Ten | Newtmas FR

cinquante-huit

Aujourd'hui est un grand jour. J'envoie des messages à Alby et Teresa depuis ce matin même s'ils ne sont pas encore réveillés, et j'ai à peine pu dormir, alors seule l'adrénaline me tient éveillé.

"Calme-toi, chéri. Ce n'est plus entre tes mains maintenant," me dit ma mère, avec un sourire fatigué. Techniquement elle n'était pas obligée de se lever si tôt, mais je penses qu'elle l'a fait pour moi. J'apprécie son geste.

Ses mots m'auraient probablement beaucoup plus dérangé un an plus tôt. Ce n'est plus entre tes mains. Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas entre mes mains, et je le sais maintenant. Mais ça, c'est différent. "Tu penses que ça a déjà commencé ?"

"Probablement pas, non," répond ma mère après avoir avalé une gorgée de son café. Elle m'a proposé de m'en faire un, mais je crois que j'exploserais à force de trembler. Je m'apprête à lui poser une autre question, mais elle y répond avant même que je n'ai ouvert la bouche. "Je lui ai parlé hier soir, et elle avait l'air aussi prête que possible."

Cette pensée me fait presque sourire. C'est l'une de ces choses de la vie qui semblent normales, mais qui ne le sont pas tant que ça quand on y regarde bien. Je souhaite encore que ce soit le cas parfois, mais la vie ne suit pas toujours le chemin qu'on pensait lui avoir tracé. Et c'est le cas de la mienne.

Le plan était de rester en Angleterre ; d'avoir des parents qui restent ensemble ; d'épouser une femme et d'être heureux tout le temps. Je déteste peut-être le chemin que j'ai dû parcourir pour en arriver là, mais je sais maintenant que ces choses ne peuvent pas être contrôlées. Et si je peux atteindre un endroit où je suis heureux, alors la normalité n'a aucune valeur.

"Ça doit fonctionner," dis-je. "N'est-ce pas ?"

Ma mère n'a pas l'air aussi optimiste que j'aimerais la voir être, mais je comprends pourquoi. Nous avons beaucoup plus de choses contre nous que nous en avons en notre faveur. Mais est-ce que ce n'est pas toujours le cas ? "Ça fonctionnera," répond-elle quand même.

Je me demande comment se sent Thomas, et comment il a appris la nouvelle de ce qui était en train de se passer. Est-ce qu'il est aussi nerveux que moi je l'étais ? Dans un sens, je crois que je suis plus anxieux maintenant que je ne l'étais quand j'étais à sa place. J'aurais aimé pouvoir y aller, mais tout le monde m'a dit que ce n'était pas une bonne idée.

Mon téléphone sonne et je l'attrape, l'allumant pour me rendre compte qu'Alby a enfin décidé de rejoindre le monde des vivants. Il me demande si ça a déjà commencé, et je lui réponds que non, même si je n'en suis pas sûr. Est-ce que je l'ai réveillé avec tous mes messages ? Je devrais me sentir mal, mais maintenant j'ai besoin de toute l'aide que je pourrais avoir. Et puis, Alby était aussi assez excité pour aujourd'hui.

C'était son anniversaire l'autre jour, alors je l'ai passé avec lui et quelques autres de ses amis, en essayant seulement de me distraire. Ça a marché dans une certaine mesure. J'ai pu revoir tout notre ancien groupe d'amis ensemble, et c'était quelque chose que je ne pensais pas retrouver un jour. Alby n'a parlé à personne de Thomas ou de TIMI, et je lui en suis reconnaissant, mais à chaque fois qu'il venait s'asseoir près de moi, il se vantait que ce qu'il va se passer aujourd'hui est possible grâce à lui. Je ne peux pas le contredire.

S'il ne m'avait jamais dit d'aller voir la mère de Thomas une semaine plus tôt, elle n'aurait jamais su ce qui était en train de se passer avec Thomas. Et s'il elle n'avait jamais su, elle n'aurait jamais appelé TIMI. Et je suis vraiment content qu'elle l'ait fait, parce qu'aujourd'hui, en ce deux janvier, a lieu l'audience de Thomas Green qui décidera de son destin à TIMI.

Ç'a été une semaine folle, en commençant mon retour à la maison en annonçant à ma mère que celle de Thomas l'appellerait. Depuis, sa mère a engagé un avocat, a appelé TIMI, et a monté son dossier pour Thomas avec notre aide. Il se trouve que nos mères s'entendent bien. Qui l'aurait crû ?