, ce qui signifie que le dîner est pour bientôt. Je prends une longue inspiration en me levant du lit et je commence à marcher, le compte de mes pas s'activant dans un coin de ma tête. Un fois à l'extérieur de la chambre, je fais mon dixième pas et je commence à claquer mes doigts. L'espace d'un instant, je me sens bien. Je n'ai jamais été entouré d'autant de personnes qui avaient les mêmes difficultés que moi. Enfin pas exactement les mêmes, mais dans le même genre. C'est réconfortant de savoir que je ne suis pas tout seul. L'anxiété et la dépression pèsent encore sur ma poitrine et oppressent toujours mon cœur et mon esprit, mais peut-être que je peux surpasser cela.

"Hé Newt, où est-ce que t'étais passé ?" me demande Chuck. Son arrivée me fait sursauter et interrompt ma marche, mais je m'assure de retenir le deux qui flotte dans ma tête.

"Dans ma chambre, tu étais en train de discuter avec des gens alors je suis parti," je lui dis en ajoutant un petit sourire à la fin.

"Oh. Enfin bref, le dîner est en train d'être servi maintenant, alors on devrait y aller." Je me remet à marcher jusqu'à atteindre dix. Au moment où je m'arrête pour claquer mes doigts, Chuck s'arrête aussi.

"Tu peux y aller si tu veux, tu sais," lui dis-je. Chuck secoue la tête.

"Hors de question. Je compte en même que toi en fait, c'est plutôt marrant," me répond-il. Je suis stupéfait de savoir qu'il trouve ça "marrant". S'il devait supporter ce que je supporte tous les jours, je serais content pour lui que ça l'amuse.

"Ouais, c'est l'éclate totale, vraiment," dis-je. L'expression de Chuck se fige, stupéfaite.

"Oh, euh, je suis désolé je ne voulais pas dire ça, bien sûr que ce n'est pas marrant, pas du tout même, je veux dire–"

"Ne t'inquiètes pas, je sais ce que tu veux dire," je le coupe. Je suppose que quand tu n'es pas obligé de le faire en permanence, ça doit avoir l'air d'un jeu. Nous atteignons enfin la cafétéria et allons nous asseoir à notre table.

"Salut vous deux, on vous attendait justement" j'entends Minho nous dire pendant que nous nous installons. Avec un faible sourire, je m'assois à côté de Chuck et en face de Thomas qui est pleinement engagé dans une conversation avec Winston. Je ne sais plus trop quoi penser de Winston maintenant, c'est à lui que Thomas a donné ses médicaments. En toute sincérité, c'est vraiment inquiétant.

"Salut les gars," lance Frypan en sortant de la cuisine avec des plateaux dans les bras. Il vérifie les étiquettes sur chacun d'entre eux avant de les placer devant la personne à qui ils sont destinés. Chacun a un plateau personnalisé, probablement basé sur la raison de sa présence ici. Sur le mien, il y a du blanc de poulet grillé et des brocolis. Je ne vais pas me plaindre, ça a l'air plutôt bon.

Ten | Newtmas FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant