treize

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Le souvenir de l'état de Winston s'impose dans mon esprit et crève le flot de mes pensées comme une brique lancée sur un carreau dès l'instant où j'émerge du sommeil, les yeux encore clos.

Il n'y aucun son de sirènes ou de policiers ou de quoi que ce soit d'autre comme la nuit dernière. Je n'entends ni mon réveil sonner, ni un Chuck enjoué et excité me crier de venir déjeuner. Est-ce qu'il est dans la chambre d'ailleurs ?

Peut-être que ce n'est pas encore l'heure de se réveiller, peut-être qu'il dort toujours. J'ouvre finalement les yeux, regardant immédiatement par la fenêtre pour m'accoutumer à la lumière aveuglante du soleil dont les rayons traversant le carreau sont entrecoupés par les barreaux.

"Il est sept heures," j'entends, me faisant sursauter. Je tourne ma tête en direction de la voix.

Thomas est assis contre la porte, ses genoux remontés contre son torse. Il me fixe, et cette situation me fait me sentir... vulnérable, en quelque sorte.

"Tommy ?" je demande en me levant et me frottant les yeux. Il devrait arrêter de faire ça.

Thomas sourit doucement, et ce simple geste me fait me sentir mieux. Par rapport au fait qu'il rentre sans prévenir dans ma chambre, par rapport à Winston, par rapport à tout.

"J'ai, euh... J'ai éteint vos réveils. Pas d'inquiétude, Frypan a mis de la nourriture de côté pour vous. Je lui ai dit que vous aviez tous les deux eu une journée difficile hier, et que vous méritiez de dormir un peu plus longtemps," me dit Thomas. Ses yeux rencontrent les miens, mais il détourne le regard régulièrement en parlant.

Je suis à court de mots sur le moment, en partie à cause de mon état de somnolence. C'était vraiment gentil de la part de Thomas, Dieu sait que j'avais besoin de sommeil en plus. Mais à présent, un flot de question m'envahit. Y a-t-il des nouvelles de Winston ? Est-ce que Chuck a eu une terreur nocturne ? Quand est-il supposé avoir sa crise de panique ? Comment Thomas est-il arrivé ici ? Depuis combien de temps est-il là ? A-t-il même le droit d'être là en fait ?

"Merci," je lui réponds en me redressant. "Est-ce que–"

"Winston ?" me coupe Thomas.

Il y a un petit silence avant que je réponde. "Ouais."

"Le mieux que j'ai pu entendre, c'est qu'il est potentiellement dans un état stable. C'est tout ce que je sais."

La promesse que j'ai faite à Chuck de le réveiller si j'avais des nouvelles me revient en mémoire, mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée maintenant. Je le laisserai dormir aussi longtemps qu'il en aura besoin, il n'y a aucune raison urgence qui vaudrait le coup qu'il sache tout de suite, surtout si c'est une information aussi vague que celle-ci.

"Stable... c'est bien," je dis lamentablement, sans savoir ce que je pourrais dire d'autre.

"Ouais, en tout cas, j'espère que c'est vrai," souffle Thomas, une expression d'inquiétude et de douleur traversant son visage.

"Chuck m'a dit qu'ils n'avaient pas été très agréables avec vous tous," dis-je la mine sombre, en me rappelant la description du jeune garçon la nuit dernière. Ça avait l'air horrible.

"Ils ont failli me mettre en cellule d'isolement. Ils n'arrêtaient pas de me poser les mêmes questions sur ce ton qui me donnait l'impression de ne même pas être un être humain à leurs yeux. J'assume tout ce que j'ai pu faire ou dire, mais je n'ai blessé personne. Winston y-compris," raconte Thomas, semblant plus essayer de se convaincre lui-même que moi sur la dernière partie.

"Ce n'était pas de ta faute," dis-je en n'y croyant qu'à moitié. C'est vrai que ce n'était pas son intention, mais si Thomas lui a donné ses pilules...

Ten | Newtmas FRWhere stories live. Discover now