dix-huit

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Me lever est la dernière chose que j'ai envie de faire aujourd'hui.

Aussitôt que la conscience me revient, les nouvelles angoissantes de la veille me reviennent en mémoire. Accompagnées de ce qui semble être l'alarme la plus bruyante au monde. La magnifique fantaisie de m'imaginer en train de frapper dix fois ce réveil avec un marteau me fait à nouveau dériver vers le sommeil.

Jusqu'à ce que quelqu'un éteigne le réveil. Aussi surprenant que ce soit, le silence est encore plus insupportable que l'alarme.

"Bonjour, Newt," me dit Chuck, mes yeux refusant de s'ouvrir. Je suis sûr de lui avoir répondu, mais apparemment c'est le fruit de mon état de somnolence parce qu'il se met à parler à nouveau, me faisant sursauter. "Newt."

J'ouvre les yeux difficilement, clignant mes paupières avant de frotter mon visage fatigué, essayant de remettre un peu de vie dessus. Chuck se met à rire et je grogne en retour, m'asseyant sur le lit.

Il attrape ses vêtements, et je ne peux pas m'empêcher de me demander comment il peut avoir l'air si réveillé. Je dirais que c'est parce qu'il a quatorze ans, mais n'avoir que trois ans d'avance par rapport à lui ne fait pas une grande différence. En fait, je pense qu'il est simplement habitué au rythme du lieu à présent.

Je me rends compte qu'être aussi gentil que possible avec lui aujourd'hui est important. Il est sur le point d'apprendre une très mauvaise nouvelle.

"Bonjour, Chuck," je réponds, ma voix enrouée par le sommeil.

Chuck me souris et je sens quelque chose se briser dans mon cœur.



Je dois taper mon pied quatre fois sur le sol en m'asseyant à la table. Me perdre dans le flot de mes pensées à propos de mes routines est le seul moyen que j'ai de survivre à cette journée.

Janson m'a placé dans le groupe A pour la thérapie de groupe, et en suivant ce qui est marqué sur le panneau, c'est à onze heures aujourd'hui. Dans quatre heures et demie.

Chuck est à côté de moi, parlant de je ne sais quoi sans que j'écoute puisque la conversation a lieu avec le reste de la table. Je ne fais pas attention à cette conversation. Je ne fais même pas attention à la nourriture que m'apporte Frypan.

Tout ce que je fais, c'est regarder à demi discrètement Thomas. Il fixe la table sans dire un mot et personne ne semble le remarquer, trop occupés à faire ce qu'ils sont en train de faire. Mais moi je le remarque, et cela fait monter l'anxiété en moi.

Comment va-t-il leur dire ? Ici ? Dans la salle de récréation ? Durant la thérapie de groupe ? Est-ce qu'il va le leur dire, en fait ?

Le besoin de l'éloigner de la table pour lui parler me submerge, mais je ne peux pas me résoudre à faire ça. Il est pile en face de moi, et je suis un peu déçu qu'il ne m'ait pas remarqué moi –la seule personne qui sait également ce qui est arrivé– jusque là. Je pourrais l'aider à informer tout le monde.

Mais au lieu de ça, il fixe simplement la table.



"C'est stupide," je marmonne pour moi-même, dévisageant le journal en-dessous de moi.

Je suis allongé sur le ventre sur mon lit, appuyé sur mes coudes, mon crayon au-dessus de la page blanche. J'ai l'impression d'être complètement idiot, honnêtement.

Alors c'est ce que j'écris. J'écris sur le fait de me sentir idiot d'écrire. Ensuite, je disserte sur mon crayon feutre.

Et après ça, je ne m'arrête plus d'écrire.

Ten | Newtmas FRWhere stories live. Discover now